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Présidentielle : les quatre familles de la jeunesse

Libération.fr. Par FRANÇOIS WENZ-DUMAS, le 13/03/2012.

 

A lire demain dans «Libération», en kiosque et sur Libération.fr, six pages d'enquêtes et de reportages sur les jeunes et la politique...

 

Les jeunes. Ils sont la priorité de la campagne de François Hollande. L'équipe de Nicolas Sarkozy prend grand soin de les placer dans les premier rangs des meetings. Marine Le Pen, en prenant la place de son père, a donné un coup de jeune au Front national ; François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon ou Eva Joly font tout pour les mobiliser. Mais qui sont-ils ?

L'étude réalisée par Viavoice pour Libération et Animafac (1) montre que la jeunesse n'existe pas comme une entité autonome, distincte du corps social des adultes. Les jeunes ne se définissent pas contre ou à côté de leurs aînés. Ils partagent - et amplifient parfois - leurs préoccupations. L'enquête, souligne François Miquet-Marty, directeur associé de Viavoice, fait apparaître une jeunesse «soucieuse», inquiète pour l'avenir de la société en général et de la France ou de l'Europe en particulier, qui se dit majoritairement «heureuse» tout en se préparant - à tort ou à raison - à connaître une existence plus difficile que celle de leurs parents.

Surtout cette enquête renvoie l'image d'une jeunesse éclatée en groupes sociaux dont les ambitions et les inquiétudes peuvent être très divergentes, selon leur origine sociale, leur parcours scolaire, leur histoire personnelle. En croisant les différents critères, François Miquet-Marty distingue quatre familles : les «pro-système» (22% de l'échantillon), les «contestataires» (32%), les «conformistes» (17%) et les «désenchantés» (29%). Quatre groupes que l'on peut caractériser en fonction de leur sentiment d'être ou non inclus dans la société, et de l'intérêt qu'ils portent ou non à la politique.

Les «pro-système»

C'est la catégorie la mieux insérée socialement. Essentiellement issue de la classe «moyenne supérieure» (deux fois plus d'enfants de cadres que la moyenne), elle est constituée de jeunes ayant déjà un emploi ou qui pensent qu'ils n'auront pas trop de difficulté à en décrocher un. La région parisienne est surreprésentée dans ce groupe, qui souhaite la réélection de Nicolas Sarkozy (à 47% contre 36% qui ne la souhaitent pas) plutôt que la victoire de François Hollande (31% contre 50%), a un petit faible pour François Bayrou, mais pas du tout pour Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon.

Les «contestataires»

Près d'un jeune sur trois se dit au contraire en rupture avec une société dans laquelle il ne se reconnaît pas, une école qui ne donne pas ses chances à chacun, un modèle économique qui ne le satisfait pas. Leurs parents sont d'un niveau social nettement mois élevé que les «pro-système» : moitié moins de cadres moyens ou supérieurs, deux fois plus d'employés. Nombre d'entre eux sont encore étudiants ou en recherche d'emploi. Ils sont révoltés, mais ne baissent pas les bras. Ils croient dans l'engagement politique et pensent que les mouvements sociaux, qu'il s'agisse des grèves, des engagements associatifs ou des mouvements comme celui des Indignés, peuvent faire bouger les choses. Ils ne veulent surtout pas voir Sarkozy réélu (à 75% contre 18% qui souhaitent sa réélection). A sa place, ils verraient bien Hollande (à 42%) ou Mélenchon (22%), Bayrou (22%) et pourquoi pas Marine Le Pen (27% contre 61% qui la rejettent).

Les «conformistes»

Ils ne sont pas si nombreux que cela, les jeunes qui se désintéressent de la politique (17%). Mais ce n'est vraiment pas leur affaire. D'origine plutôt ouvrière, ils disent s'intéresser à l'environnement, à la justice sociale, ne sont pas choqués par le multiculturalisme. Le modèle économique actuel leur convient. Mais la politique, ce n'est pas leur truc : à 92%, ils n'en voient pas l'intérêt. De toute façon, ils se disent heureux : à 80%, ce qui n'est le cas que de 55% des «contestataires» et de 61% des «désenchantés». Politiquement, c'est «bof». Hollande ? 32% souhaitent le voir élu, 30% ne le souhaitent pas et... 37% n'en ont rien à cirer. Sarkozy ? Ils n'aiment pas trop : à 52% contre 21% qui souhaitent sa réélection, et ... 27% qui ne se prononcent pas. Même Marine Le Pen les laisserait presque indifférents : 32% n'ont pas d'avis sur elle, 14% souhaitent son élection et 54% sont contre.

Les «désenchantés»

Fils d'ouvriers ou d'employés, mais aussi de cadres moyens, ils se sentent rejetés par la société. Pour autant, ils n'ont pas la hargne des contestataires et finalement leur optimisme. Pour eux, l'école est un échec, le chômage est une menace concrète et l'Europe est menacée. Ils ont la conviction bien ancrée qu'ils vivront moins bien que leurs parents. Politiquement, ils rejettent Sarkozy (à 59% contre 14% qui souhaitent sa réélection). Sans trop savoir par qui le remplacer : Hollande ne suscite pas l'enthousiasme (27% veulent le voir élu, mais 40% ne le souhaitent pas). Mélenchon n'est pas leur tasse de thé (7% contre 47% et 46% de non réponses). Marine Le Pen un peu plus (19% contre 56% et 25% sans opinion). Mais, ils en sont convaincus : quel que soit le vainqueur, cela ne changera pas grand-chose pour eux.

 

(1) Du 20 au 24 février auprès de 1 008 personnes âgées de 18 à 25 ans.



13/03/2012
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