La cigarette, c'est nul !
Au final, la cigarette ne vous quitte plus ; elle devient un rituel quotidien ; vous vous sentez fébrile si, un dimanche soir, vous découvrez que votre paquet est vide et qu'il n'est pas envisageable de vous coucher sans en fumer une dernière. Alors on ressort, prête à payer le prix fort, dans un bar encore ouvert, les cigarettes tant espérées. Je sais, c'est nul.
Je suis d'une génération où l'on fumait dans la cour du lycée, où le paquet (sans message mortuaire) coûtait 4,50 francs, où les campagnes de prévention n'en étaient qu'à leurs débuts. Mes parents ne fumaient pas. En revanche, mes grands-pères étaient des inconditionnels, l'un des Gauloises bleues, l'autre des Gitanes maïs, des Craven A sans filtre et de la pipe. Au fil des années, j'ai applaudi à l'interdiction de fumer sur le lieu de travail puis dans tous les lieux publics, restos et bars compris, car, honnêtement, cela m'a aidée à diminuer ma consommation. J'ai vu des amis gros fumeurs parvenir à s'arrêter, et leur volonté m'a impressionnée.
Pour me donner bonne conscience et dans l'espoir vain de compenser les dégâts de la clope, je fais du sport ; je cours et je m'étonne de ne pas être essoufflée. On se dit, bêtement, qu'on sera plus fort que le tabac parce que, fondamentalement, on n'a pas envie de se priver de ce plaisir. Mais cette semaine, une nouvelle fois, des épidémiologistes sonnent l'alarme : en matière de cancer du poumon, les femmes sont en train de rattraper les hommes. A cause de ma génération et des suivantes. Je sais, c'est nul.
L'autre matin, dans un parc public parisien, en courant, j'ai croisé deux lycéennes qui faisaient un parcours d'orientation avec leur classe. Document cartographique en main, elles s'étaient échappées du groupe et s'étaient allumé une cigarette. Elles souriaient de braver l'interdit. Je me revoyais trente ans plus tôt.
Sandrine Blanchard
Courriel : blanchard@lemonde.fr.
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