Les juristes kanak attendront un peu
L’initiative est, tout simplement, historique. La province des Îles voit là « le projet du premier cabinet juridique créé par des Kanak ». « C’est pourquoi, selon l’élu de l’Union calédonienne Mathias Waneux, il mérite d’être soutenu au regard de la perspective d’évolution du pays. » Porté par André Ajapuhnya, futur gérant de la Sarl Gölinöj, le dossier vise la mise en place d’une structure spécialisée « dans l’imprégnation de la vision kanak dans les projets de développement et dans les politiques publiques ». L’idée fait suite au dernier séminaire de Jokin, qui avait vu émerger un premier collège de juristes kanak. Le siège de ce cabinet est établi à la tribu de Jozip, à Lifou, mais les bureaux seraient implantés à Nouméa, vraisemblablement pour une question pratique : proximité des tribunaux, des directions territoriales... Trois publics s’inscriraient dans le champ d’exercice de la société : les entreprises privées, les particuliers et les offices publics.
Acquisition. Concrètement, cette équipe donnerait son avis « sur l’impact des politiques publiques, sur tous les aspects de l’identité kanak que sont le statut civil coutumier, le droit et les structures coutumières, le patrimoine culturel, la terre, les symboles ». Les principaux clients seront, au départ, d’après le projet, la province ainsi que la Sodil et ses filiales. Le dossier a atterri, hier, sur le bureau de l’assemblée des Loyauté pour examen : le promoteur André Ajapuhnya a en effet sollicité une aide financière de la province afin de lancer son affaire, dans laquelle deux juristes, dans un premier temps, travailleraient.
Ce projet mérite d’être soutenu au regard de la perspective d’évolution du pays.
Le plan est conséquent : l’investissement est chiffré à 58,2 millions de francs. Dont la moitié, ou presque, concerne l’acquisition d’un local de 120 m2. Une aide à l’équipement de 23,2 millions ainsi qu’un prêt provincial de 2 millions de francs étaient demandés. Il faudra patienter un peu.
Roulement. Sur un plan purement politique, « au sens noble du terme », selon le LKS Nidoish Naisseline, tous les élus ont été favorables au projet. Car l’objectif s’inscrit pleinement sur la voie de l’émancipation et la perspective de souveraineté. Toutefois, « il y a beaucoup d’interrogations dans la mise en œuvre », a remarqué le président, Neko Hnepeune. En commission provinciale des finances, avaient été relevées « quelques zones d’ombre qu’il convient de dissiper ». De son côté, Louis Kotra Uregei, pour le Parti travailliste, a souligné deux points à éclaircir : les références, notamment professionnelles, des juristes, ainsi que la hauteur du fonds de roulement, estimé à 19 millions de francs, « mais pourquoi ? Quelle est la justification ? »
En clair, les représentants de l’assemblée veulent voir le projet aboutir, mais, pour atteindre ce but, le dossier doit être solide, irréprochable. Après un temps de discussions avec le promoteur et de consolidation du programme, l’ambition de la Sarl Gölinöj doit repasser devant les élus à la prochaine séance, mi-août.
Yann Mainguet
A découvrir aussi
- Les lacunes de l’école face au handicap
- Parler deux langues, un atout majeur
- Les célébrations approchent
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 209 autres membres