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La Francophonie ne progresse pas qu'en Afrique

Par Ariane Poissonnier / MFI

A l’occasion du sommet de Montreux (Suisse), qui se tient du 22 au 24 octobre, l’Organisation internationale de la Francophonie a présenté à Paris son rapport sur La langue française dans le monde 2010, réalisé par son Observatoire de la langue française.

Outil de compréhension fine du paysage linguistique mondial et de la place que le français y occupe, le dernier rapport de l’Organisation internationale de la Francophonie, La langue française dans le monde 2010, réalisé par son Observatoire de la langue française, a été présenté à Paris à quelques jours du Sommet de Montreux du 22 au 24 octobre. Un rapport de près de 400 pages.

220 millions de francophones en 2010

« Nous sommes toujours engagés dans le combat pour la diversité culturelle et linguistique dans le monde », souligne l’administrateur Clément Duhaime. Cet ouvrage est « la traduction concrète de l’un des objectifs fixés en 2008 par la résolution sur la langue française adoptée au sommet de Québec : poursuivre et perfectionner l’observation du français », précise Abdou Diouf, le secrétaire général de la Francophonie, dans la préface.

Ce rapport marque une certaine rupture avec l’édition précédente (2007) : une vision scientifique a présidé à son élaboration. L’Observatoire a fait valider par des « sources externes - recensements, enquêtes, données sur l’éducation - les estimations des Etats » sur lesquelles étaient basés les chiffres antérieurs, explique Alexandre Wolff, responsable de l’Observatoire. Il peut ainsi affirmer que le chiffre de 220 millions de francophones en 2010, certainement « en-deçà de la réalité », est en tout cas « avéré », incontestable.

Et au moins 116 millions d’apprenants

Une projection tout aussi « prudente et conservatrice », ajoute Clément Duhaime, « donne 700 à 750 millions de francophones dans le monde en 2050, dont 500 millions en Afrique ». Est-ce à dire que la francophonie progresse seulement en Afrique ? Non, car avec un nombre d’apprenants d’au moins 116 millions, le français est une des seules langues à être enseignée dans tous les pays du monde. Ce qui ne retire pas à l’Afrique sa qualité de terre d’enjeu pour la Francophonie, où le devenir du français est lié à celui des systèmes éducatifs.

« Réaliser un tel ouvrage est un défi compliqué, insiste Frédéric Bouilleux, à la tête de la direction de la Langue française et de la diversité culturelle et linguistique, qui supervise l’activité de l’Observatoire. Au-delà de l’interrogation légitime sur le nombre exact de locuteurs, la question est bien plus complexe. » Et de s’interroger sur ce que c’est qu’être francophone : « Etre capable de lire et écrire ou bien uniquement de parler français ? A quelle époque se référer pour dire que le français a progressé ou reculé : en 1914, la plupart des Français parlaient… un patois ! Qu’est-ce qu’une langue internationale ? L’unilinguisme est-il viable ? »… Autant de questions auxquelles le rapport apporte des éléments de réponse, et surtout de réflexion.

Le chapitre consacré au français, langue internationale, présente ainsi le « baromètre Calvet des langues du monde ». A côté du nombre de locuteurs et de pays dans lesquels la langue a statut officiel, il prend en compte des critères aussi variés que le nombre d’articles dans Wikipédia ou le nombre de prix Nobel de littérature, le taux de fécondité… Evidemment, selon le critère privilégié, le classement n’est pas le même !

L’anglais, une langue menacée ?

Un encadré intitulé « L’anglais, une langue menacée ? » fait état d’une étude publiée en avril 2010 par le Bureau américain du recensement sur l’usage des langues aux Etats-Unis. Celle-ci affirme que 55,4 millions d’Américains « parlent à la maison une autre langue que l’anglais » - l’espagnol pour 62 % d’entre eux, puis le mandarin, et le français (pour 1,9 million d’Américains). D’un point de vue qualitatif, le Royaume-Uni a créé, en juin 2010, une Académie de l’anglais dont le but est « à la fois de préserver la langue et d’en contrôler l’évolution ». Une réaction devant la menace que le « globish » et autres « broken english », aidés par Internet, font peser sur la langue de Shakespeare ?
Plus qu’un simple panorama chiffré, ce rapport éclaire les dynamiques à l’œuvre et tord le cou à certaines idées reçues. Notamment, l’idée selon laquelle les jeux linguistiques seraient faits. Il balaie les enjeux politico-économiques et juridiques de cette question d’une brûlante actualité - vu l’arrêt du 1er octobre 2010 par lequel la cour d’appel de Paris, saisie par le syndicat de pilotes Alter, a condamné Air France à traduire en français certains documents techniques qui leurs étaient remis en anglais. Le rapport n’élude pas les responsabilités des gouvernements des pays-membres de l’OIF dans le devenir du français – sujet à l’ordre du jour à Montreux, notamment avec la présentation par Abdou Diouf du Document de suivi du Vade-mecum relatif à l’usage de la langue française dans les organisations internationales.



22/10/2010
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