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Benda Bilili!

Film franco-congolais de Renaud Baret, Florent de La Tullaye

RÉSUMÉ DU FILM

Documentaire - Ricky a un rêve : faire de Staff Benda Bilili le meilleur orchestre du Congo Kinshasa. Roger, enfant des rues, désire plus que tout rejoindre ces stars du ghetto qui écument la ville sur des fauteuils roulants customisés façon Mad Max. Mais avant tout, il faut survivre, déjouer les pièges de la rue de Kinshasa, chanter et danser pour s'évader. Pendant cinq ans, des premières répétitions à leur triomphe dans les festivals du monde entier, " Benda Bilili! " nous raconte ce rêve devenu réalité.

CRITIQUE

« Un homme n'est jamais fini/ la chance arrive sans prévenir/ Un jour, c'est sûr, on réussira. » Ainsi chante Papa Ricky, le doyen de Staff Benda Bilili, un groupe composé pour moitié de musiciens paraplégiques. Nous sommes en 2004, dans les rues cabossées de Kinshasa. En tournage dans la capitale congolaise, les documentaristes français Renaud Barret et Florent de La Tullaye passent par là, et le coup de foudre est immédiat. Enthousiasmés par la musique de ces éclopés flamboyants aux guitares monocordes, ils s'improvisent producteurs et leur proposent d'enregistrer un disque. Commence alors une fabuleuse odyssée, du zoo miteux de Kinshasa, où l'orchestre répétait faute de mieux, aux scènes des plus grands festivals d'Europe, où il se produit aujourd'hui.

Filmé entre 2004 et 2009, l'itinéraire de Staff nous tient en haleine du début à la fin. En s'attachant au quotidien du groupe auquel ils ont lié leur destin, les réalisateurs évitent les raccourcis façon success story. L'histoire se tisse sous nos yeux, de petits miracles en coups du sort. Quand un incendie ravage le centre d'hébergement où logent les musiciens, l'aventure semble définitivement interrompue. Mais le Staff a de la ressource, et c'est en familier, déjà, que l'on assiste à l'intronisation du petit Roger, enfant des rues et génie du satongé, cet instrument fabriqué à partir d'une boîte de conserve et d'un fil de fer. Au fil des ans, on verra Roger devenir un homme et une star.

Du Kinshasa des déshérités, indissociable de l'identité de l'orchestre, les réalisateurs brossent un portrait impressionniste. Un match de foot disputé par des malades de la polio, une discussion surréaliste de deux enfants sur l'eldorado européen, ou le prêche dément d'un évangéliste dans un train bondé sont de saisissants instantanés du berceau de Staff. A l'heure de la consécration du groupe, on est d'autant plus ému que l'on sait d'où il vient. A mille lieues des clichés sur l'Afrique maudite, ce documentaire, découvert à Cannes, dé­gage une énergie galvanisante.

Mathilde Blottière

Télérama, Samedi 11 septembre 2010



27/10/2010
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