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Louise Michel, la rebelle

Louise Michel, la rebelle

LE MONDE | 01.03.10 | 10h48

e prologue de ce beau téléfilm consacré à Louise Michel résume bien la personnalité de cette figure emblématique de la pensée révolutionnaire et anarchiste. Alors qu'elle est jugée pour avoir pris une part active aux événements de la Commune de Paris, pendant lesquels elle a assisté à l'exécution de son ami Théophile Ferré, la militante clame à ses jurés : "J'appartiens tout entière à la révolution sociale. (...) Prenez ma vie si vous la voulez, je ne suis pas femme à vous la disputer un seul instant. (...) Puisqu'il semble que tout coeur qui bat n'a droit qu'à un peu de plomb, j'en réclame une part, moi. Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance ! (...) Si vous n'êtes pas des lâches, tuez-moi !"

En 1873, Louise Michel est déportée en Nouvelle-Calédonie. Comme elle l'a fait et le fera tout au long de sa vie, elle se distingue, pendant cet exil forcé, par son courage et par la force de ses engagements.

UN PERSONNAGE PHARE DE LA COMMUNE

Pourtant, que retient-on aujourd'hui de la "Vierge rouge", comme l'appelaient ses amis, ou la "bonne Louise", comme la surnommaient les Versaillais du gouvernement d'Adolphe Thiers ? Pour beaucoup, Louise Michel est une célèbre inconnue. Pour ceux-là, son nom évoque tour à tour une station du métro parisien, un lycée, une rue, un film de Gustave Kervern et Benoît Delépine réalisé en 2008 et qui ne se rapportait pas directement à elle... Mais du parcours et de la personnalité hors du commun de cette grande militante anarchiste, institutrice, poétesse, et proche de Victor Hugo, on sait finalement peu de chose.

Réalisé par Solveig Anspach, auteur de plusieurs films remarqués comme Haut les cœurs ! (1999) ou Stormy Weather (2003), ce téléfilm offre donc une belle occasion de mieux cerner ce personnage phare de la Commune de Paris. Entièrement tourné en Nouvelle-Calédonie, le film s'attache essentiellement à retracer les sept années de déportation qu'a vécues Louise Michel, en compagnie de nombreux autres communards. Une période pendant laquelle cette femme, qu'interprète avec beaucoup de justesse la comédienne Sylvie Testud, se lie d'amitié avec Nathalie Lemel, une autre militante anarchiste et féministe, elle aussi bien incarnée par Nathalie Boutefeu. Combattante obstinée des discriminations, elle terminera sa détention comme institutrice à Nouméa, enseignant à des enfants caldoches, mais aussi à des enfants kanak à qui elle donnera des cours du soir.

Ce téléfilm constitue une manière propice et pertinente d'aborder la vie de Louise Michel et plus généralement d'évoquer la Commune de Paris. Sur le même thème, le cinéaste britannique Peter Watkins a réalisé en 2000 La Commune (Paris, 1871), d'un accès moins facile et d'une durée exceptionnellement longue : sa version intégrale atteint trois cent soixante-quinze minutes. On conseille ardemment aux téléspectateurs désireux d'en savoir plus sur cet épisode de l'Histoire de voir cette oeuvre originale entre documentaire, fiction et reconstitution historique.


Solveig Anspach (Fr., 2009, 90 min). Avec Sylvie Testud, Nathalie Boutefeu... Diffusé sur France 3, samedi 6 mars, à 20 h 35.


Hélène Delye
Article paru dans l'édition du 28.02.10


03/03/2010
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