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Les propositions de Martin Hirsch pour la jeunesse

Benoît Floc'h - LEMONDE.FR | 20.06.09 | 16h36     

Cinquante propositions pour rendre les jeunes plus autonomes. Martin Hirsch, haut commissaire à la jeunesse, tentera, mardi 23 juin, de dégager un accord au sein de la commission sur la politique de la jeunesse, qu'il préside, sur un livre vert, fruit de dix semaines de réflexion de cette instance lancée en mars.
Le "projet de synthèse au 18 juin 2009", dont Le Monde a pris connaissance, donne, en 82 pages sans les annexes, les objectifs et les propositions qui devraient aboutir, après "concertation", à une nouvelle politique pour la jeunesse. Pour cela, Martin Hirsch propose une méthode : des changements immédiats "pour signifier clairement un changement de cap", une loi d'orientation sur cinq ans pour définir objectifs, mesures et moyens de cette politique et, enfin, des "expérimentations rigoureusement évaluées", lancées rapidement et dans la durée afin de tester certaines des pistes envisagées.

L'ASPECT FINANCIER, AU CŒUR DE LA NOTION D'AUTONOMIE DES JEUNES
C'est le cas de certaines des propositions phares du livre vert, celles qui concernent l'autonomie financière des jeunes. C'est notamment sur ce terrain que Martin Hirsch était attendu. Certes, le constat qui introduit le livre vert démontre que l'action doit être menée "simultanément sur plusieurs fronts". Car "la situation particulièrement délicate" dans laquelle se retrouvent aujourd'hui les jeunes est le fruit de "l'accumulation de facteurs qui se sont au fur et à mesure imbriqués les uns avec les autres". Les défaillances collectives se situent à plusieurs niveaux (Education nationale, entreprises, multiples acteurs locaux, collectivités publiques). Tant et si bien que "la société a légué aux jeunes d'aujourd'hui ses dettes. Elle doit maintenant honorer la sienne à leur égard et leur permettre de prendre leur place sans délai et sans parcours du combattant".
Et les propositions synthétisées par Martin Hirsch à partir de la réflexion des six groupes de travail de la commission concernent de multiples aspects de la vie des jeunes (orientation, insertion professionnelle, logement, citoyenneté…). L'aspect financier, cependant, est au cœur de la notion d'autonomie des jeunes. Et la gauche, aiguillonnée par l'Union nationale des étudiants de France (Unef, première organisation étudiante, demande depuis longtemps l'instauration d'une allocation d'autonomie pour tous les jeunes. Sur cette question, le projet de livre vert ne prend pas position. Il propose plusieurs pistes qui devraient être soumises à expérimentation.

L'une d'elles serait de mettre en place une "dotation d'autonomie" pour améliorer l'accès à une formation ou à un emploi. L'idée est de donner les moyens aux jeunes d'exercer librement un droit à l'erreur, fait de tâtonnements et d'expérimentations. Entre 15 et 18 ans, les jeunes pourraient ouvrir "un compte de dotation, abondé par l'Etat en fonction de la situation de leurs parents". Le coût de cette mesure qui concernerait 700 000 jeunes par an serait de 1,6 à 2 milliards d'euros. Il permettrait, dans le cas le plus favorable de l'hypothèse présentée, de doter un jeune de 4 000 euros à 18 ans. "Un complément universel" est envisagé (un abondement de 1 000 euros à 18 ans pour tous les jeunes), tout comme "un complément sous forme d'avance remboursable", c'est-à-dire un prêt de l'ordre de 10 000 euros pour tout jeune à partir de 18 ans. Remboursé plus tard, "lorsque la situation professionnelle sera stabilisée", cet emprunt permettrait de financer une recherche d'emploi, une formation, un permis de conduire ou un projet…

DES MESURES CIBLÉES
Autre scénario, des mesures ciblées. Ce pourrait être une aide spécifique pour les jeunes sans emploi ou sans formation, un complément de ressources pour les étudiants ou un prêt pour financer un projet. Pour les jeunes qui travaillent, mais sans possibilité de bénéficier du RSA, réservé aux plus de 25 ans, le livre vert présente deux options. La première est un bonus par heure travaillée (un milliard d'euros). La seconde, l'ouverture du RSA aux jeunes qui peuvent justifier d'une activité professionnelle continue pendant un an (de 200 à 500 millions d'euros).
La commission était également attendue sur l'orientation scolaire et professionnelle, unanimement décriée depuis des années. Le but recherché est de sortir de l'"orientation sélection" qui envoie les élèves sur des voies sans retour. Comment ? En prônant la mise en place d'un processus au long cours où l'expérimentation et le droit à l'erreur auraient toute leur place, et qui permettrait à tout jeune de construire son parcours. Pour y parvenir, le livre vert propose davantage de cohérence dans l'organisation du système d'orientation, reprenant l'idée de mettre en place un "service public d'orientation territorialisé", qui pourrait prendre la forme d'une agence, et en responsabilisant les acteurs. L'idée de sanctionner les établissements d'enseignement supérieur qui ne publierait pas leurs résultats en termes d'insertion professionnelle de leurs étudiants est notamment évoquée.
Même volonté de responsabilisation pour améliorer l'insertion professionnelle des jeunes, et notamment ceux qui sont le plus éloignés de l'emploi. Tout jeune quittant le système scolaire sans le bac devrait se voir proposer une solution dans les trois mois. Ce serait "une obligation de résultat" pour les pouvoirs publics, et les jeunes de 16 à 18 ans auraient également l'obligation légale de "préparer leur entrée dans la vie active". Quant aux maires, leur responsabilité d'"aller au devant des jeunes sans emploi et sans formation qui ne demandent rien" devrait être reconnue.
Mais le livre vert propose également d'accompagner la recherche d'emploi des jeunes diplômés qui n'ont aucune expérience professionnelle de plus deux mois au bout d'un an. Globalement, une meilleure insertion professionnelle des jeunes passe par le développement de l'alternance à tous les niveaux, défend le livre vert. Objectif : 15 % d'une classe d'âge d'ici 2015. Pour y parvenir, plusieurs pistes sont évoquées, dont la réforme de la taxe d'apprentissage, mais la commission n'envisage pas d'instaurer des quotas ou une augmentation du taux légal de salariés en alternance par entreprise de 3 % à 5 %. Enfin, sur une autre question importante, celle de la participation citoyenne des jeunes, le livre vert propose la création d'un "Sénat des jeunes" et d'atteindre "d'ici 2015, l'objectif de 10 % d'une classe d'âge (70 000 jeunes) en service civique".



21/06/2009
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