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Alexandre, apprenti ingénieur télécoms, 1 964 € et deux loyers

Published on Eco89 (http://eco.rue89.com)

 

By Sylvain Malcorps, Created 01/20/2011 - 11:09

 

 

Il a 21 ans, deux logements et un contrat d'apprentissage chez un opérateur de télécommunications national. Ce jeune homme au profil singulier, c'est Alexandre. Son truc à lui, ce sont les réseaux de télécommunications.

 

Du Sud-Ouest à la Bretagne, il partage sa vie entre son école d'ingénieur brestoise et l'entreprise toulousaine dans laquelle il réalise son apprentissage.

A côté de ça, il aime aussi cette rubrique d'Eco89 : c'est pourquoi il a tenu à nous ouvrir son porte-monnaie.

Passionné et pointilleux, voilà comment apparaît Alexandre. Etudes, travail, sorties et voyages : tout semble trouver juste place dans son agenda. Une rigueur certaine, qui n'est peut-être pas étrangère à son esprit scientifique :

« Je suis sorti de terminale avec un bac S. A l'époque, j'aimais déjà l'informatique mais je n'avais aucune envie de faire de l'informatique “pur”.

Par contre, ça m'intéressait vraiment de comprendre comment on parvient aujourd'hui à transmettre autant d'informations, si vite, juste grâce à des “0” et des “1”. Je me suis donc dit qu'étudier les réseaux de télécommunication me permettrait de répondre à ces questions. »

 

La Bretagne et les télécomsA 18 ans, Alexandre débarque à Lannion (Côtes d'Armor), la « ville des télécoms » comme il le dit lui-même : « Lannion est réputée dans ce domaine : c'est là que se trouvait le récepteur lors de la première retransmission télévisée entre les Etats-Unis et la France. C'est aussi là qu'ont été réalisés les premiers tests pour la fibre optique  en France, et que s'installent beaucoup d'entreprises du secteur comme Alcatel, Orange…

 

J'y ai fait deux ans en IUT avant de partir pour Brest et intégrer
l'école Télécom Bretagne . Elle est très renommée dans le milieu. »

 

Une fois dans cette école, Alexandre a eu deux mois pour trouver une entreprise l'acceptant comme apprenti. Il n'a pas eu trop de mal :

« Beaucoup d'entreprises ont fait des propositions. Il y en avait une à Toulouse qui m'intéressait vraiment parce que mon frère habite là-bas. C'est une ville géniale.

Après un entretien téléphonique, ils m'ont rappelé pour me dire que j'étais pris : j'étais super content ! Je partage donc ma vie entre Brest et Toulouse.

Cette année, c'est au rythme de trois mois en entreprise, deux mois à l'école. C'est déjà ma deuxième année, il m'en reste encore une. »

 

Deux villes, deux vies

Deux villes, deux modes de vie différents. Alexandre apprécie passer de l'un à l'autre, chacun ayant ses avantages :

« J'aime bien être à Toulouse et aller au boulot parce que le soir, quand je rentre chez moi, je n'ai rien à faire. Pas de devoirs ou de partiels à préparer.

Mais c'est cool aussi de revenir sur le campus à Brest : je revois mes potes, on fait la fête… C'est un bon équilibre en fait. »

 

Ressources : 1 963,56 euros par mois

Salaire net : 1 114,56 euros

Ce salaire mensuel (auquel a été ajouté sa mutuelle de 16,34 euros), Alexandre le perçoit qu'il soit dans son entreprise ou en cours à Brest :

« Mon boulot est celui d'un architecte technique. Pour vous donner un exemple, sur le site internet de ma firme, il y a un onglet “Suivi des consommateurs”.

Et bien mon travail consiste à juger le matériel et les logiciels nécessaires pour faire tourner cette application. »

 

Primes : 110 euros

Cette année, Alexandre a perçu pour 1 200 euros de primes diverses. Il a également touché l'équivalent de 120 euros en chèques-vacances.

 

Coup de pouce de ses parents : 480 euros

Un peu comme de l'argent de poche, ses parents lui donnent 350 euros par mois depuis qu'il est étudiant. Ils l'aident aussi à hauteur de 90 euros par mois en payant le loyer de son studio de Toulouse et en payant son assurance moto (488 euros par an, soit 40 euros par mois) :

« Ce sont mes parents qui paient l'assurance de ma moto. C'est une assurance tous risques qui comprend une majoration parce que je suis jeune conducteur.

Par contre, j'ai eu un accident. Et si je n'arrive pas à récupérer la franchise, elle sera pour ma pomme. Il y en a pour 350 euros : ça fait mal. »

 

APL : 259 euros

« Je touche les aides de la CAF : je suis considéré comme salarié, mais je ne suis pas imposable parce que je ne dépasse pas le seuil de 15 000 euros de revenu net annuel.

Cela me permet donc de toucher le maximum d'APL possible : 259 euros. Je touche plus que quand j'étais étudiant ! Mais à mon avis, vu le nombre de formations en apprentissage qui explose, ils vont finir par faire quelque chose, ça ne va pas durer. »

Cette aide, Alexandre la reverse intégralement à ses parents qui lui paient le loyer de son studio à Toulouse.

 

Dépenses fixes : 573,60 euros par mois

Les dépenses d'Alexandre varient selon qu'il est à Toulouse ou à Brest. Estimant passer sept mois dans le Sud-Ouest et cinq mois en Bretagne cette année, certains postes détaillés ci-dessous ont été réévalués en fonction de ces données.

 

Loyer : 95 euros

Comme mentionné précédemment, le loyer toulousain d'Alexandre (350 euros) est payé par ses parents. Grâce à l'APL, ils ne paient que 90 euros par mois pour un studio de 27 m2 dans la ville rose. A Brest par contre, c'est lui qui délie les cordons de la bourse pour se loger :

« Sur le campus, les loyers sont très chers. Je me suis donc mis en colocation avec un ami, dans un studio qui nous revient à 190 euros tous les mois. Je paie donc 95 euros toutes charges comprises.

L'avantage, c'est qu'on a la cuisine et la douche dans notre chambre : ce n'est pas collectif et c'est donc plus propre. En revanche, il faut bien choisir son colocataire parce qu'il n'y a qu'une seule pièce. »

 

APL : 259 euros (qu'il reverse à ses parents)

 

EDF : 38 euros

Alexandre paie son électricité à Toulouse.

 

Taxe d'habitation : 38 euros (451 euros par an)

 

Impôt sur le revenu : 0 euro

« Je ne suis pas imposable parce que je suis sous le seuil des 15 000 euros annuels. »

 

Essence : 35 euros

Alexandre a une moto qu'il n'utilise que sur Toulouse. Il dépense alors environ 60 euros en carburant par mois. Proportionnellement au nombre de mois qu'il passe là-bas en une année, cela lui revient à une dépense de 35 euros mensuels.

 

Mutuelle : 16,34 euros

La cotisation est prélevée sur son salaire :

« Ça représente 1,5% de charges. J'ai préféré la prendre, même si je bénéficie encore de celle de mon père. Comme ça, en cas de frais maladie, je peux choisir la mutuelle qui me remboursera la mieux. »

 

Voyages Brest-Toulouse : 23 euros par mois (280 euros par an)

 

Abonnement mobile : 42 euros

 

Abonnements internet et télévision : 20 euros par mois à Toulouse et 1,25 euro (15 euros par an) à Brest

 

Don à la Croix Rouge : 6 euros

« Un jour, je me suis fait aborder par une jolie fille de la Croix Rouge. J'ai pas su résister et je me suis retrouvé à signer pour donner 6 euros par mois.

Mais maintenant que je gagne ma vie, je pense que je vais donner plus. »

 

Dépenses aléatoires : environ 620 euros par mois

Courses et déjeuners : 273 euros

Les dépenses d'Alexandre pour ce poste varient selon qu'il vit à Brest ou Toulouse. Le choix a donc été fait de réaliser une moyenne de celles-ci afin de nous donner une idée plus juste de ce qu'elles représentent dans son budget global. Toutefois, pour plus de clarté, voici le détail de ses dépenses ville par ville.

 

Toulouse : 210 euros

« Quand je suis à Toulouse, je dois faire dans les 150 euros de courses par mois. Le repas du midi dans mon entreprise me coûte en moyenne 3 euros, ça fait donc un total de 210 euros par mois. »

 

Brest : 360 euros

De retour à Brest, Alexandre fréquente essentiellement la cantine du campus, ouverte sept jours sur sept, où il y prend ses petits déjeuners, des cafés, des repas à 3 euros. Si on ajoute à cela les petites provisions qu'il fait en magasin, son budget mensuel pour la nourriture atteint 250 euros.

Il dépense en outre 30 euros en alcool et 80 euros dans des sorties au restaurant :

« A l'école, on a l'habitude de tester différents restaurants à Brest tous les week-ends. On prend en général entrée, plat et dessert. Avec les bouteilles, ça monte facilement à 20-25 euros par personne. »

 

Vêtements : 50 euros

« J'achète assez peu de vêtements mais quand j'en achète, je prends souvent de la marque. »

 

Baguettes de batterie : 3,25 euros (39 euros par an pour trois paires)

« Je joue de la batterie dans deux groupes : un à l'école et un autre avec mes collègues du travail. On s'est déjà produit deux fois à l'école avec mes copains et bientôt peut-être au boulot, pour inaugurer la nouvelle cantine.

D'ailleurs, je casse des baguettes de temps en temps : environ trois paires chaque année. »

 

Cours de batterie : 28 euros (339,5 euros par an)

 

Vacances : 267 euros (3 200 euros par an)

« Depuis que je suis payé, je m'offre des voyages à l'étranger. Je pense que c'est une des meilleures façons de dépenser son argent. Cette année, je suis parti aux Pays-Bas, à Hong-Kong, en Thaïlande et en Russie pour le nouvel an.

Si je n'avais pas ce travail, je n'aurais jamais pu me payer de telles vacances. L'année prochaine, je vais partir aux Etats-Unis et j'espère pouvoir aller voir un ami à Shanghai pendant l'été. »

 

Epargne : ce qu'il reste

A côté de ses primes placées (110 euros par mois), Alexandre a aussi un plan épargne-logement que ses parents lui ont ouvert il y a quelques années. Mais pour ce qui est de son épargne mensuelle, il a un peu de mal à comptabiliser précisément les choses :

« Quand je suis à Toulouse et que je n'achète rien de spécial, il doit me rester au minimum 600 euros à la fin du mois. Mais c'est de l'argent que je vais dépenser plus tard en loyer, voyages, high-tech… Donc ce n'est pas facile à dire.

Allez, sur l'année, ça doit faire quelque chose comme 100 euros minimum chaque mois. Mais bon, c'est un chiffre à prendre avec des pincettes. »



20/01/2011
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