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Faire des études coûte de plus en plus cher

Par M.P, Libération.


Un restaurant universitaire à Paris. (AFP)

Comme chaque année, l'Unef, le premier syndicat étudiant, a épluché les dépenses obligatoires des étudiants inscrits à l'université et dans les établissements publics (IUT/BTS). Bilan: la situation se dégrade, cette année encore. «Le coût de la vie étudiante augmente de 4,1%, soit deux fois plus vite que l'inflation», déplore l'Unef. En cause, la flambée des loyers d'abord. Mais aussi, la hausse annoncée des frais d'inscription, de Sécu et des tickets de resto U. Revue en détail des principaux points de l'étude.


Le logement, premier poste des dépenses

Les étudiants sont touchés de plein fouet par la flambée des loyers, à Paris surtout. «Les loyers à l'emménagement ont augmenté de 8,9% à Paris cette année, et de 1,9% en province», pointe l'Unef qui regrette la trop faible offre de chambres dans les cités-U. Seuls 7% des étudiants y ont accès aujourd'hui.

(Extrait de l'étude de l'Unef)

Quant aux aides au logement, (notamment l'APL, l'aide personnalisée au logement), elles restent insuffisantes, selon l'organisation, qui craint «un coup de rabot sur ces aides au logement dans les prochains jours». Une menace qui avait été écartée in extremis l'année dernière sous la pression des syndicats. En novembre dernier, le gouvernement avait cependant supprimé en catimini les trois mois de rétroactivité des APL qui permettait à un locataire  — étudiant et autres— de faire valoir ses droits après son entrée dans les lieux.

Resto U, inscriptions, sécu... Les frais obligatoires augmentent

En arrivant en juillet au ministère de l'Enseignement supérieur, pour remplacer Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez a d'entrée annoncé la couleur : hausse du prix du ticket de restaurant universitaire, qui passe de 3 euros à 3,05 euros. Pas énorme en apparence mais si on prend en compte l'augmentation du nombre de repas lié à l'allongement du calendrier universitaire en septembre, «la hausse est de 8,40%», selon l'Unef.

Les frais d'inscription vont également augmenter respectivement de 1,7% pour la licence, 3,4% pour le master, et 3,6% pour le doctorat. La Sécurité sociale, en hausse de 3 euros, franchit la barre des 200 euros.

Au ministère, on souligne que ces augmentations sont très limitées — en dessous de l'inflation pour le resto U, mais au-dessus pour les autres — et que ces décisions ont été prises par l'ancienne équipe. Mais en les maintenant malgré les critiques, Laurent Wauquiez a envoyé un signal très négatif, alors même qu'il a promis de faire de la vie étudiante une priorité. [A lire ici] L'Unef réclame un gel exceptionnel de ces dépenses obligatoires.

73% des étudiants sont exclus du système de bourse

Alors que le gouvernement rechigne à payer le dixième mois de bourse, pourtant promis par Nicolas Sarkozy en 2009, l'Unef rappelle qu'une grande majorité d'étudiants n'a pas droit aux bourses, «délaissés par le gouvernement». Seul un étudiant sur cinq touche une bourse chaque mois.

Prenons le cas d'une famille de classe moyenne, gagnant le revenu médian (environ 2560 euros net par mois), avec deux enfants à charge. L'aîné part à la fac, il n'a pas droit à une bourse mensuelle. Au mieux, il bénéficiera de l'échelon 0 qui l'exempte des frais d'inscription. Le coût des études représente alors jusqu'à un tiers du budget mensuel du foyer : 1000 euros à Paris, 760 en province (APL comprises).

--> Pour aller plus loin: sur la question du dixième mois de bourse, lire notre décryptage et l'interview de Laurent Wauquiez, parue dans Libé le 5 août dernier.

Les inégalités progressent

Conséquence directe de la cherté des études, le salariat étudiant progresse: depuis 2006, la part des étudiants qui travaillent toute l'année est passée de 22,4% à... 68% dans l'enseignement supérieur. C'est sans compter ceux qui travaillent l'été. «Pour 84% d'entre eux, ces jobs alimentaires sont subis. Cela pèse dans le choix des études, en fermant par exemple les portes des classes prépa, des IUT ou des études de médecine, particulièrement chronophage», regrette l'Unef.

Autre inquiétude : la part d'enfants d'ouvriers et d'employés dans les facs baisse considérablement, «la panne de l'ascenseur social n'est plus un slogan», déplore l'Unef qui milite pour la mise en place d'une allocation autonomie, universelle, pour garantir une égalité des chances.



22/08/2011
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