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Un festival dédié à la jeunesse du pays !

Les Nouvelles Calédoniennes, le 22 octobre 2012.

 

Interview. Brice Porou, président de l’association Shaxhabign.

 

« Ce septième festival est dédié à la jeunesse du pays ».

 

L’association Shaxhabign organise la 7eme édition de son festival annuel de chants, danses et musiques, du vendredi 2 au dimanche 4 novembre sur le site du village Shelloh, à Poum. Une édition dédiée à Mehdy Porou, jeune membre de l’association, tué devant une boîte de nuit à Nouméa.

 

 

 

Les Nouvelles Calédoniennes : L’association Shaxhabignexiste depuis longtemps. D’où vient-elle et dans quel domaine intervient-elle ?

 

Brice Porou : L’association Shaxhabign est issue de la tribu de Tããnlô, à Poum, et fête ses 20 ans cette année. Au départ, elle était plus tournée vers la création musicale avec la sortie de deux albums, Mahi-Mahi en 1992 et Ton île, ton pays e, 2000. Depuis les années 2000, l’association a commencé à produire des petits évènements musicaux ; et au fur et à mesure, on en est arrivé à organiser un petit festival sur 2 ou 3 jours sur le site Shelloh.

 

Comment se présente cette 7eme édition ? Avez-vous rencontré des difficultés dans son organisation ?

La programmation contient, dans une proportion significative, outre des artistes de renom, des artistes en début de carrière dont la notoriété personnelle est à établir. L’édition de cette année a été bousculée du fait de la mort brutale de Mehdy. Cette édition aurait dû être l’occasion de fêter les 20 ans de l’association. Après concertation, les membres de l’association on décidé de rendre un hommage à Mehdy, qui fut un jeune membre très actif de l’association.

 

Comment se sont déroulées les précédentes éditions ?

Les dernières éditions se sont déroulées sans aucune difficulté particulière. Le festival Shaxhabign a gagné de la crédibilité et a pris de l’ampleur. Depuis 7 ans, il s’ancre de plus en plus dans le paysage culturel et musical du pays. Il a  acquis une réputation sérieuse au niveau du pays et même hors de la Nouvelle-Calédonie ;C’est le sérieux des membres de l’association qui a fait que ce genre d’événement peut continuer à avoir lieu dans une commune très excentrée. C’est aussi un choix délibéré d’organiser ce genre d’activités culturelles dans l’extrême Nord, de manière à amener les gens du Sud à rencontrer ceux du Nord.

 

En quoi cette 7eme édition sera-t-elle différente des éditions précédentes ?

L’édition de cette année nous tient particulièrement à cœur  puisqu’elle est dédiée à Mehdy Porou, jeune membre de l’association, tué devant la boîte de nuit La Mare Ô  diable. Ce festival sera également dédié à tous les jeunes qui sont morts trop tôt. Elle sera aussi l’occasion d’échanger sur les problèmes rencontrés par la jeunesse du pays. Les jeunes pourront  parler de leurs difficultés tout au long de ces trois journées et même participer aux forums organisés sur Radio Djildo, partenaire du festival et qui, comme tous les ans, est présente sur le site. D’ailleurs des projections, réalisées en partenariat avec l’association Ânûû rû âboro, organisatrice du festival de cinéma de Poindimié, seront programmées :

  • le mercredi 31 octobre à 19h00, Jean-Marie Tjibaou entre Ouvéa et Matignon, c’est un clin d’œil à un grand homme de pays ;
  • le jeudi 1er novembre à 19heures, La place qui traite au quotidien de la jeunesse à la dérive et qui se sent rejetée de la société ;
  • à 20h00, Imulal  qui traite également des problèmes de la jeunesse ;
  • le vendredi 2 novembre à 19 heures, Kanaky mon Pays, qui explique les difficultés des étudiants calédoniens en France.

 

En organisant ce festival, quels sont vos objectifs premiers ?

Ce festival est d’abord un lieu de rencontre entre artistes et public. C’est une occasion de se rencontrer, de décloisonner les sociétés. C’est un espace ouvert à toutes les ethnies vivant en Nouvelle-Calédonie. C’est un festival annuel et l’association essaie de contribuer à sa manière à la construction du destin commun. L’objectif premier est la rencontre des artistes qui sont souvent les déclencheurs des changements de mentalité. La culture est universelle avec des particularités propres à certains peuples, mais à travers elle, des hommes et des femmes peuvent se rencontrer et créer une dynamique capable de bousculer les cadres de référence de chacun. Lorsqu les artistes répondent à l’invitation, ils savent d’ores et déjà, qu’à travers leurs prestations, c’est une rencontre, un partage, une solidarité qui sont mis en avant. Cela va dans le sens du thème de cette année.

 

Quel est le thème choisi cette année ?

Un peu de tolérance pour construire ensemble le destin commun. C’est un thème d’actualité puisqu’il est lié à l’assassinat de Mehdy. A travers ce thème, le message que nous tenons à faire passer est le respect de l’autre, le regard que l’on porte vis-à-vis de son voisin. L’intolérance n’a pas sa place dans un pays sen devenir. L’autre message est la place que l’on donne aux enfants issus du métissage. Mehdy était métis ;Se sentait-il bien dans sa tribu, dans son village, dans son lycée ? c’est la question qui reste posée et qui peut interpeller bon nombre de personnes et de responsables coutumiers ou politiques sur le type de société que l’on veut mettre en place demain.

 

Quels vont être les temps forts de cette 7eme édition ?

Il y a aura 4 temps forts :

  • la projection des films que j’évoquais plus haut et qui se déroule pendant 3 jours, avant le festival ;
  • le forum sur radio Djiido traitant des difficultés rencontrées par la jeunesse d’aujourd’hui avec la participation d’Elie Poigoune, président de la Ligue des Droits de l’Homme, Jean-Pierre Djaiwe , 1er vice-président de la Province Nord, ainsi que de John Passa, sociologue ;
  • la messe en hommage à Mehdy en présence de ses amis, programmée le vendredi 1er novembre à 18 heures ;
  • les prestations des groupes de danse et de musique qui se produiront sur le site vendredi et samedi jusqu’à minuit.

 

Des groupes de la Grande Terre et des Îles Loyauté ont fait honneur à l’association en répondant nombreux à son appel. Des groupes de Vanuatu seront également présents comme Stan and the Earth Force et les magiciens de l’île d’Epi. Ils ont été sensibles à ce qui est arrivé à Mehdy.

 

Trouvez-vous l’adhésion des principaux acteurs de cette manifestation ?

Cela fait maintenant sept ans que le festival Shaxhabign a lieu à Poum. L’organisation a gagné de sa crédibilité. Cela fait sept ans que les institutions, la mairie de Poum, la Province Nord, le gouvernement de la Nouvelle-calédonie, Radio Djiido et les autres partenaires privés lui font confiance. Nous tenons d’accueil à remercier ces institutions de leur soutien.

 

 



31/10/2012
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