La guerre de l’eau potable a commencé
Face à l’augmentation de la population de Koné, les élus de Pouembout s’inquiètent pour leur ressource en eau. Ainsi, la semaine dernière, lors du conseil municipal, ils ont émis un vœu voté à l’unanimité des voix pour que l’eau de la nappe de la commune, la principale ressource de la zone, reste à leurs administrés.
Depuis le 3 juin, un comité technique et scientifique (CTS) a été
créé, réunissant tous les acteurs des institutions compétentes en
matière d’eau. La province, les trois communes et leur Sivom, ainsi que
différents services du gouvernement (Davar, Dimenc, Dass...) travaillent
de concert pour tenter de trouver une solution à l’appauvrissement de
la ressource en eau, conjoncturelle actuellement en raison de la
sécheresse, mais qui devrait se poursuivre en raison de l’augmentation
prévue de la population à Koné.
« Ça fait déjà deux ans que nous interpellons le Sivom à ce sujet »,
assure le maire, Roby Courtot. Mais, sans chiffre à l’appui, il avait
du mal à faire entendre sa voix. Or, récemment, le CTS a qualifié « la nappe phréatique de Pouembout d’abondante mais fragile ».
Ainsi,
les élus, lors du dernier conseil municipal, en fin de semaine
dernière, ont, à l’unanimité des voix, émis un voeu pour que « le potentiel de croissance et de sécurité de la nappe phréatique de la commune soit strictement réservé à ses administrés ».
En
effet, au regard des chiffres, ils sont inquiets pour leurs
concitoyens. La capacité maximale de prélèvement sur cette nappe a été
estimée par le CTS à 1 300 m3 par jour. Un arrêté provincial autorise un
prélèvement de 1 000 m3 par jour mais, selon les élus de Pouembout, «
les données fournies par le Sivom lors du conseil syndical du 2
septembre montrent qu’on aurait d’ores et déjà atteint ce chiffre en
valeur moyenne, indépendamment de toute situation conjoncturelle ».
Or, la commune ne souhaite pas subir les choix de développement de
Koné, à savoir la construction de nombreux logements à Foué et à
Greenacre, située sur des zones qui devraient être raccordées à la nappe
phréatique de Pouembout. « Avec cette augmentation de population, on va rapidement dépasser le prélèvement autorisé », note le maire. D’autant que la commune a fait le choix politique de conduire un développement mesuré.
Avec cette augmentation de population, on va rapidement dépasser le prélèvement autorisé.
Avec cette augmentation de population, on va rapidement dépasser le prélèvement autorisé.
Ainsi, le conseil municipal a décidé d’habiliter le maire à engager
toutes les démarches nécessaires à la prise en compte et au respect de
ce vœu. « On ne souhaite pas avoir de conflit d’usage, voire de
population, au sein de notre commune, alors que notre ressource suffit à
notre consommation », explique Roby Courtot.
Lors du dernier conseil syndical du Sivom, les deux élus représentant la commune ont à nouveau alerté sur ce problème. « L’Etat nous a entendus et il a été décidé qu’une cellule de crise allait être créée », affirme le premier magistrat.
Effectivement,
une lettre du président du Sivom, Joseph Goromido, datée du 8
septembre, a été envoyée dans ce sens au président de la province Nord.
Ce comité de crise a pour objectif l’évaluation des prélèvements d’eau
et des capacités des ressources. Il pourra également donner un avis sur
la délivrance de permis de construire. Enfin, le Sivom émet le souhait
que le projet de barrage sur la haute Pouembout soit réexaminé.
Au
conseil municipal de Pouembout, ce courrier a fait sourire. Néanmoins,
on est satisfaits de la prise de conscience qui, jusque-là, n’avait pas
émergé aussi franchement. « La situation est compliquée, avoue effectivement Lionel Guillemenot, le directeur du Sivom, mais si on active tous les leviers, on devrait y arriver. » C’est ce qui devrait être fait au sein de cette cellule de crise. Affaire à suivre.
Marjorie Bernard
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