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L'entreprise vue par les jeunes diplômés

27/09 | 07:00 | Laurance N'kaoua, Les Echos.

 

Il y a « jeune diplômé » et « jeune diplômé ». Concernant la perception du monde du travail, rien n'est plus différent d'un étudiant en école de commerce qu'un étudiant en école d'ingénieurs. C'est du moins ce qu'assure une étude de TNS Sofres, réalisée avant l'été et dévoilée en exclusivité dans « Les Echos ».

Premier constat : à 80 %, les apprentis ingénieurs estiment qu'il leur sera « facile voire très facile » de décrocher un premier emploi. Ils étaient déjà 66 % en 2009, au coeur de la crise. Les étudiants d'écoles de management, en revanche, sont moins optimistes. Seul un élève sur deux (51 %) juge que trouver un poste lui sera aisé (contre 36 % en 2009). « Il y a une pénurie d'ingénieurs : à leurs yeux, la crise n'existe pas », commente Eric Chauvet, directeur adjoint du département stratégies d'opinion chez TNS Sofres. En outre, « le rapport des ingénieurs à l'entreprise n'est sans doute pas le même. Ils ont le sentiment que leur employabilité vient de leur technicité, indépendamment de telle ou telle société. Les étudiants d'écoles de management, eux, ont l'impression que leurs compétences sont davantage liées à l'entreprise, et donc au contexte économique », analyse Manuelle Malot, directrice carrières et prospective à l'Edhec.

Rémunérations

Les avis divergent aussi quant à leurs attentes de rémunération, supérieures chez les ingénieurs. Comme en 2008, ces scientifiques chiffrent à 36.000 euros bruts annuels le salaire minimum qu'ils jugent décent (contre 33.800 euros dans les écoles de commerce). « Du marketing à la finance, l'hétérogénéité des postes est plus forte chez les élèves d'écoles de commerce. A la sortie de l'Edhec, un salaire peut varier du simple au double, selon l'exposition à l'international, les stages effectués et le secteur choisi », raconte Manuelle Malot. L'étude pointe par ailleurs un écart entre hommes et femmes, prêtes, depuis 2000, à accepter un salaire plus bas. Le biais est d'abord démographique. « Les ingénieurs gagnent mieux leur vie. Or si la parité est au rendez-vous dans les écoles de management, il n'y a que 17 % de femmes ingénieurs », rappelle Eric Chauvet. C'est aussi une affaire d'orientation. « Souvent, les jeunes femmes optent pour des fonctions de communication, de RH ou de marketing, dans des domaines comme les arts, la culture, l'agroalimentaire ou les médias, moins rémunérateurs que la finance ou le conseil », observe Manuelle Malot.

Enfin, les courbes des ingénieurs et managers en herbe s'inversent quant à l'arbitrage entre vies professionnelle et privée. Ainsi, 67 % des « commerciaux » anticipent de « gagner confortablement leur vie mais en travaillant beaucoup ». Un quart d'entre eux seulement souhaitent gagner «  un peu moins mais travailler moins ». Chez les ingénieurs, en revanche, à peine 46 % souhaitent travailler plus pour gagner davantage. « Les écoles de commerce valorisent les carrières ascensionnelles. Les ingénieurs ont moins cette culture. Et leur aspiration à la qualité de vie est d'autant plus vive que, sur fond de pénurie, ils ont les cartes en mains », avance Eric Chauvet.

Les deux populations ont néanmoins un point commun. « Les jeunes diplômés ont la mémoire courte », commente Manuelle Malot. Sondés sur les entreprises les plus attractives à leurs yeux, ingénieurs et commerciaux ont hissé spontanément plusieurs banques, dont BNP Paribas, dans le peloton de tête. « En dépit de tout ce qui s'est passé en 2008, la finance bénéficie d'une belle aura, poursuit-elle. Le palmarès pourrait dater d'il y a cinq ou dix ans ! »

LAURANCE N'KAOUA


29/09/2011
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