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L'hommage à Jean-Marie Tjibaou

Article paru dans Les Nouvelles Calédoniennes du 5 mai 2009. Lucette Poigoune s'est rendue sur place pour participer à l'hommage. Emmanuel, le fils de Jean-Marie souligne l'absence des jeunes. Qu'en pensez-vous ?

L'hommage à Jean-Marie

Comme chaque année, le 4 mai à Tiendanite, c’est jour de deuil. Hier matin, entre cinq cent et sept cent personnes se sont rendues à la tribu de Jean-Marie Tjibaou pour lui rendre un hommage qui marque aussi la fin de quatre jours de commémoration des « vingt ans » à Hienghène.

8 heures du matin. Tiendanite est réveillée depuis longtemps, elle attend ses hôtes. Ils arrivent par centaines, à pied, traversant le radier pour rejoindre la tribu de Jean-Marie Tjibaou dont on célébrait, hier, l’anniversaire de la mort. Depuis vingt ans, hommes politiques, proches et amis viennent se recueillir, tous les 4 mai, sur sa tombe. Mais cette année, la cérémonie a pris une autre ampleur.
Le week-end des festivités au centre culturel du village a sans doute attiré un peu plus de monde, entre cinq cent et sept cents personnes environ. L’autre différence notable, c’est la grande case devant laquelle les invités ont partagé la coutume d’accueil avec Jean-Philippe Tjibaou et les coutumiers. Une case riche de symboles puisqu’elle a été construite, il y a quelques mois seulement, par toutes les tribus de Hienghène. Ensemble, spécialement pour les « vingt ans ».
Dès leur arrivée, les « officiels » y ont échangé le manou, chacun leur tour. Jacques Lafleur d’abord, Harold Martin, président du gouvernement ensuite, puis Jean-Pierre Aïfa, le maire de Bourail, et bien d’autres encore. Les mots « humilité », « respect », « souvenir » résonnent dans la chaîne, en hommage « au vieux », comme on le surnomme ici. Des mots, qui ouvrent le chemin vers l’endroit où il repose, pour un moment de recueillement.

« Humilité », « respect », « souvenir », ces mots résonnent dans la chaîne, en hommage « au vieux ».

Le père Apikaoua a ensuite prononcé la messe œcuménique. Le public, installé sur les nattes, écoute religieusement. Quelques larmes coulent sur les visages. Les paroles de paix émeuvent l’assemblée pendant près d’une heure. Trop long sans doute pour Jacques Lafleur reparti avant la fin.
La matinée s’est terminée par une ultime coutume aux jeunes de Canala qui ont offert à Tiendanite une statue sculptée de plusieurs mètres de haut. Un ouvrage qui pointe désormais vers le ciel, à côté de la tombe de Jean-Marie Tjibaou. Après le repas préparé par les cuisinières de la tribu, les invités se sont éclipsés. En début d’après-midi, Tiendanite a retrouvé son calme et
Hienghène sa tranquillité. Voilà qui clôt quatre jours de commémorations, riches en spectacles, en discussion et en émotions.

  Emmanuel Tjibaou : « Il est important de se retourner pour comprendre » 


Les Nouvelles calédoniennes : Comment avez-vous vécu ces quatre jours de commémorations ?
Emmanuel Tjibaou, fils de Jean-Marie :
Comme prévu. Tout le monde était là. Les animations et forums ont permis de mesurer ce qui a été fait depuis vingt ans, d’un point de vue culturel, économique ou politique.
Aujourd’hui tout le monde prend tout pour acquis, mais c’est faux.
Il est important de se retourner et de comprendre comment tout cela s’est construit. De faire le bilan afin de poursuivre la construction de ce pays dans la perspective de 2014.

Il y avait peu de jeunes aux forums, n’est-ce pas un peu décevant ?
Lorsqu’on a fait les coutumes d’accueil, tout le monde a été informé de ces forums. Y compris les jeunes. Effectivement ils n’étaient pas très présents, mais ce qui est important, c’est qu’ils sachent que ça existe et qu’ils ont la possibilité d’y participer.

Que pensez-vous de tous ces témoignages sur Jean-Marie Tjibaou exprimés pendant ces deux jours ?
C’était quelqu’un de très ouvert et beaucoup de gens ont partagé des projets avec lui. Il n’est donc pas étonnant qu’autant de monde ait des choses à raconter sur lui, que ce soit dans le milieu culturel, politique ou économique. C’était un homme de réseau.

Vous étiez jeune quand votre père est parti, quel est votre regard d’enfant sur lui ?
Il est indissociable de l’homme politique. Quand on faisait des manifs, il nous demandait de tenir le drapeau. Nous avons appris la politique avec lui. Et ça commençait par le champ, la terre. Finalement, quand on le voyait à la télé, il n’y avait aucun décalage avec ce que l’on vivait avec lui à la maison.
Une foule estimée à plus de cinq cents personnes s’est réunie à Tiendanite dans le recueillement pour commémorer les vingt ans de la disparition de Jean-Marie Tjibaou.



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05/05/2009
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