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Et ailleurs, comment sont accueillis les étudiants étrangers ?

Libération, le 05/01/2012 à 14h13. Par CORDÉLIA BONAL, MARIE PIQUEMAL

Alors que la France met à la porte les diplômés étrangers, d'autres pays cherchent à les attirer et les garder. Etat des lieux à travers cinq exemples.

En 2009, 3,7 millions de jeunes ont fait leurs études dans un pays qui n'était pas le leur. Ils étaient 800 000 en 1975, rappelle l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans une note publiée récemment (pdf ici) Où partent-ils étudier ? Pour la moitié d'entre eux, dans cinq pays: les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, l’Allemagne et la France. Suivent le Canada, le Japon, la Russie et l’Espagne.

Au moment où la France ferme ses portes aux étudiants et diplômés étrangers – avec la circulaire du 31 mai et le relèvement des ressources demandées – d'autres pays, comme l'Allemagne, font le chemin inverse. «Dans de nombreux pays, les procédures d'octroi d'un permis de travail ou de séjour sont simplifiées pour les étudiants en mobilité internationale», relève l'OCDE. En moyenne, un quart des étudiants restent dans le pays où ils ont étudié après l'obtention de leur diplôme. Mais certains Etats, tels l'Australie ou le Royaume-Uni, ont récemment modifié leur système de manière à ne garder que les plus qualifiés. Comparatif à travers cinq exemples.

La France, peu accueillante

Avant même la fameuse circulaire Guéant du 31 mai, le passage du statut d'étudiant à celui de salarié n'a jamais été simple. Les étrangers fraîchement diplômés doivent remplir plusieurs conditions. D'abord, avoir une promesse d'embauche pour un emploi payé au moins 1,5 fois le Smic (2097 euros brut). L'employeur doit écrire une lettre de motivation expliquant pourquoi il souhaite embaucher cette personne plutôt qu'une autre et fournir des CV reçus de candidats français ou européens. Une offre d'emploi doit obligatoirement avoir été publiée pendant deux mois (au Pôle emploi ou sur internet). Si la demande est jugée recevable par la préfecture, l'employeur est tenu de payer une taxe de l'ordre de 50% du salaire mensuel brut.

La procédure a donc toujours été contraignante. Mais une fois toutes les pièces réunies, le changement de statut était accordé assez rapidement. Depuis la circulaire du 31 mai, les délais d'attente s'allongent et les refus n'ont jamais été aussi nombreux.

L'Allemagne, les bras ouverts

Les diplômés étrangers refoulés en France iront-ils trouver refuge outre-Rhin ? Confronté au vieillissement de la population et donc à l'amenuisement de la main d'œuvre qualifiée, le gouvernement allemand a présenté le 7 décembre un projet de loi pour simplifier très largement l'accès à l'emploi pour les étrangers qualifiés. «En période de compétition mondiale pour les talents, nous voulons garder toujours plus les diplômés qui ont suivi leur formation en Allemagne», avait alors défendu la ministre de l'Enseignement et de la Recherche, Annette Schavan.

Le texte prévoit que les diplômés étrangers aient accès au marché du travail durant un an après leur diplôme (alors que leur séjour était limité à 90 jours jusqu'à présent). En outre, ils n'auront plus à demander l'accord de l'Agence fédérale pour l'emploi pour une autorisation de séjour après avoir trouvé un travail.

Le projet abaisse aussi l'exigence de revenus pour la délivrance d'une autorisation d'installation illimitée : 48 000 euros brut annuels au lieu des 66 000 actuels. Enfin, le texte prévoit de simplifier la procédure de délivrance d'un titre de séjour pour les chercheurs.

Au Royaume-Uni, le tour de vis

Comme la France, le Royaume-Uni, resserre plutôt drastiquement les boulons. Sur fond de vaste plan de réduction de l'immigration décidé par le gouvernement Cameron, le ministère de l'Intérieur a annoncé en mars 2011, une série de mesures pour réduire d'environ 70 000 le nombre de visas accordés aux étudiants étrangers chaque année, soit environ 25% de moins.

D'abord, l'entrée au Royaume-Uni des étudiants étrangers non européens sera désormais conditionnée à un bon niveau d'anglais. Surtout, à l'issue de leurs études, les étudiants devront rentrer chez eux, à moins de faire la preuve qu'ils disposent d'un travail correspondant à leurs aptitudes, payé plus de 20 000 livres (environ 24 000 euros) par an.

Problème, certaines universités, comme la prestigieuse London School of Economics, dépendent largement des frais de scolarité réglés par ces étudiants. Universities UK, qui représente les universités britanniques, s'est inquiété de la réforme, soulignant que les étudiants étrangers contribuent à hauteur de plus de cinq milliards de livres par an (environ 6 milliards d'euros) à l'économie britannique [pour les anglophones, voir un article du New York Times sur le sujet].

En Australie, prime aux meilleurs

L'Australie reste très demandée par les étudiants étrangers, asiatiques surtout, malgré un coût des études très élevé (jusqu'à 15 000 euros l'année). Tous n'entendent pas s'y installer une fois leur diplôme passé mais le système favorise les étudiants qui le souhaitent : deux ans d'études sur place permettent d'accumuler des points pour obtenir la carte de résident permanent, et ce quel que soit le niveau de qualifications.

Résultat, le gouvernement a fini par engager l'été dernier une réforme pour privilégier les diplômés les plus qualifiés. L'idée est de réduire les bonus de points pour les candidats à faible qualification et de privilégier les candidats avec un très bon niveau d’anglais.

Les Etats-Unis, pas si fermés

Si la politique d'immigration américaine est connue pour être restrictive, les étudiants étrangers sont plutôt bien accueillis – malgré des frais de scolarité parfois faramineux. A la fin de leur cursus, les diplômés peuvent assez facilement décrocher une autorisation de travail temporaire («Optional practical training», OPT). Plusieurs conditions à respecter quand même. L'emploi doit avoir un lien direct avec le domaine d'étude. Le dilpômé doit être titulaire d'un visa étudiant classique (F-1) au moment de la demande, il en garde ensuite le bénéfice pendant la durée de l'OPT.

Cette autorisation de travail, accordée pour un an, peut être prolongée un an et demi de plus pour les étudiants diplômés en sciences, technologie, ingénierie ou maths. A la fin de ce délai, ceux qui souhaitent rester doivent faire une demande pour obtenir un visa de travail classique. Là, les choses se compliquent. Le nombre de visas de travail (H-1B) est limité, les délais à respecter sont particulièrement contraignants de sorte que les jeunes diplômés sont souvent dans l'incapacité d'obtenir leur changement de statut avant la fin de leur OPT. Ils peuvent toutefois bénéficier d'une autorisation de séjour temporaire le temps de l'examen de leur demande.

--> Sur les étudiants français aux Etats-Unis, lire ici

Au Canada, une ouverture mesurée

Il existe un «programme de travail post-diplôme», spécialement conçu pour offrir aux étudiants fraîchement diplômés une expérience de travail dans n'importe quelle province du Canada. Ce dispositif est soumis à tout un tas de conditions et de délais à respecter. Au préalable, il faut avoir validé ses examens, avoir étudié au moins huit mois à temps plein dans une université ou école canadienne. Certains programmes d'études sont exclus du dispositif (programme d'échange Canada-Chine...). Et il faut faire la demande impérativement dans les 90 jours après l'obtention du diplôme. Une fois accordé, le permis de travail ne peut excéder la durée des études et ne dépasse jamais trois ans.



06/01/2012
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