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Les femmes peuvent tout avoir, et elles le prouvent

Le Monde.fr |11.10.2012 à 15h15 • Mis à jour le11.10.2012 à 15h21

Par Audrey Fournier et Annie Kahn (à Deauville)

 

Ce ne sont plus des jeunes filles, mais leur enthousiasme les ferait presque ressembler à des étudiantes en voyage de classe. Mercredi matin, aux premières lueurs du jour, les membres de la promotion 2012 des Rising Talents, une vingtaine de jeunes femmes de moins de 40 ans triées sur le volet à travers le monde, se sont retrouvées dans les locaux d'Eurazeo, sponsor du programme avec Egon Zehnder, avant leur départ groupé pour le Women's Forum, qui s'est ouvert mercredi 10 octobre à Deauville (Calvados).

Nala, Chloé, Asita, Carolina, Shiyin sont économiste, entrepreneur, artiste, journaliste ou encore manager. Elles ont toutes autour de la trentaine et ont attiré l'oeil de Virginie Morgon, "superwoman" de 42 ans, mère de quatre enfants, membre du directoire d'Eurazeo qu'elle a rejoint fin 2007, et d'Evelyne Sevin, associée chez Egon Zehnder, toutes deux cofondatrices du Women's Forum, qui fête cette année ses huit ans d'existence.

Avec ce programme, elles entendent bien démontrer que les femmes peuvent tout avoir, à condition d'être bien entourées.  

"Il est vrai que la génération actuelle de jeunes diplômées semble avoir moins d'appétit pour l'engagement dans le travail, elles souhaitent avant tout trouver l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ce n'est pas si nouveau, je vois ça depuis une vingtaine d'années, et surtout ça ne concerne pas que les femmes. C'est dommage, car l'on risque de perdre des acquis", regrette Virginie Morgon.

Pour redresser la barre, Mme Morgon investit sur les rising talents comme elle investissait dans une entreprise. "Chez Eurazeo, nous mettons l'accent sur la RSE et notamment sur la diversité dans le choix de nos collaborateurs, nous avons pris des engagements forts et nous allons en rendre compte", souligne-t-elle. "Nous poussons pour que cet engagement se reflète dans nos participations : nous n'investissons pas dans une entreprise sans avoir fait un audit pour voir où elle se positionne en terme de RSE. Ce type d'audit est, à terme, créateur de valeur pour l'entreprise."

Pour détecter les "talents", Virginie Morgon dit opérer un peu de la même façon que pour ses prises de participation : "D'abord nous détectons les potentiels, ensuite nous accélérons leur développement. Nous sommes dans une dynamique d'empowerment."


DE L'HUMANITAIRE, MAIS PAS QUE

Anna Neistat, grande Russe de 36 ans, diplômée de Harvard et associate director chez Human Rights Watch, se rend régulièrement en Syrie pour mettre en évidence les violations des droits de l'homme qui y sont commises. Dans le bus qui conduit les participantes à Deauville, elle confie que la recherche du bon équilibre entre travail et vie privée la stresse mais qu'elle parvient à faire la part des choses.

"Je me réveille la nuit quand je réalise que j'ai oublié de faire un mot pour le professeur de mon fils, mais ce qui se passe en Syrie ne m'empêche pas de dormir, c'est mon métier", explique-t-elle. Si elle n'a désormais que "très peu de temps pour se promener ou aller au théâtre", elle ne sacrifie rien à son métier, sa passion : "je ne me souviens plus quand j'ai pris des vacances deux semaines d'affilée, j'ai le sentiment d'être indispensable, c'est une priorité que je m'impose moi-même. "

Ni état d'âme ni regret, donc, même si certaines participantes souhaiteraient que la société facilité un peu plus l'ascension professionnelle des femmes. Melissa Boteach, 28 ans, dirige un programme anti-pauvreté au Center for American Progress. Engagée dans l'action humanitaire de par sa foi et grâce à l'exemple de sa mère, "qui fut (s)a plus grande source d'inspiration", elle est l'une des meilleures spécialistes des politiques publiques dédiées à la lutte contre la précarité économique aux Etats-Unis.

Elle souhaiterait que les futures générations de femmes bénéficient de normes sociales leur permettant de mieux gérer le travail et les contraintes familiales : "Les Etats-Unis sont très en retard, que ce soit en terme de congés de maternité ou de congé maladie. 80 % des bas salaires n'ont droit à aucun jour de congé maladie, et les femmes constituent une énorme part de ces 80 %. Pour des raisons de justice sociale et économique, je souhaite travailler à un monde où les femmes peuvent tout avoir."  

Les rising talents ne sont pas toutes impliquées dans les secteurs de l'humanitaire ou des politiques sociales mais elles se font toutes l'écho des difficultés à se faire aider pour avoir les coudées franches dans leur parcours professionnel. C'est là que le mentoring proposé par le programme Rising Talent intervient. 

 

LE RÉSEAU, CLÉ DU SUCCÈS

Selon Virginie Morgon, la réussite et la satisfaction professionnelle passent par la mise en place de liens forts entre les femmes et leurs réseaux. "Personnellement, j'ai été beaucoup aidée, soutenue et entourée au cours de ma carrière, beaucoup par des hommes mais aussi par des femmes, et cela m'a donné une force phénoménale", explique-t-elle. "Encadrer les femmes du programme Rising Talents, c'est leur donner des outils pour se constituer un réseau, dont souvent les femmes ne réalisent l'importance que très tard. C'est leur apporter un parrainage, leur prodiguer des conseils, c'est un apport d'une immense valeur."

Elle assume son engagement jusqu'au bout : "Personnellement, je n'ai pas assez de femmes dans mes équipes, et elles ne restent pas forcément sur le long terme, donc quand je recrute quelqu'un, je cherche à avoir des femmes parmi les candidats."


Audrey Fournier et Annie Kahn (à Deauville)



11/10/2012
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