Obtenir ma chambre Crous propre et équipée, c’était pas gagné
Rue.89,
J’ai l’expérience de la vie en logement universitaire : j’ai effectué mes trois premières années de licence dans une chambre Crous [Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires]. Après un an passé à l’étranger, j’ai emménagé dans la résidence Ouest, à Saint-Martin-d’Hères (Isère), en septembre, dans des conditions très mauvaises.
Pour rattraper son retard, le gouvernement a annoncé la construction de 40 000 logements étudiants (8 000 par an pendant cinq ans).
Dans sa dernière étude, le syndicat étudiant l’Unef rapporte qu’un million d’étudiants font chaque année une demande de logement auprès du Crous. Seulement 165 527 chambres sont disponibles. « [...] en l’espace de cinq ans, la part des étudiants logés en cité universitaire n’est passée que de 6,8% à 7% ».
Au début des années 2000, une étude du Cnous a mis en évidence le besoin de réhabilitation du parc de logements Crous, beaucoup datant des années 60. Ainsi, le Crous de Grenoble (6 000 logements sur 23 résidences) a réhabilité 408 lits et ouvert 288 chambres en 2011-2012.
E. Br.
Il est 16h30, j’arrive avec mon père à Grenoble après avoir parcouru 720 km depuis Angers. Il fait beau, la route s’est bien passée. Il ne me reste plus qu’à aller chercher les clés à l’accueil, comme convenu par téléphone avec la résidence.
Mais l’attente est longue. La personne qui se trouve devant moi a apparemment des difficultés pour avoir un frigidaire : elle devra changer de chambre ou s’en passer.
C’est enfin mon tour : la personne de l’accueil n’est pas au courant de mon arrivée. Elle ne peut rien m’accorder sans appeler son supérieur qui l’autorise finalement à me donner une chambre.
Elle m’annonce :
« Nous n’avons pas de chambre propre avec frigidaire. »
J’insiste. La semaine qui a précédé mon arrivée, j’ai déjà dû appeler la résidence presque tous les jours pour être autorisée à arriver un dimanche (habitant loin, je ne pouvais pas venir un autre jour).
Toilettes dans un état déplorable, sol noir
La personne chargée de l’accueil me propose alors une chambre « pas encore nettoyée, mais avec un frigidaire ». Si je tiens à un frigidaire, ce sera une chambre sale. J’en visite une.
« Un logement propre a bien été réservé et proposé à la jeune étudiante. L’étudiante n’a pas souhaité le retenir. Suite à son insistance, plusieurs logements, en cours de remise en état de propreté, lui ont été présentés, dans le but de satisfaire sa demande. L’étudiante a préféré retenir l’un de ces logements. »
Laure Dufeu se dit « déçue par la mauvaise foi du Crous » : elle conteste leur version des faits.
Indignée par l’état du logement, je refuse de prendre une chambre si sale. On me propose alors d’en visiter quatre autres.
Deux étaient extrêmement sales avec les toilettes dans un état déplorable. Le sol était noir dans l’une des autres. Dans l’ensemble des chambres visitées, des cheveux ou des bouts de papier traînaient. Deux étaient un peu moins sales mais un ménage préalable était indispensable avant d’emménager.
Indécise, je retourne à l’accueil. La personne me propose alors de visiter un logement propre sans frigo.
Coup de chance : il y a finalement un frigidaire. On me donne la clé, je peux enfin emménager.
Quel respect des étudiants ?
Cuisine commune, salle de bains dans la chambre : Laure paie 283 euros par mois pour son 12 m2 (elle paierait 4 euros de moins sans frigidaire).
Cet exemple qui est le mien n’est pas isolé. Pendant mon attente à l’accueil ou au secrétariat, j’ai rencontré des personnes qui ont eu des expériences similaires. Une ne pouvait pas avoir l’électricité pendant une semaine car la personne résidant dans le logement avant elle n’avait pas payé et l’électricité avait été coupée.
Des personnes n’ayant pas de frigidaire alors qu’elles devaient en avoir un, des personnes aménageant dans des chambres sales, cela n’arrive pas rarement. Quel respect des étudiants dans tout ça ?
Une Anglaise et une Grecque discutaient devant moi lorsque je faisais la queue au secrétariat et avouaient trouver la situation incompréhensible. Elles disaient avoir envie de rentrer chez elles pour éviter de vivre dans de telles conditions.
Elles avouaient n’avoir jamais rencontré une organisation si mauvaise dans l’administration. Angleterre, Etats-Unis ou Chine : l’Anglaise, n’avait rien vu de comparable. La Grecque qui pensait qu’il n’y avait pas pire que son pays, a trouvé un contre-exemple.
Lors de mes précédentes expériences en logement universitaire à Grenoble, j’ai rencontré beaucoup de personnes se plaignant des conditions de logement. Certains de mes amis étrangers n’ont pas supporté et sont partis dans un autre logement au second semestre. D’autres sont restés mais tâchaient de passer le moins de temps possible dans leur logement.
Dans une lettre du Cnous de janvier 2012, son directeur, François Bonaccorsi, évoquait l’idée de « modernité », pour l’année. Si la volonté est bonne, la réalité en est bien loin.
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