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Les Polynésiens ont 2830 ans

Les Nouvelles de Tahiti. Publié le mardi 20 novembre 2012 à 03H00

 

Une nouvelle étude menée par trois chercheurs précise la date d’arrivée des premiers Lapita. Mais ces résultats « ne changent rien », selon Tara Iquily, du Musée de Tahiti et des îles, pour comprendre le peuplement de ce qui deviendra la Polynésie française.

 

Les coraux analysés servaient à façonner des outils. Enterrés dans un village à Tonga, ils ont permis de dater avec précision l’arrivée des premières populations sur le site.

 

Les coraux analysés servaient à façonner des outils. Enterrés dans un village à Tonga, ils ont permis de dater avec précision l’arrivée des premières populations sur le site.

Photo Les Nouvelles de Tahiti

 

Les coraux ont parlé. Ils ont confirmé et précisé ce qu’avait déjà révélé le charbon. Plus précisément, la revue PLos ONE a publié le 7 novembre une étude sur la datation de l’installation des « premiers Polynésiens » sur le site de Nukuleka, situé dans le royaume de Tonga, et considéré comme le berceau des peuples Lapita.

L’étude est signée par les archéologues David Burley, de l’université Simon Fraser du Canada, et Marshall Weisler, de l’université du Queensland, ainsi que de Jian-xin Zhao, du centre de microscopie et de microanalyse de l’université du Queensland.

 

Précision.

Ces chercheurs partent du constat que les précédentes datations de l’arrivée des premiers habitants des îles du Pacifique, réalisées au carbone 14, n’ont pas permis de déterminer une date très précise ni d’établir une chronologie détaillée de cette toute première colonisation.

Le média australien ABC rappelle que les Lapita seraient arrivés à Tonga il y a environ 3 000 ans. L’estimation la plus précise a été réalisée à partir d’une datation au carbone sur du charbon de bois trouvés à Nukuleka.

Mais elle donnait une fourchette encore relativement large de 178 ans, située, au plus tôt, il y a 2 947, au plus tard il y a 2 769 ans.

Marshall Weisler s’est alors tourné vers les coraux. Présents en très grande quantité sur les sites de fouilles, ceux-ci étaient utilisés par les Lapita pour polir les coquillages et le bois et en faire des outils.

 

Comprendre.

Dès leur utilisation, les coraux cessent de vivre immédiatement, d’où l’utilité de les faire parler. Ils ont alors analysé seize morceaux de corail, trouvés enterrés dans le sable du site.

Les chercheurs ont utilisé la datation par uranium/thorium, également utilisée pour étudier les changements climatiques sur de longues périodes.

Les résultats suggèrent que les Lapita ont navigué vers le futur royaume de Tonga et sont arrivés au plus tôt il y a 2 830 ans et au plus tard il y a 2 846 ans. « Nous avons pu dater la population d’origine de Polynésie dans une fenêtre très étroite de seize années », déclare le professeur Marshall Weisler.

L’étude conclut en estimant que cette datation plus précise ouvre de nouveaux champs de recherches et laisse entrevoir « des opportunités sans précédent » pour mieux comprendre « le dernier chapitre du peuplement humain sur terre » qu’a constitué le peuplement originel des îles du Pacifique.

 

Colonisation.

Mais cette étude est-elle susceptible de nous apprendre quelque chose de nouveau sur le peuplement de Tahiti et ses îles ? « Le problème de la colonisation polynésienne reste aussi mystérieux qu’avant », constate Tara Iquily, du Musée de Tahiti et ses îles.

L’arrivée des Lapitas est très, très antérieure à l’arrivée des premiers habitants de Tahiti et ceux-ci ne sont plus considérés comme les seuls ancêtres des Polynésiens contemporains.

« Pour nous, ça ne change rien. » Certes, cette étude confirme et affine ce que les spécialistes savaient déjà grâce à la datation au carbone 14. La nouveauté réside dans le fait que le corail devient « un marqueur important » alors que l’archéologie semblait marquer le pas devant les avancées permises par la génétique, qui a été « un grand bouleversement », selon Tara Iquily, et a permis de « donner un sens » aux mystères laissés béants par l’archéologie.

Au contraire, Éric Conte, « co-responsable d’un programme sur la génétique en tant qu’archéologue », c’est plutôt le croisement des disciplines qui permettra une nouvelle fois de faire avancer la connaissance. Car il rappelle que les études génétiques en question sont menées… « sur les os sortis par les archéologues ».

 

Le chiffre

16

Cette nouvelle méthode de datation par le corail permet de donner une date d’une plus grande précision, avec une fourchette de temps d’environ seize ans, contre 178 avec la méthode du carbone 14.

Les Lapita de Mélanésie et de Polynésie

Le père Otto Meyer est le premier à découvrir ces poteries en 1909 sur l’île de Watom, dans l’archipel Bismarck (actuellement en Papouasie-Nouvelle-Guinée). En 1917, le géologue Maurice Piroutet en trouve à son tour dans une localité du nord de la Nouvelle-Calédonie appelée Lapita. Ce nom est par la suite retenu par les archéologues pour désigner l’ensemble de ces poteries et le complexe culturel qui y est associé, lequel caractérise une aire allant de l’archipel Bismarck à l’ouest aux îles Tonga et Samoa à l’est.

Il a été généralement considéré que les Lapita étaient des locuteurs austronésiens venus d’Asie, dans la mesure où toutes les populations de ces zones parlent actuellement des langues austronésiennes. Les poteries sont aussi considérées comme le signe que les Austronésiens ayant peuplé la Polynésie avaient longuement séjourné dans les îles de la Mélanésie, puisque les poteries Lapita sont communes aux deux zones, et que le peuplement de la Mélanésie est le plus ancien. (Source Wikipedia)



21/11/2012
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