Appel au calme et à la tolérance au lycée Jules-Garnier
Le président du gouvernement et de hauts responsables coutumiers en
visite à la cantine d’un établissement scolaire, pour parler devant un
millier d’élèves, cela n’arrive pas tous les jours. Mais il faut dire
qu’une bagarre opposant près de 80 jeunes pour des motifs ethniques non
plus. En réponse à cet événement, le président du gouvernement Philippe
Gomès a décidé d’organiser, hier matin, une rencontre avec les élèves du
lycée Jules-Garnier, théâtre des affrontements de vendredi dernier.
Pour donner de la force à cette rencontre, il a fait appel à des
responsables coutumiers.
Vers 7 heures, le proviseur, André Gable, a
accueilli les personnalités conviées. Outre Philippe Gomès, étaient
présents le vice-recteur Ives Melet, le président du Sénat coutumier
Pascal Sihaze, le représentant du roi Alo Palasio Tagatamanogi, le
Faipulé de Moua Sosefo Falaeo et le responsable de l’Association des
parents d’élèves (APE) Dominique Deberge. Le président du gouvernement a
été invectivé par un parent d’élève visiblement ennuyé que les
coutumiers se mêlent de l’affaire.
Vers 7h30, le groupe s’est dirigé
vers le lieu de la rencontre, la vaste salle de restauration. Le
réfectoire était plein à craquer, tant et si bien que certains élèves
ont dû écouter de l’extérieur. Le proviseur a pris la parole en premier
pour introduire les personnalités présentes et expliquer le but de la
rencontre. « Nous voulons faire un point sur ce qui s’est passé vendredi à la sortie de l’établissement, a résumé André Gable. Pour nous, c’est inacceptable. »
C’est fort qu’ils se soient tous déplacés.
C’est fort qu’ils se soient tous déplacés.
Puis Philippe Gomès a rappelé aux élèves qu’ils étaient « l’avenir de ce pays » et qu’ils « construisaient le pays ici, dans cet établissement ». Il a appelé au respect mutuel et précisé que «
la force, ce n’est pas la haine, pas la violence, pas le rejet de
l’autre, c’est le respect. Vous êtes dans cet état d’esprit-là pour la
majorité d’entre vous ». Philippe Gomès a conclu en invitant les élèves à aider ceux qui font partie des groupes violents : « Il faut leur donner la main pour les aider à traverser le chemin difficile où ils sont aujourd’hui ».
« On a décidé de travailler ensemble, a fait remarquer le président du Sénat coutumier Pascal Sihaze.
De faire en sorte que ces points qui nous opposent puissent devenir des
richesses pour notre pays. Nous croyons en vous, en la jeunesse. (...)
Je veux aussi vous parler de la différence de génération. Aujourd’hui le
problème ce n’est pas le manque de repères, mais la multiplicité des
repères. La parole des parents et des vieux est noyée par tout ce que
vous lisez et apprenez. Je souhaite que vous soyez à même de choisir les
repères que vous voulez. » Il a conclu en citant Jean-Marie
Tjibaou, à propos de l’acceptation de l’autre. Son intervention a été
applaudie chaleureusement. Il a été suivi par un représentant coutumier
de Wallis-et-Futuna qui a invité « les enfants de Nouvelle-Calédonie » à la tolérance.
Les
membres de la communauté éducative et des associations de parents
d’élèves ont précisé ensuite qu’ils étaient là pour relayer les
questions et aider les élèves. Les interventions des différentes
personnalités ont été assez courtes, et la rencontre n’a pas duré plus
d’une demi-heure. A la sortie, les élèves étaient plutôt impressionnés
et satisfaits de voir que les institutions prenaient au sérieux les
incidents de vendredi et de lundi. « C’est bien, ils étaient faciles à comprendre », a estimé Gwenaël. « C’est fort qu’ils se soient tous déplacés », a apprécié Sylvain de son côté.
Après
cette demi-heure de rencontre, les élèves ont rejoint leurs classes
respectives, dans laquelle ils ont pu s’exprimer sur le sujet avec leurs
professeurs.
Alexandre Wibart
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 209 autres membres