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Un 24 Septembre tourné vers l'avenir

Dim 26 Sep 2010 |20:00, Les Nouvelles Calédoniennes


Hier matin à Nouméa, la Fête de la citoyenneté a rassemblé beaucoup de monde au pied du Mwâ kâ rénové. Une célébration précédée des coutumes de clôture du Festival des arts mélanésiens et marquée par l’interprétation de l’hymne du pays et le lever officiel des deux drapeaux. Une première qui, cette fois, n’a été boycottée par aucun parti politique.

Rarement un 24 Septembre aura été aussi rassembleur et festif. Son association à la clôture du Festival des arts mélanésiens n’y est pas étrangère, avec le défilé et la coutume d’au revoir des quatre délégations étrangères. Animations et spectacles ont fait le reste pour attirer un public nombreux sur la place du Mwâ kâ. Un espace lui-même rénové, avec l’inauguration de huit poteaux sculptés représentant les huit aires coutumières et, sur la pirogue, d’une fresque historique peinte par des enfants.
Après une édition 2009 très solennelle et politique - qui faisait suite aux épisodes de violence d’août 2009 -, cette fête longtemps controversée a enfin pris une consistance plus apaisée et populaire. Elle a été surtout l’occasion d’entendre la chorale Melodia interpréter l’hymne officiel calédonien, pour la première fois depuis son adoption par le Congrès, le 18 août dernier. Déjà opéré à cette occasion en 2008, le lever simultané des deux drapeaux, français et kanak, a pris lui aussi une dimension symbolique particulière, après son officialisation cette année sur les frontons des institutions.
C’est ce contexte favorable qu’ont souligné les élus présents hier, moins nombreux que l’an passé, mais issus des cinq grands partis du pays. Philippe Gomès a ainsi noté que l’adoption récente de trois signes identitaires (hymne, devise, graphisme des billets) et de la loi sur l’emploi local, tout comme la validation des derniers transferts de compétence, marquait une étape importante dans « la construction d’une citoyenneté calédonienne ». « En 2010, la citoyenneté a fait un pas de géant », a renchéri Isabelle Ohlen au nom du Congrès, ajoutant pour sa part « le geste fort » de la reconnaissance des deux drapeaux pour marquer « une communion de destin ».

Cette fête longtemps controversée a enfin pris une consistance plus apaisée.

Une fois n’est pas coutume, la présence de Jean Lèques au pied du Mwâ kâ a pu surprendre. Le maire de Nouméa a salué « le désir positif de construire ensemble l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, dans le respect de nos convictions respectives ». Et d’ajouter malgré tout « qu’on aurait tort de ne pas se souvenir que la France est venue ici il y a 157 ans ».
Encore plus surprenante, la présence symbolique de Pierre Frogier, en déplacement à Paris mais représenté par Henriette Falelavaki, élue provinciale du Rump. Pas de pique-nique républicain en solo comme les autres années : cette fois, le Rassemblement a décidé de s’associer à la fête et de ne plus briller par son absence. Lisant un message écrit par le président de la province Sud, Henriette Falelavaki a parlé du 24 Septembre comme d’un « jour historique, celui de la rencontre de nos deux légitimités ». « L’idée du Mwâ kâ, il y a sept ans était une idée généreuse, mais elle était incomplète. […] Ces dernières années, nous ne nous sommes pas reconnus dans cette manifestation. J’ai le sentiment aujourd’hui que les choses ont changé. » Ce qui a changé, poursuit le texte de Pierre Frogier, c’est la reconnaissance des deux drapeaux, qu’il a initiée. « Deux drapeaux pour un destin commun, pour fédérer nos différences, pour engager notre avenir. »
Deux absences ont toutefois été remarquées : si Damien Yeiwéné représentait les Iles, aucun émissaire de la province Nord, ni de l’Etat, n’était hier au pied du Mwâ kâ.
Au-delà de cette valse dans l’occupation des chaises officielles, les élus ont tous insisté sur l’effort à accomplir pour concrétiser la citoyenneté calédonienne inscrite dans l’accord de Nouméa. Avec un obstacle majeur pointé par Philippe Gomès, la persistance d’inégalités sociales très profondes. Le président du gouvernement a appelé à « rejeter le racisme », « un poison mortel pour la société calédonienne » : « Lorsque chacun aura fait ce chemin individuel, la citoyenneté ne sera pas qu’un mot dans les discours. » Et Isabelle Ohlen d’ajouter en écho : « Le destin commun ne se décrète pas. Il se vit au quotidien. » Des discours loin de la tendance trop commémorative, celle qui a pu fâcher et diviser dans le passé, mais plus consensuels et tournés vers l’avenir.

Sylvain Amiotte



Le Festival des arts tire sa révérence

C’était une volonté de Déwé Gorodey. La Fête de la citoyenneté coïncidait hier avec la clôture du 4e Festival des arts mélanésiens. Une façon symbolique d’affirmer l’identité mélanésienne du pays et d’inscrire sa construction dans son environnement régional.
Hier matin, la cérémonie a donc débuté par un défilé des quatre délégations étrangères sur l’avenue Foch, à Nouméa, avant une coutume d’au-revoir autour de l’arbre à paroles, sur la place du Mwâ kâ.
Les artistes et représentants des îles Salomon, de Fidji, du Vanuatu et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée se sont succédés pour déposer des objets sur la natte. Chaque délégation a félicité la Nouvelle-Calédonie pour l’organisation de cet événement, salué comme « un grand succès », fort de « nombreux échanges » et de « belles rencontres » entre « frères et sœurs de la Mélanésie ». Le groupe Fer de lance a particulièrement apprécié que le festival se soit déplacé « là où vivent les communautés », contrairement aux précédentes éditions qui se déroulaient uniquement dans la capitale du pays hôte. D’ores et déjà, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a lancé une invitation générale pour le prochain festival en 2014.
Au-delà de cette coutume, échangée avec le Sénat coutumier et le Comité d’organisation du festival (Cofam), chaque pays s’est dit « heureux d’être associé à la fête de la citoyenneté calédonienne », affirmant son « soutien à la construction du pays et du destin commun ».
Après treize jours de fête, le festival devait s’achever cette nuit au centre Tjibaou, à l’issue du second concert Melanesia 2010.


26/09/2010
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