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Logement étudiant : toujours la galère

Article paru dans le quotidien "Le Monde" daté du 5/12/08 

Enquête
Logement étudiant : toujours la galère
LE MONDE | 04.12.08 | 15h07  •  Mis à jour le 04.12.08 | 15h07


a galère. Et même, "totalement la galère", insiste Mathieu Béchu, en licence de droit et droit européen à Paris-XII, l'université de Créteil (Val-de-Marne), qui n'est pas arrivé à trouver de logement indépendant. "Il n'y avait plus de place en Crous (Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires), qui n'a que 300 chambres pour tous les étudiants de Créteil (24 000 jeunes), regrette-t-il. Dans le privé, il faut compter 600 euros. C'est trop cher pour moi."

Mathieu vit donc chez ses parents, en Seine-et-Marne : trois heures de transport en commun par jour ! "C'est épuisant, déplore-t-il. Je me lève à 5 heures et je ne me couche pas avant minuit-1 heure ! C'est la galère au niveau des cours. Je manque de sommeil et de temps pour étudier. Si j'habitais près de la fac, je gagnerais trois heures de travail."

Habiter près de la fac, beaucoup d'étudiants en rêvent, mais peu d'entre eux le peuvent. Le parc public qui leur est réservé est de 157 000 logements. Selon l'Observatoire de la vie étudiante, un tiers des 2,2 millions d'étudiants français ont du mal à se loger. Pour venir à bout de la pénurie, calcule Jean-Pierre Guyet, directeur adjoint du Centre national des oeuvres universitaires et scolaires (Cnous), il en faudrait 185 000.

L'Etat est bien conscient du problème. Après un rapport parlementaire rédigé par le député UMP de Saône-et-Loire, Jean-Paul Anciaux, un plan sur dix ans a été adopté en 2004. A mi-parcours, beaucoup de retard a été pris. En cinq ans, 25 000 logements devaient être construits : ils ne sont que 10 900 à fin 2008. De même, 24 600 logements ont été réhabilités, contre 35 000 prévus.

Certes, le rythme n'a cessé de s'accélérer. Et, pour ceux qui bénéficient des opérations réalisées, le bilan est positif. Antoine Coussinet, par exemple, est étudiant en licence de sciences, à Nantes (Loire-Atlantique). Après deux années passées dans une résidence du Crous, un bâtiment "assez ancien, loin de la fac et qui manquait cruellement de rangements", il est aujourd'hui logé dans une nouvelle résidence, qui a été aménagée dans une ancienne clinique. "Je m'y sens bien, confie le jeune homme. Et du moment où l'on se sent bien chez soi, c'est positif pour les études." Même (voire surtout) si c'est plus cher !

Léa Martel, en deuxième année de lettres modernes à l'université Montaigne de Bordeaux (Gironde), a troqué une chambre dégradée de 9 m2 pour un studio flambant neuf de 20 m2, toujours par le Crous. Le loyer est passé de 130 euros à... 349 euros. "C'est un choix, assume-t-elle. Cela fait moins d'argent pour moi, du coup je sors moins et je travaille plus !"

Pour les autres, en revanche, la galère continue. Tout particulièrement en Ile-de-France. Comme Mathieu Béchu, Laure Delair est étudiante à Paris-XII. En troisième année de licence de biologie, la spécialité choisie impliquait qu'elle s'inscrive à Créteil, loin du domicile de ses parents, à l'autre bout de l'agglomération parisienne.

Ne trouvant pas de logement indépendant, elle doit passer, elle aussi, trois heures par jour dans les transports. Elle aussi ressent la fatigue qu'évoque Mathieu. "En plus, cela revient cher, dit-elle, car je dois acheter un titre de transport qui couvre quatre zones tarifaires. Et je n'ai pas beaucoup de temps pour travailler à côté."

A ceux qui s'impatientent des retards pris par le plan Anciaux, M. Guyet rappelle "la pénurie du foncier" et que "les terrains sont chers". Il constate également qu'au moment, pas si lointain, du boom immobilier, les entreprises de construction étaient "défaillantes", plus intéressées par les projets privés que par les appels d'offres publics. Il y a aussi les lenteurs administratives liées à ce genre de projets complexes.

Le député Anciaux confirme et ajoute, à destination des élus : "Le problème n'est plus un problème de moyens, mais de mobilisation et de volonté. Sur le terrain, je n'ai pas senti une implication très forte des acteurs locaux." Collectivités locales, Crous, universités ne sont pas toujours pressés de travailler ensemble. Sans compter, ajoute-t-il, "les directions nationales et les hautes administrations, qui se renvoient la balle", alors que "les ministres sont en phase sur les objectifs".

De fait, le gouvernement affiche aujourd'hui sa détermination à atteindre le rythme annuel prévu au départ (5 000 constructions et 7 000 réhabilitations), et à le tenir au moins jusqu'en 2012. Après un deuxième rapport Anciaux, début 2008, Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, a promis 620 millions d'euros sur quatre ans, sans compter d'autres programmes, plus généraux, mais dont le logement étudiant bénéficiera également.

Insuffisant, sans doute, pour tenir en 2014 les objectifs du plan Anciaux. "Si cela dérive un peu sur une année ou deux, ce n'est pas très grave, temporise le député. Ce qui est important, c'est que l'on ait pris conscience qu'il fallait se donner les moyens de régler ce problème."

Benoît Floc'h


Pratique

www.jeunes.gouv.fr : nombreuses informations liées à la jeunesse. Rubrique "Mon logement".

www.etudiants.gouv.fr : informations plus spécifiquement consacrées aux étudiants.

www.conso.net : fiches pratiques sur le logement de l'Institut national pour la consommation.

www.logement.gouv.fr : un "Guide du logement jeune".

www.cnous.fr : des aides financières et des petites annonces.

www.cidj.com : rubrique "Se loger".

www.caf.fr : rubrique "Etudiants".



04/12/2008
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