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Les experts croient au rebond


 
Analyste vedette du marché du nickel, Jim Lennon a posé hier un regard sur les perspectives de la filière, à la 4e conférence internationale, tout juste lancée à Nouméa. Selon lui, la demande de nickel pour la production d’acier inoxydable devrait augmenter dans les dix prochaines années.

 

  • Les Nouvelles calédoniennes : Vous semblez très optimiste pour les acteurs du nickel, et en particulier pour la Nouvelle-Calédonie. Le marché absorberait sans difficulté les productions massives à venir. Pourquoi cet enthousiasme ?

Jim Lennon : Nous sommes très optimistes par rapport à la Chine. Nous voyons la forte demande de ce pays grossir. La Nouvelle-Calédonie a deux projets d’importance, qui ont été « taillés » pour alimenter cette croissance chinoise.
Au cours des dix dernières années, l’offre de nickel n’a pas été suffisante pour répondre au marché, pour contenter la demande. Il y a donc eu un effet de substitution, et, en Chine, a été développée la production de « pig iron » [du nickel bon marché, Ndlr].
Dans les dix prochaines années, si la Nouvelle-Calédonie peut fournir du nickel, vous verrez une demande croissante de nickel pour la production de l’acier inoxydable. Par ricochet, la production de « pig iron » chutera. Il y aura donc de la place pour ces deux gros projets. Il y aura même de la place pour un troisième projet à l’horizon 2015-2020, pour autant qu’il y ait des réserves minières suffisantes. Je pense également que si Koniambo et Vale NC marchent bien, les deux compagnies voudront acroître leurs capacités de production.

 

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Pour le président du gouvernement, Philippe Gomès, « aujourd’hui au 6e rang mondial des pays producteurs, avec 7 % du marché, la Nouvelle-Calédonie doit, avec la mise en service des usines du Sud et du Nord, atteindre la 2e ou 3e place mondiale, avec environ 13 à 14 % du marché ».

 
  • L’optimisme est-il également de mise pour les prix à court terme ?

Le problème, ce sont les coûts de production, qui ont fortement augmenté, tout comme les coûts d’investissement d’ailleurs. C’est le cas pour les projets calédoniens, qui ont vu ceux-ci s’envoler. Dans le cas de Goro, ce coût atteint maintenant 4,5 milliards de dollars américains (environ 393 milliards de francs), alors que l’investissement initial était à moins de 2 milliards de dollars (175 milliards de francs). Même chose pour Koniambo. Donc, le prix du nickel devra être élevé [pour parvenir à rentabiliser le projet, NDLR].
Nous pensons que le prix du nickel à long terme s’échangera autour de 17 000 dollars américains (1,5 million de francs) la tonne. Dans un an ou deux ans, le prix sera nettement plus haut : 20 000 dollars ou plus (1,7 million de francs). Et, à moyen terme, le marché sera donc très attractif. Mais il le sera seulement si les coûts de production sont suffisamment bas pour dégager des bénéfices.
Le vrai challenge pour le marché du nickel, c’est celui de la maîtrise de ces coûts.

  • Croyez-vous dans le procédé hydrométallurgique développé par Vale ?

Oui. Vale a expliqué avoir rencontré de sérieux problèmes. Cela prend du temps de résoudre ces soucis. Mais à moyen terme, je pense que la compagnie les résoudra. Ce sera un succès.

  • Etes-vous optimiste pour l’avenir du nickel en Calédonie ?

Ce qui est certain, c’est que les dix prochaines années seront porteuses pour le nickel. Le marché va croître et les besoins seront importants. Pour en profiter, faudra-t-il exporter du minerai, du produit intermédiaire, du produit fini ? C’est une des questions qui se poseront pour les acteurs industriels calédoniens. Par ailleurs, la Calédonie, de par sa taille modeste, devra avoir conscience de sa capacité à absorber ces évolutions de marché.

Propos recueillis par Y. M.

 

A la tribune

En économie, toute occasion est bonne, pour régler des compte, ou, plus élégamment, faire des mises au point.
La 4e conférence internationale sur le nickel, lancée hier à Nouméa, n’a pas dérogé à la règle. Peter Poppinga a adressé un message aux autorités politiques. Après avoir annoncé des travaux de prospection autour de Goro, ou encore l’installation « à court terme » d’un quatrième autoclave, ce qui permettrait de traiter 15 000 tonnes de nickel supplémentaires, le directeur général de Vale NC a ouvert le chapitre de l’emploi. Une usine tourne, et deux projets se concrétisent, or « la main-d’œuvre n’est pas élastique ».
Se poserait donc un problème de « compétences ». Et la future application de la loi sur la protection de l’emploi local n’arrangerait rien, la formation prenant par définition du temps. « Une approche transitoire » est donc souhaitée. André Dang a lui aussi surfé sur le registre politique, dénonçant « le fait que le patrimoine minier calédonien puisse être bradé à des multinationales est inacceptable ! ». Dès lors, « le partage équitable des ressources minières est un sujet d’intérêt général ».
A l’image de Patrick Buffet, le Pdg d’Eramet, notant que « le grand projet hydrométallurgique Weda Bay » en Indonésie se placera « en synergie et en aucun cas en substitution » à l’activité développée en Calédonie.
Des syndicats avaient émis quelques inquiétudes…



16/11/2010
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