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Le roi Bob

 


Le 11 mai 1981 mourait Bob Marley. Il avait 36 ans. Trente ans après, le roi du reggae continue de marquer les générations. La Nouvelle-Calédonie n’a pas échappé à la ferveur reggae, même si celle-ci a mis quelques années à s’implanter.

 

 

800

C’est en moyenne le nombre de CD de reggae vendus chaque mois chez Compact Megastore, dont une centaine rien que pour Bob Marley.

 


Il faut attendre la fin des années soixante-dix pour entendre quelques tempos de la « reine des musiques », comme aimait à la surnommer Bob Marley, résonner en Nouvelle-Calédonie. A cette époque, Dédé Gaspard et son groupe Spirale commençaient à composer quelques morceaux sur des rythmiques reggae : « On avait découvert ça chez des copains qui avaient rapporté des disques. On commençait à écouter Marley, Third World, Israel Vibration. On essayait de reproduire la rythmique. » Richard, Calédonien parti en Métropole quelques années pour ses études, revient au pays en 1981. « A la mort de Bob, il n’y avait pas grand monde ici qui savait qui il était. C’est venu très lentement. Au départ, on ne l’aimait pas beaucoup, c’était trop nouveau. » Dédé et Richard se souviennent tous les deux que c’était plutôt « la biguine, le picking ou même la musique tahitienne qu’on écoutait. »

Revendication. Alain Lecante, du studio Mangrove, est un tout jeune vendeur de disques dans le magasin Rosko à cette époque : « On a bâti le premier rayon reggae. Ça a bien pris. » Mais si la musique gagne du terrain, la philosophie inhérente au reggae, elle, mettra encore du temps à s’implanter. « Je me souviens de deux Kanak de Maré qui sont revenus de France avec des locks jusqu’aux genoux, raconte Richard. Dès qu’ils sont retournés sur leur île, ils ont tout rasé. Ce n’était pas accepté. » « On ne voyait pas beaucoup d’interviews alors ; la philosophie, on ne la connaissait pas beaucoup », confirme Dédé Gaspard. Mais, petit à petit, les textes du grand Bob commencent à être connus. « Le reggae a été vécu comme une musique rebelle avec un message de revendication, de libération des peuples qui correspondait à l’évolution politique du territoire », avance Alain Lecante.

Le reggae a été vécu comme une musique rebelle.

Les locks font leur apparition sur quelques têtes comme l’affirmation d’une revendication. « Dans les années soixante, on portait les cheveux longs. On revendiquait quelque chose. Les locks, c’était pareil, une façon de s’identifier », explique Dédé. «  Il ne s’agit pas simplement d’un look mais d’un message », affirme un groupe de lycéens dont certains arborent quelques locks soigneusement coiffées. « Un engagement pour la liberté, la paix, l’amour et la justice. Il ne faut pas oublier que le reggae vient de la Jamaïque, des ghettos. Il dénonce des conditions de vie difficiles. Ces paroles ont logiquement trouvé un écho ici... »

Ganja. Les uns évoquent son style de vie, ses idées pacifiques, son désir d’unifier les clans, d’autres louent sa musique. Pêle-mêle on entend les mots paix, lutte, liberté, racines, identité... « Peut-être parce que le message de Bob Marley est universel et que chacun peut s’y retrouver », avance un jeune homme. Pour Richard, « la philosophie rasta n’existe pas en Calédonie. Il faut que les jeunes comprennent que ce n’est pas une rébellion anarchique. Bien au contraire. C’est une purification de soi-même avant tout et chaque élément a un rôle à jouer. Les locks par exemple, c’est une initiation. L’herbe sert à la prière. » L’herbe, la ganja, indissociable du reggae et du mouvement rastafari et à laquelle les jeunes interrogés font des allusions à peine déguisées en lâchant un jeu de mots qui les fait tous rire : «  On cultive la culture de Bob ! »

Patricia Calonne

 

Le produit Marley est-il rentable ?

Tee-shirts, briquets, sacs, bonnets... l’image de Bob Marley est partout. Ou plutôt était partout. Car depuis l’an dernier, les petites boutiques ne vendent plus de marchandises à l’effigie du pape du reggae. Le visage de Bob Marley est une marque déposée à l’OHMI * et ne peut donc être utilisé à toutes les sauces sans passer à la caisse... Exit les contrefaçons. La seule marque reconnue est « Marley et Bob Marley et Fifty-six hope road music ». Ceux qui, il y a encore quelques années, se frottaient les mains à chaque tee-shirt vendu « made in sans marque » en sont bien marris. « On n’a plus le droit de vendre » entend-t-on un peu partout.  En revanche, les disquaires font encore largement leur beurre du rastafari. « Le numéro 1 des ventes reste la musique locale et, juste après, la variété internationale. En troisième place, c’est le reggae. Et la meilleure vente au niveau du reggae, c’est incontestablement Bob Marley, rappelle un vendeur de Compact Megastore. Ça reste le maître depuis des années. »  Avec des clients « de tous âges et de toutes races. C’est un peu culturel en Calédonie. On se sent assez proches de la Jamaïque au niveau des racines. Même le kaneka est plus ou moins dérivé du reggae. »

* L’OHMI est l’agence de l’Union européenne compétente pour l’enregistrement des marques et des dessins ou modèles valables dans les vingt-sept pays de l’Union européenne.

 

 

 

André, fidèle parmi les fidèles

André a vingt ans et il n’a qu’un « dieu » dans la vie : Bob Marley. Il ne sort pas sans son tee-shirt Bob, n’écoute que du Bob et ne joue avec son groupe de musique, I and Iration, que du Bob. « J’ai grandi en écoutant du Marley. Autour de moi, tout le monde en écoutait. » Ce qui n’explique pourtant pas cette ferveur mais André n’en démord pas : « J’aime sa voix, sa musique, les paroles de ses chansons... » Tout, on vous dit. André a même pris la peine de rechercher la traduction des chansons. « Il a un message de paix, d’amour... C’était aussi un révolutionnaire mais pacifique. Sa révolution, il la faisait par la musique. » Ce qu’apprécie particulièrement le jeune homme qui met en opposition à cette démarche celle de Peter Tosh « trop rebelle, trop agressif » à son goût. Et même les autres groupes de reggae ne trouvent pas grâce aux yeux d’André qui dit les écouter « un peu ». Mais rien n’égale le grand Bob.

 


11/05/2011
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