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Continuité territoriale

75 % de demandes en moins

Les Nouvelles Calédoniennes. Publié le mardi 24 janvier 2012 à 03H00

Depuis un an que les nouveaux critères d’aide à la continuité ont été mis en place, l’Aviation civile a enregistré une baisse de 75 % des demandes. Une étude est en cours pour éventuellement revoir la copie.
 

Un an après la mise en place des nouveaux critères d’aide à la continuité territoriale, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 3 142 aides ont été délivrées en 2011 soit 260 par mois en moyenne. Une baisse de plus de 75 % par rapport à l’ancien dispositif. On est loin des plus de 11 000 personnes aidées en 2009 et 2010.
Ce résultat était prévu dès le mois de juin par l’Aviation civile en charge du dispositif : « A mi-parcours et au vu des nouveaux critères, on s’attendait à une diminution, confie Sébastien Chêne, adjoint au directeur de l’Aviation civile. Et effectivement, on constate 3/4 de baisse. » Mais le responsable tempère cette désaffection en estimant que le système a atteint tout de même son but : « Cette aide a été ciblée pour les foyers les plus nécessiteux et ça fonctionne dans ce sens-là puisqu’on a eu 7 % des voyageurs aidés. Ce n’est pas négligeable. »
Rigueur budgétaire aidant, le système a été modifié il y a un an : « Beaucoup bénéficiaient de cette aide alors qu’ils pouvaient payer leur billet puisque le critère précédent était l’impôt payé, rappelle Sébastien Chêne. Alors que là on touche une population qui en a vraiment besoin. »

Impact. Et toujours selon le responsable, cette baisse des demandes n’a que peu impacté le nombre de voyages. Là-dessus, les compagnies aériennes et les agences de voyages ne sont pas d’accord. « Ça a joué sur le nombre de voyageurs, affirme David Rougeau, directeur d’Air Austral. L’an dernier, les personnes qui se sont présentées avec la continuité territoriale étaient quatre à cinq fois moins nombreuses qu’en 2010. »
Même son de cloche du côté d’Air France KLM : « Pour nous, c’est dix fois moins de passagers qui ont bénéficié de la continuité territoriale, assène Olivier Jallet, directeur régional. En 2010, 2 950 passagers se sont présentés, en 2011, 321. »
Et le directeur de faire ressortir que ces nouveaux critères ont « stoppé la croissance des ventes sur l’Europe au départ de la Nouvelle-Calédonie. La ligne France-Nouvelle-
Calédonie a fait 11 % de croissance alors qu’il n’y a aucune croissance au niveau de la vente des billets en Calédonie. Pour moi, c’est complètement lié à la continuité. »
Les voyagistes font le même constat : « On ne prend pas une semaine de vacances pour la Métropole. Les séjours sont plus longs, le billet est cher et il faut payer le séjour là-bas aussi, met en évidence Sandrine Gérard, responsable du comptoir vente à Pacifique lagon voyages. Les personnes qui bénéficient de l’aide n’ont pas les moyens de débourser autant d’argent. Il y a quand même de la demande mais ceux qui pouvaient y aller avec l’aide auparavant, n’y vont pas aussi régulièrement. »

Évaluation. Une évaluation du système d’aide est en cours actuellement. « C’est une évaluation globale, puisqu’une décision qui serait prise pour une collectivité ne pourrait être prise isolément », explique Sébastien Chêne qui rappelle qu’il faudra donc attendre les résultats de l’étude en cours, dans le courant du premier semestre, pour que soit décidée l’opportunité de revoir les critères.
Ces critères sont, de l’avis général, trop restrictifs même si la Nouvelle-Calédonie bénéficie d’une particularité dont ne profitent pas les autres collectivités, un double abattement dans le calcul du plafond des revenus. Mais ce plafond reste tout de même très bas (voir en encadré).
 

 

Le calcul de l’aide

Si les revenus du foyer déclarés l’année passée sont (les enfants comptant comme une demi-part) :
Avec 1 part
Jusqu’à 1 179 278 F : l’aide est de 63 246 F.

Entre 1 179 278 F et 1 964 803 F : l’aide est de 38 186 F.

Avec 1,5 part
Jusqu’à 1 768 918 F : l’aide est de 63 246 F.

Entre 1 768 918 F et 2 947 205 F : l’aide est de 38 186 F.

Avec 2 parts
Jusqu’à 2 358 557 F : l’aide est de 63 246 F.

Entre 2 358 557 F et 3 929 607 F : l’aide est de 38 186 F.

Avec 2,5 parts
Jusqu’à 2 948 196 F : l’aide est de 63 246 F.

Entre 2 948 196 F et 4 912 008 F : l’aide est de 38 186 F.

Avec 3 parts
Jusqu’à 3 537 835 F : l’aide est de 63 246 F.

Entre 3 537 835 F et 5 894 410 F : l’aide est de 38 186 F.

Avec 3,5 parts
Jusqu’à 4 127 474 F : l’aide est de 63 246 F.

Entre 4 127 474 F et 6 876 812 F : l’aide est de 38 186 F.



Que pensez-vous des nouveaux critères pour bénéficier de la continuité territoriale ?

Frédérique, cadre
« Double peine »

« Je bénéficiais de la continuité territoriale auparavant et j’en profitais d’autant plus que mon fils vit en Métropole. Mais avec les nouveaux critères, je ne peux plus en bénéficier. De fait, je pars moins régulièrement et en plus, mon fils ne bénéficie plus du passeport mobilité. Il y a double peine. Il faut revoir ces critères à la hausse. »

Billy, agent de sécurité
« C’est trop sévère »

« Il faut revoir les critères. Là, c’est trop sévère pour que les gens puissent en profiter. Nous, on pourrait en bénéficier mais on ne peut pas se payer un billet d’avion pour la France, l’hôtel, les promenades, les petits souvenirs… Surtout si on veut y aller avec les gosses. Alors, on n’a jamais été en Métropole. On va juste dans les îles. Et encore, c’est cher aussi. »

Nelly, vendeuse
« Trop strict »

« Avant, je n’avais pas de travail, alors je ne voyageais pas. Maintenant, je pourrais bénéficier de l’aide mais en tant que mère célibataire avec deux enfants, je ne peux pas me permettre de partir même avec cette aide. Mais je pense que ces nouveaux critères sont trop stricts. Il faudrait augmenter le plafond pour que les revenus moyens puissent aussi en bénéficier. »

Gabrielle, retraitée
« Je trouve ça injuste »

« Je pense qu’il faut revoir cette aide pour que les gens qui ont des salaires moyens puissent en bénéficier. Je trouve ça injuste tel que c’est fait. Personnellement, je ne peux pas en profiter et 60 000 francs c’est important. Je ne peux partir que tous les deux ou trois ans dans ces conditions. La vie augmente et avec ma petite retraite, ce n’est plus possible. C’est trop rigide. »

Brice, commercial
« Un manque de moyens »

« Auparavant, avec les anciens critères, j’y avais droit. Une aide de 60 000 francs sur un billet, c’est assez conséquent. Mais maintenant, il faut toucher 120 000 francs par mois environ pour y avoir droit et c’est dommage parce que des gens comme moi, nous n’y avons plus droit et les gens qui peuvent en bénéficier ne peuvent pas voyager par manque de moyens. »


24/01/2012
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