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Le palmarès des banques


 
L’association de consommateurs, UFC-Que Choisir de Nouvelle-Calédonie, a enquêté sur les tarifs bancaires des opérations les plus courantes, et réalisé un palmarès éloquent. Des écarts sensibles apparaissent.

 

 

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C’est, en pourcentage, le taux de bancarisation, c’est-à-dire le nombre de comptes bancaires par habitant. Soit un compte-courant par Calédonien. En Métropole, le taux est de 130 %, soit 1,3 compte par habitant. Pour résumer, l’évolution des tarifs bancaires, un ingrédient observé dans le combat contre la vie chère, concerne tout le monde.

 


Patrick est un client ordinaire. Le genre de Calédonien qui ne gagne pas des revenus mirobolants, mais s’interdit les gros découverts. Le récapitulatif annuel 2009 en témoigne, son compte bancaire a été débité de plus de 41 000 F en cotisations, commissions, et autres frais.
Lourd, trop lourd ? Dans la foulée des actions du gouvernement et de l’Etat ou encore de sa Fédération en Métropole, l’UFC-Que choisir de Nouvelle-Caldéonie a mené l’enquête auprès de sept agences, en septembre dernier.
Les tarifs bancaires ont été relevés pour huit opérations « les plus communes, sur les comptes courants », précise Michel Davarend, président de l’antenne locale : du retrait au distributeur autre que sa banque aux frais de tenue de compte par trimestre, en passant par la cotisation pour la carte Visa classique.
Le cumul de ces coûts fait apparaître, selon l’UFC, un podium dominé par la BNP avec 15 414 F, suivie de la Société Générale, la BNC, et la BCI. L’OPT, office qui ne délivre pas de crédits mais gère des comptes, se pose sur la plus petite marche avec un total à 7 219 F. Conclusion, « L’écart entre la banque la moins chère et la plus chère est de 113, 52 % », calcule Michel Davarend, qui s’émeut du montant pour la mise en place d’un prélèvement automatique dans certains établissements, alors qu’en France, ces mêmes enseignes proposent le service gratuitement. « Ce n’est pas une attaque, c’est juste un constat. »

L’écart entre la banque la moins chère et la plus chère est de 113, 52 %.

Et à entendre le patron de l’UFC-Que choisir calédonienne, les enquêteurs n’ont pas été aidés dans leurs recherches. « Les banques n’aiment pas la transparence, fustige le chef de l’équipe. Dans 57 % des cas, les brochures tarifaires n’étaient pas à disposition dans les agences, contrairement à l’obligation prévue par l’arrêté du 4 avril 2005. »
 Le titulaire d’un compte bancaire est un consommateur de prestations. Or, la comparaison entre les différentes propositions est extrêmement difficile, rapporte l’enquête. Les libellés, souvent incompréhensibles pour le client non renseigné, changent souvent selon les banques.
Et la légion de frais bancaires et autres commissions imprimées dans des dépliants — « 200 à 300 » selon l’UFC — n’est pas propice à une analyse claire et sereine. Pour que ce paysage change, d’après Michel Davarend, « il faut la pression » des autorités, des lois…
Et ce décor évoluera-t-il ? Suite au débat initié par le président Gomès, et à la demande de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, l’Institut d’émission d’Outre-Mer a présenté en août dernier son premier Observatoire public des tarifs bancaires de la Nouvelle-Calédonie.
Le prochain état des lieux sera publié dans quelques jours, début novembre. Même si l’étude n’a pas encore été finalisée, « de nouvelles baisses tarifaires apparaissent, pointe l’IEOM. Et d’autres suivront. » Fruit de négociations, un engagement sur la gratuité des retraits d’espèces dans son propre établissement, avait été validé. Est-ce aujourd’hui une réalité, partout ? L’UFC-Que choisir en doute, à la lecture de ses données récoltées. Le client doit être, avant tout, le premier enquêteur.

Yann Mainguet

 

 

« Des stratégies tarifaires différentes »

 

  • Pourquoi de tels écarts ?

Un fossé est observé entre les tarifs proposés par l’OPT et ceux émis par la BNP, pour un même service. Première raison évoquée par un banquier de la Société générale, soutenu a priori par ses collègues, « l’OPT aujourd’hui n’est pas considéré comme une banque. C’est un établissement et un service publics, avec des structures de prix complètement différentes. » Second argument, « les établissements ont des stratégies de prix différentes » : en clair, certains privilégient les taux du crédit, d’autres les services. Enfin, le comparatif a-t-il pris en compte les engagements des banques auprès de l’État et l’IEOM ? Des professionnels ne le pensent pas.

  • Payants ici, gratuits en France ?

La mise en place d’un prélèvement automatique entre dans ce cas de figure étrange. « Les coûts de structure d’une banque en Nouvelle-Calédonie ne sont pas du tout les mêmes que ceux en Métropole », indique la Société générale. Et « les coûts des salaires, non plus : un salaire d’un conseiller clientèle sur le territoire est plus élevé qu’en Métropole d’au moins 100 %. »

  • Et le manque de lisibilité ?

Ce reproche est fait aussi bien en Calédonie que dans l’Hexagone. Suite à un vœu formulé par la ministre de l’Economie, le rapport Pauget-Constans, publié en juillet dernier, préconise une harmonisation des familles de produits afin de les rendre plus digestes. Si la démarche semble lancer, « cela ne va pas se faire du jour au lendemain » sur le territoire. Mais des avancées significatives se concrétiseraient « dans un avenir très proche ».
La mission confiée à Georges Pauget et Emmanuel Constans a par ailleurs mis en évidence la nécessité de réduire la liste des commissions et autres frais bancaires. Pour plus de transparence.

  • Et la mobilité bancaire ?

L’UFC-Que Choisir émet un regret au terme de son enquête : « La mobilité bancaire n’existe pas en Nouvelle-Calédonie ». Autrement dit, aucune disposition n’est en place pour transférer avec aisance le changement d’un compte d’une banque à une autre. Le 9 juillet dernier, un accord de médiation a été conclu entre le haut-commissaire et les représentants des établissements de la place. Un comité spécifique, composé de professionnels, a été créé, mais le traitement est long. Le but : faciliter la démarche de changement de banque, à moindre frais. La mesure pourrait voir le jour courant 2011.

 

Repères

Très chère France
À la fin septembre 2009, était publié le rapport de la Commission européenne sur les tarifs bancaires en Europe : la France était le troisième pays le plus cher en termes de services bancaires. Et « la tarification bancaire française est jugée peu claire et peu transparente » rapporte UFC-Que Choisir.

Les raisons de la rupture
Selon une étude réalisée en 2006 sur le territoire, 90 % des Calédoniens disposaient d’un compte bancaire, et surtout 40 % d’entre eux avaient changé de banque à un moment ou à un autre. Dans ce groupe, 43 % en avaient décidé ainsi « pour un problème de relation » avec leurs précédents conseillers de clientèle et 21% « à cause des tarifs » pratiqués.

10,3 milliards de bénéfice moyen
Entre 2005 et 2009, le bénéfice moyen des cinq banques calédoniennes s’élève à 10,3 milliards de francs par an, selon le calcul de Philippe Germain, membre du gouvernement en charge de l’économie. En France, selon l’UFC-Que Choisir, les tarifs bancaires représenteraient 40 % des revenus de la banque de détail, soit 15 milliards d’euros.
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01/11/2010
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