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A quoi servent les jumelages ?



Avec un petit budget de 3 millions de francs par un an, les jumelages se résument-ils à une simple vitrine de la ville ou sont-ils un réel moteur d’échanges entre les municipalités ? La réponse semble varier en fonction des communes avec lesquelles Nouméa s’est liée d’amitié.

2010 : année des jumelages ? Cette thématique colle plutôt bien à la ville, tant la question est revenue sur le devant de la scène cette année. Outre l’exposition consacrée à Haguenau - la première ville sœur -, la commune célèbre le 15e anniversaire de son jumelage avec Taupo et se rendra en novembre en Nouvelle-Zélande pour marquer l’événement. « Je n’ai jamais connu un tel essor », observe Katy Ribault, la chef du service du maire et du protocole, qui est aussi la « mémoire » des jumelages.
Cette actualité plus dense que d’ordinaire a poussé la commune à revoir son enveloppe à la hausse. Le budget consacré aux jumelages est passé d’un million à trois millions de francs en 2010. Mais malgré ce petit plus, la dotation reste bien maigre comparée à celles attribuées aux autres domaines de compétences. De quoi assurer tout juste une jolie vitrine à la ville ? Katy Ribault n’est pas de cet avis. « Ça va bien au-delà de l’affichage. Pour moi, c’est synonyme de partage linguistique et culturel. Mais aussi d’amitié. »
Taupo se présente actuellement comme le jumelage le plus dynamique. L’an dernier, la mairie a soutenu financièrement le projet de voyage de Résistance, l’association des femmes de Montravel. « Il y a des mamans parmi nous qui n’avaient jamais bougé. Ce voyage a été un bouleversement. On a passé la soirée dans un village maori. Et on a vu que là-bas, c’étaient les femmes qui portaient le pantalon, s’amuse Louise Guyette, la présidente. Certaines d’entre nous ont été tellement emballées qu’elles sont retournées à Taupo en début d’année. »
A l’image des associations, les écoles, collèges et lycées ont tout intérêt, eux aussi, à se lier avec des établissements scolaires situés dans des villes jumelles. D’une part, parce que cela permet d’obtenir un coup de pouce de la ville pour financer leur voyage (les subventions vont de 30 000 à 200 000 francs). Mais aussi parce que « ces appariements consolident les échanges », estime Marie-Claude Mezouar, la principale du collège Mariotti. « On est sûr que les élèves vont être hébergés dans les familles. Les coûts du voyage pèsent moins. »

 Les jumelages sont très dépendants de la motivation des maires.

Aux échanges humains s’ajoutent les « échanges de savoir-faire », note Jean-Claude Briault. L’adjoint au maire en charge du rayonnement régional de la ville cite en exemple les secondes Rencontres francophones, qui s’étaient déroulées en 2007 à la Gold Coast, et pendant lesquelles « les conseillers municipaux avaient visité les installations de vidéoprotection de la ville ». Un dispositif mis en œuvre trois ans plus tard par la commune.
Autre objectif : les échanges commerciaux, « même si ce n’est pas le but premier des jumelages », nuance Jean-Claude Briault. Cet aspect est davantage pris en compte par les municipalités australiennes, où « les jumelages dépendent de la direction économique », souligne Katy Ribault.
Avec la Gold Coast, les « courants d’affaires » reposent essentiellement « sur le tourisme, la médecine et l’immobilier », précise l’adjoint au maire. Mais ces dernières années, les liens se sont quelque peu distendus avec la cité balnéaire. « Les jumelages sont très dépendants de la motivation des maires », explique Jean-Claude Briault. « Nos relations sont, disons, moins fructueuses », commente avec diplomatie Katy Ribault. Cet essoufflement tranche avec l’époque Lex Bell, le maire à l’origine du jumelage, signé il y a dix-huit ans. « C’est quelqu’un de très populaire à Nouméa. A tel point qu’on a vu des gens sortir de l’eau à la BD pour venir le saluer, alors qu’il venait passer des vacances ici. C’est devenu un ami », relate la chef du service du maire et du protocole.
C’est aussi sur la base d’une « amitié » qu’était né le jumelage entre Nice et Nouméa, en 1985. « Jacques Médecin était venu nous soutenir en pleine période des Evénements », rappelle Jean-Claude Briault. Mais en vingt-cinq ans, les échanges n’ont jamais été très productifs, même depuis l’arrivée à la mairie de Nice de l’ancien secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, Christian Estrosi.
Pour Jean-Claude Briault, ce manque de « dynamisme » s’explique par l’éloignement géographique entre les deux villes françaises. Pour « sceller ce jumelage », l’adjoint au maire a bien une idée en tête. « J’avais proposé que Nice puisse donner le nom de Nouméa à un endroit de la ville et que nous fassions de même avec le nom de Nice. » L’élu attend toujours une réponse.

Coralie Cochin

 

Un pas vers Papeete

Alors qu’un grand Heiva se prépare pour 2012 à Nouméa, la ville fait du pied à sa cousine polynésienne, déjà jumelée à Nice. Toutefois, la multiplication des jumelages n’est pas dans la politique de la ville. « Essayons d’abord d’animer ceux que nous avons », déclare Jean-Claude Briault, en rapportant les propos du maire. Il y a quelques années, Nouméa avait reçu notamment une proposition émanant d’une commune du Burkina Faso. La capitale calédonienne n’avait pas donné suite.

 

 

Haguenau, une histoire de cœur

La commune alsacienne est la première avec laquelle Nouméa s’est jumelée. C’était en 1945. Ravagée par les bombardements, Haguenau avait bénéficié du soutien de Nouméa, où vivaient plusieurs « enfants » originaires de la petite ville du Bas-Rhin. En 1975, suite au passage dévastateur du cyclone Alison, Haguenau avait tendu la main à la Calédonie en aidant notamment la commune de Hienghène. Aujourd’hui, les échanges ont disparu entre les deux municipalités. Mais en théorie, le jumelage reste effectif, « tant qu’il n’a pas été dénoncé », précise-t-on à la mairie.


13/09/2010
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