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Combien gagnent nos élus

Lun 30 Aou 2010 |20:00

La rémunération des élus est un sujet tabou partout, ici aussi. Qui gagne combien ? La question revient souvent et, finalement, les réponses sont rares. En matière de politique, la loi étant passée par là, la transparence doit être la règle. Malgré quelques réticences au départ, les élus de Nouméa ont joué le jeu et débloqué les portes des autres institutions, à quelques exceptions près.

Au début frileuse, la ville de Nouméa a fini par communiquer les indemnités de ses élus. Il faut dire que ces chiffres sont publics, fixés et plafonnés par un arrêté du haussaire de septembre 2008, mais tout de même difficiles à déchiffrer car peu clairs et surtout basés sur des indices difficiles à calculer. Les indemnités maximales des maires et de leurs adjoints sont fixées en appliquant à l’indice brut 1015 de la fonction publique un barème qui dépend du nombre d’habitants de leur ville.
La ville de Nouméa aurait donc pu fixer l’indemnité du maire à 813 083 francs net par mois, correspondant à l’indice 110 prévu pour les villes entre 50 000 et 99 999 habitants. Mais elle a préféré, « dans un souci de rigueur budgétaire », s’arrêter à 90 %, soit 710 000 francs. Cela correspond à l’indemnité maximale d’un maire d’une ville de 20 000 à 49 999 habitants, à laquelle il faut ajouter une voiture de fonction avec chauffeur. Les adjoints, eux, perçoivent 40 % de l’indemnité du maire, soit 289 000 francs pour ceux de Nouméa, et les conseillers municipaux, en général, rien. Nouméa est la seule commune à indemniser tous ses conseillers municipaux pour un montant de 43 000 francs et ce depuis l’an dernier, à la demande de Jean Lèques.
Certains trouveront que c’est trop. Attention, toutefois, aux jugements hâtifs. « Un adjoint touche moins qu’un pompier débutant ou qu’un cadre municipal à son embauche, précise Gaël Yanno, le premier adjoint, qui perçoit également une indemnité de 622 000 francs, non indexée, pour son mandat de député. Adjoint à la ville de Nouméa est un poste à plein-temps. Sur les quinze, un seul est dans le privé (Gérard Vignes) et les autres sont soit des retraités, soit des agents publics qui ont des possibilités d’absences autorisées. » Jean-Claude Briault, lui, est également membre du gouvernement.

Un adjoint touche moins qu’un pompier débutant ou qu’un cadre municipal à son embauche.

Les élus représentent la ville, à titre gratuit, lors de nombreuses manifestations extérieures ainsi que dans les commissions ou conseils d’administration de 72 organismes. « Il y a également les commissions internes qui se sont réunies 118 fois en 2009, ajoute Gaël Yanno. Un adjoint a de lourdes responsabilités politiques sur des secteurs qui représentent une masse budgétaire de 700 millions à 2,5 milliards et des effectifs allant de 70 à 600 agents municipaux »
Pour ceux qui auront fait de la politique une bonne partie de leur vie, la retraite s’annonce maigre car les cotisations sont très faibles et accordent des droits réduits. Par exemple, une adjointe aujourd’hui à la retraite, après dix-neuf ans de mandat, confiait toucher 27 000 francs de pension de retraite.
« L’idéal, c’est quand on peut mourir pour ses idées. La politique, c’est quand on peut en vivre ! » La plupart des élus s’élèveraient contre cette phrase signée Charles Péguy, car la grande majorité gagnent peu au regard de leur investissement personnel, des contraintes et responsabilités que la fonction implique. L’élu est en fonction 365 jours par an. Peu connaissent les week-ends ou les jours fériés, propices aux commémorations, inaugurations, foires et autres manifestations.

Ludovic Lafon

 

Les « cumulards »

Ce qui nous a semblé intéressant dans cette enquête était de nous intéresser aux « cumulards », car il s’avère que ce ne sont pas ceux qui occupent les plus hautes fonctions politiques du Caillou qui sont les mieux indemnisés. Ainsi, la palme revient aux trois maires du Grand Nouméa qui, avec deux mandats, émargent à plus d’un million, loin devant les présidents de province et du gouvernement. Ainsi, Éric Gay, maire du Mont-Dore, et Georges Naturel, maire de Dumbéa, perçoivent tous deux 480 000 francs pour cette fonction à laquelle s’ajoutent 653 000 francs en tant qu’élus provinciaux, soit au total 1 133 000 francs. Ils pourraient percevoir plus car leur indemnité de maire pourrait s’élever, pour une commune entre 20 000 et 49 999 habitants, à 667 000 francs, mais ils en ont décidé autrement pour « restrictions budgétaires ».
Harold Martin perçoit le maximum pour une ville entre 10 000 et 19 999 habitants, soit 480 000 francs net. À cette indemnité s’ajoute celle d’élu provincial, comme les autres maires du Grand Nouméa, soit 1 133 000 francs, mais il a également droit à 300 000 francs en tant que président du Congrès. Total, 1 433 000 francs.

 

 

Dans les provinces


Tous les membres des assemblées de province perçoivent mensuellement une indemnité brute de 653 000 francs. Cette indemnité ne peut se cumuler avec celle allouée aux membres du Parlement, du Conseil économique, social et environnemental de la République, et du Parlement européen. Ainsi, le président de la province Sud, Pierre Frogier, également député, ne peut percevoir l’indemnité de membre de l’assemblée de province mais a droit à une indemnité de représentation de 250 000 francs. Il perçoit donc un total de 903 000 francs, et dispose d’une voiture de fonction avec chauffeur. Les vice-présidents de province, eux, n’ont plus droit à cette indemnité de représentation de 250 000 francs depuis peu et sont donc indemnisés comme les membres de l’assemblée. Mais ils bénéficient d’un véhicule de fonction.

 

 

Au gouvernement
NEA-Gouv

Les membres du gouvernement perçoivent mensuellement une indemnité dont le montant est fixé par le Congrès dans la limite maximale de 130 % du traitement de chef d’administration principal de première classe de Nouvelle-Calédonie en poste à Nouméa. Cette indemnité s’élève à 688 000 francs net. Ils continuent de la percevoir pendant trois mois après la cessation de leurs fonctions, à moins qu’ils n’aient repris auparavant une activité rémunérée. Cette indemnité ne peut être cumulée avec l’indemnité allouée aux membres du Parlement, du Parlement européen et du Conseil économique, social et environnemental de la République. « Le président a droit à une indemnité forfaitaire de représentation de 150 000 francs », selon le gouvernement. Philippe Gomès a donc droit à 838 000 francs plus une voiture de fonction avec chauffeur.

 

 

Au Congrès

Les élus du Congrès ne perçoivent aucune indemnité pour cette fonction car c’est une assemblée dont les 54 membres sont issus des trois provinces. Les conseillers de la Nouvelle-Calédonie, comme on les appelle, sont tous déjà indemnisés par leur province respective. Le président du Congrès, Harold Martin, aurait droit, selon nos sources, à une indemnité forfaitaire dite de représentation de 300 000 francs, plus un véhicule de fonction avec chauffeur. Le Congrès dispose également d’une maison de fonction pour son président qui peut, ou pas, l’occuper. Harold Martin a décidé d’y installer les bureaux de ses collaborateurs. Nous avons tenté de joindre Harold Martin, en vain.


31/08/2010
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