Délit de solidarité : la FIDH veut forcer la France à s'expliquer
Laetitia Van Eeckhout - LEMONDE.FR | 11.06.09 |
Il ne s'agit pas d'un énième rapport sur un de
ces Etats totalitaires enfreignant, bafouant les droits de l'homme. Jeudi 11
juin, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a publié un
rapport sur... la France, intitulé "Délit de solidarité. Stigmatisation,
répression et intimidation des défenseurs des droits des migrants". Avec
ce document, elle veut désormais saisir différentes instances internationales.
Objectif : contraindre la France à s'expliquer sur le "délit de
solidarité", un terme que récuse Eric Besson, le ministre de
l'immigration.
La FIDH avait été alertée par la Ligue française
des droits de l'homme (LDH) - qui lui est affiliée - sur la multiplication des
placements en garde à vue d'associatifs ou de simples citoyens. Avec
l'Organisation mondiale contre la torture (OMC), elle avait décidé de mandater
une mission internationale d'enquête chargée d'examiner dans quelle mesure les
personnes qui s'opposent à des violations des droits fondamentaux des étrangers
en situation irrégulière et leur portent une assistance (sociale, juridique ou
humaine) peuvent être inquiétées de ce fait, et si les autorités publiques
garantissent un environnement propice à la défense des droits fondamentaux des
migrants.
Cette enquête a conduit à un rapport qui dénonce
"les dérapages liés à la "culture du résultat", les objectifs
chiffrés d'interpellations d'"aidants", la pression permanente sur
les personnes en contact avec les étrangers, favorisés par une législation
imprécise et stigmatisante".
"Ce que nous voulons dénoncer, c'est la
schizophrénie de la France qui, au plan international, dit soutenir les droits
de l'homme mais quand il s'agit de ses propres citoyens protégeant la dignité
d'étrangers, dans un état souvent de grande vulnérabilité, mène une politique
de stigmatisation, répression, intimidation", a déclaré, jeudi, Soudhayr
Belhassen, présidente de la FIDH.
"Oui il existe bien un délit de solidarité
en France", a-t-elle affirmé, dénonçant l'attitude de déni du ministre de
l'immigration, Eric Besson, lequel récuse cette appellation.
SOUTIEN DE LA FNAC
Afin de porter la France à s'expliquer, la FIDH entend, avec ce rapport, saisir le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, la rapporteuse spéciale des Nations-Unies sur les défenseurs des droits de l'homme, la Cour européenne des droits de l'homme, le comité des droits de l'homme des Nations-Unies.
La FNAC, qui accueillait dans son magasin de
Montparnasse à Paris la FIDH mercredi pour sa conférence de presse, s'est
engagée à soutenir l'action de cette dernière. Elle va organiser dans tout son
réseau des débats sur le sujet et distribuer gracieusement 15 000 exemplaires
de son rapport et 30 000 cartes
invitant à signer la pétition lancée par le monde associatif en faveur de la
suppression du délit de solidarité.
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