Calme précaire en Nouvelle-Calédonie avant la visite de Nicolas Sarkozy
La visite de Nicolas Sarkozy , à l'occasion des XIV e Jeux du Pacifique, intervient dans un contexte agité. Depuis le début de l'année, l'archipel vit au rythme des nombreux soubresauts qui émaillent l'actualité politique, économique et sociale.
Le président de la république, qui se rend pour la première fois en Nouvelle Calédonie depuis son élection, arrive aujourd'hui dans un archipel en proie à des tensions politiques et sociales. Tout a commencé à se dérégler avec le renversement, le 17 février, du gouvernement de Philippe Gomes et la constitution, pour lui succéder d'une alliance hétéroclite entre le Rassemblement-UMP du député Pierre Frogier, l'Union calédonienne (UC, indépendantiste), l'Avenir ensemble (AE, non indépendantiste) et le Parti travailliste (PT, gauche).
L'instabilité gouvernementale, provoquée par des démissions à répétition, a donné lieu à de multiples passes d'armes et recours juridiques qui ont freiné l'action de l'exécutif, le cantonnant à la gestion des affaires courantes. La situation n'est revenue à la normale que le 10 juin d'abord, avec l'élection d'un gouvernement dirigé par Harold Martin (droite) et ensuite le 19 août, avec l'accession à la présidence du Congrès de l'indépendantiste Roch Wamytan. A peine installé, celui-ci n'a d'ailleurs pas manqué de dénoncer « le spectacle pitoyable et lamentable donné ces six derniers mois aux populations » par l'ensemble de la classe politique.
Depuis mai dernier, lorsque plus de 20.000 personnes avaient manifesté dans tout l'archipel pour réclamer une restructuration en profondeur de l'économie en vue d'une meilleure répartition des richesses et d'une réduction du coût de la vie, les négociations étaient dans l'impasse. Juste avant l'arrivée de Nicolas Sarkozy, l'assemblée législative calédonienne a adopté le principe de la création d'une commission dite « de la vie chère ». Il y avait urgence, car les syndicats menaçaient d'organiser une grève générale et une manifestation dans les rues de Nouméa pour l'arrivée du chef de l'Etat.
A l'inverse des autres territoires d'outre-mer l'économie calédonienne, grâce au nickel, se porte plutôt bien mais les inégalités sociales demeurent fortes et épousent bien souvent la ligne de division ethnique entre Kanaks et Européens alors que se profilent des échéances politiques importantes. Entre 2014 et 2018 doit être organisé un référendum d'autodétermi nation.
Des morts et des blessés
Et puis au début de ce mois un conflit autour du relèvement du prix des billets de la compagnie aérienne intérieure publique, Aircal, a dégénéré en affrontements armés sur l'île de Maré dans les îles Loyauté, faisant 4 morts et 23 blessés. Aircal, au bord de la faillite, a, depuis, repris ses vols tandis que le gouvernement cherche une solution pérenne pour améliorer la desserte des îles.
Le calme semble désormais revenu, au moins le temps d'accueillir le chef de l'Etat et les 3.500 Océaniens qui participeront, du 27 août au 10 septembre, aux Olympiades du Pacifique insulaire. Mais tous les observateurs s'accordent à dire que les prochains mois, jusqu'aux élections législatives, seront délicats.
Anne Pitoiset
CORRESPONDANTE À NOUMEA
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 209 autres membres