Après Blog Service

Après Blog Service

Télécommunications : à quel prix ?

LE MONDE | 14.05.10 | 14h42  •  Mis à jour le 14.05.10 | 14h55

es télécommunications explosent : on utilise son téléphone portable pour parler, envoyer des textos, des photos, mais aussi naviguer sur Internet et regarder la télévision. En 2009, 82 % de la population française était équipée de mobile ; ce pourcentage était de 83 % chez les 12 à 17 ans, et grimpait à 98 % chez les 18-24 ans. Selon le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), 88 % de la population avait un téléphone fixe et 70 % un fixe et un mobile.

Des données top secret. Difficile d'estimer combien les ménages dépensent pour leurs télécommunications, faute de données. Les opérateurs ne souhaitent pas dire quels sont les profils de clientèle les plus courants, "en raison du contexte concurrentiel". L'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) communique le chiffre d'affaires total de la téléphonie, sans distinguer les entreprises des ménages. En 2008, il s'élevait à 10,7 milliards d'euros pour les fixes et à 20,1 milliards d'euros pour les mobiles.

Les comptes nationaux de l'Insee s'arrêtent eux aussi à l'année 2008. Ils sont calculés à partir d'éléments datant de 2006, alors que 74 % de la population seulement était équipée en téléphone mobile et 17 % en "box", le boîtier électronique reliant l'usager à son fournisseur d'accès à Internet.

Selon l'Insee, le montant total des dépenses de communication (hors équipement) des ménages français s'élevait alors à 25,7 milliards d'euros. Divisé par 27,6 millions de ménages, cela donne une moyenne de 931 euros par an, soit 77,58 euros par mois, un chiffre bien éloigné, semble-t-il, de la réalité de 2010.

Un peu plus de 40 euros par personne et par mois. Le groupe GFK, numéro quatre mondial des sociétés d'études de marché, estime que la facture moyenne mensuelle des mobiles en France à la fin 2008 s'élevait à 41 euros. "Elle était de 43,60 euros pour les abonnés à un forfait, qui représentent 68 % du marché, et de 14,80 euros pour les clients de cartes prépayées, qui représentent 32 % du marché", précise Alexis Helcmanocki, directeur du pôle Telecom & IT à l'Institut GFK, en précisant que ces estimations ont été obtenues "grâce au croisement des données de l'Arcep et d'autres données du marché, comme le nombre de cartes SIM réellement activées". Le groupe Bouygues a confirmé au Monde cette estimation pour son marché des mobiles.

SFR et Bouygues ajoutent que, pour leurs enfants, les parents achètent en général des cartes prépayées ou des forfaits bloqués n'autorisant pas de dépassement, afin de ne pas avoir de mauvaise surprise en fin de mois. Le premier prix, chez SFR, pour 40 minutes de communication mensuelles, est de 15,90 euros. Pour une heure de communication par mois avec SMS et accès illimité à la messagerie Windows Live Messenger, il faut compter 19,90 euros chez Bouygues.

L'opérateur "Free, qui est l'un des rares acteurs à communiquer ses données financières détaillées, indique, dans son rapport annuel 2008 que le revenu moyen généré pour chaque abonné s'est élevé à 44 euros par mois. Cela comprend l'abonnement mais aussi les factures téléphoniques, la consommation de vidéos à la demande et les autres options, comme le Multi-TV ou les services logiciels Internet antivirus", constate GFK.

On peut donc calculer qu'une famille comprenant deux parents et deux enfants, ayant un téléphone portable chacun et une box commune permettant de téléphoner, de connecter quatre ordinateurs à Internet et de regarder la télévision, dépense 160 euros par mois en télécommunications, soit 1 920 euros par an. Elle débourse 40 euros pour la box, 40 euros par mobile adulte et 20 euros par mobile enfant. C'est plus de deux fois la moyenne dégagée par l'Insee pour 2008.

Une consommation en hausse, des coûts en baisse. Selon l'Insee, en 2008, la part des télécommunications représentait 2,4 % du budget des ménages, soit presque autant que les boissons alcoolisées et le tabac (2,9 %). Mais beaucoup moins que les vêtements et les chaussures (4,4 %). Elle n'a cessé d'augmenter depuis 1993, date à laquelle le Crédoc recense pour la première fois le nombre d'utilisateurs de téléphone portable : 3 %. Elle représentait alors 1,5 % du budget des ménages.

Les Français dépensent de plus en plus pour téléphoner, alors que le coût des télécommunications n'a cessé de baisser. La Commission européenne assure que, "depuis 1998, les consommateurs ont engrangé des bénéfices, sous l'effet de la libéralisation" : la diminution des prix a été "en France de 41 % pour un appel national de 3 minutes sur un téléphone fixe et de 56 % pour un appel national de 10 minutes".

France Télécom, l'opérateur historique, calcule que le coût de la minute d'appel local en heures pleines est par exemple passé de 0,042 euro en 2000 à 0,028 euro en 2009. Il assure que le coût des appels nationaux a baissé de 45 %. En revanche, le prix de l'abonnement a augmenté de 27,5 %.

La diminution a été moins importante pour la France que pour la moyenne des vingt-sept pays de l'Union européenne (respectivement 65 % et 69 %) : "Les tarifs français n'étaient pas très élevés en 1998 : ils étaient inférieurs à la moyenne européenne des quinze pays de l'Union", justifie la Commission.

Des tarifs pas forcément transparents. Peut-être aussi les opérateurs engrangent-ils des marges confortables. On se souvient de la bataille de lobbying effrénée engagée contre les réglementations européennes visant à faire baisser les tarifs du roaming, c'est-à-dire des appels reçus ou passés à l'étranger depuis un téléphone portable. En mai 2009, Xavier Niel, le fondateur de Free, assurait dans nos colonnes qu'"on pourrait diviser par dix le prix du mobile" et accusait les opérateurs de s'entendre sur les tarifs.

Une pétition vient d'être lancée par l'association Consolib (Arnaquefixemobile.org) pour protester contre le coût d'un appel vers un mobile depuis un fixe. "L'opérateur le facture plus de 20 centimes d'euro, alors que cela ne lui coûte que 5 centimes d'euro", assure-t-elle, en accusant France Telecom, Free, SFR et Bouygues d'avoir ainsi empoché 1,2 milliard d'euros de bénéfices en 2009.


Rafaële Rivais



17/05/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 209 autres membres