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Près de 25 millions de chômeurs en Europe

Les Echos.fr 01/03 | 12:34 | mis à jour à 12:43 | Richard Hiault

Triste record pour le marché de l'emploi européen. Les chiffres sont accablants pour les jeunes, avec 16,9 millions de moins de 25 ans au chômage sur le Vieux Continent.

 

Les statistiques publiées ce matin par Eurostat n'ont rien de surprenant : l'emploi européen reste déprimé. Fin janvier, l'Union européenne (UE) comptait 24,3 millions de personnes sans emploi, soit un taux de chômage, corrigé des variations saisonnières (CVS) de 10,1%. Un record historique. Pour la zone euro, les chiffres ne sont guère plus encourageants : 16,9 millions de chômeurs pour un taux de 10,7%. Les chiffres sont accablants pour les jeunes. Le taux de chômage des moins de 25 ans se situait à 22,4% fin janvier, contre 22,2% un mois auparavant. Dans la zone euro, le pourcentage est de 21,6%. Au total, 5,507 millions de jeunes européens, dont 3,314 millions dans la zone euro, étaient sans emplois.

Sans surprise également, c'est en Espagne (49,9%), en Grèce (48,1%), au Portugal (35,1%) ou en Italie (31,1%) que la situation est la plus dramatique. L'Allemagne s'en sort mieux avec «seulement» 7,8%. Quant à la France (23,3%), elle se classe à peine mieux que son grand voisin italien. D'une manière générale, par pays, la tendance reste la même. L'Allemagne (5,2 %), les Pays Bas (5%) et l'Autriche (4%) sont les nations qui affichent les taux de chômage CVS les plus bas. Des chiffres qui expliquent pourquoi les jeunes espagnols apprennent la langue de Goethe pour s'expatrier outre-Rhin, là où les patrons d'entreprises sont à la recherche de talents.

Le marché allemand, eldorado pour l'Europe ?

Le marché du travail allemand ne comptait-il pas, au quatrième trimestre de l'an passé, 1,13 million de postes vacants, selon l'Institut de recherche sur l'emploi (IAB), qui pointait que le marché du travail germanique a soif aujourd'hui d'ingénieurs, de programmateurs informatiques et de techniciens spécialisés... Reste que le marché allemand ne peut absorber à lui seul la totalité des chômeurs européens. Ne serait-ce qu'en raison des barrières de la langue. En outre, il n'est peut-être pas l'eldorado tant vanté ces derniers temps en France.

La fondation allemande de recherches sociales Hans-Böckler, proche des syndicats, a dressé récemment un bilan accablant de l'une des grandes réformes du marché du travail allemand, ayant introduit ces petits boulots appelés «minijobs». Près de 90% de ceux-ci entrent dans la catégorie des bas voire très bas salaires et ne font office de passerelle vers un emploi en bonne et due forme que pour 9% des 7,3 millions de personnes les occupant. L'étude relevait que 90% des «minijobbers» travaillent pour moins de 9,76 euros brut de l'heure à l'Ouest et moins de 7,03 euros de l'heure à l'Est. Bref, l'Allemagne créerait donc des emplis peu rémunérés selon cette fondation.

Perspectives négatives sur le marché de l'emploi européen

Au-delà de cet aspect, la tendance du marché de l'emploi européen devrait rester négative. Les perspectives de croissance sont faibles et la majeure partie des pays européens s'enfoncent dans la récession. Les dernières prévisions de la Commission européenne font état d'un recul du PIB de la zone euro de 0,3% pour 2012. Quant à l'Union européenne, son PIB stagnerait. Il est vrai que l'austérité budgétaire, nécessaire pour redresser les comptes publics, n'aide pas. Et si certains dirigeants politiques européens -à l'image du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy -s'inquiètent à juste titre de l'impact de l'austérité sur la croissance, donc sur l'emploi, Jean Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, et Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), ont été très clairs.

Pas question de remettre en cause l'austérité. Pourtant, le Conseil européen qui s'ouvre ce soir devrait aborder la question de la croissance. Lundi 22 février, le Premier ministre britannique, David Cameron, son homologue italien, Mario Monti, et dix autres dirigeants européens avaient envoyé une lettre au président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, et au président de la Commission, José Manuel Barroso, pour réclamer des mesures renforçant la croissance en Europe. Leurs recettes : réduire les aides d'Etat pour soutenir les banques, assouplir drastiquement le marché du travail ou libéraliser totalement le secteur de l'énergie d'ici à 2014. Des mesures d'inspiration libérales que l'Italie, sous la férule de Mario Monti, est en train de mettre en oeuvre. Un vaste chantier qui semble, lui aussi, être érigé en exemple ces derniers temps de ce qu'il conviendrait de faire dans toute l'Europe.

RICHARD HIAULT


01/03/2012
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