C’est parti pour le baccalauréat !
En route pour la joie. Cette année, 2 910 élèves se lancent à
l’assaut du baccalauréat, dont les épreuves démarrent ce matin. Seule nouveauté
véritable, les postulants ne composeront plus, pour l’écrit, dans de gros
centres d’épreuves, mais plancheront dans leur établissement d’origine.
Yann
Mainguet, les Nouvelles Calédoniennes, le 12/11/09
Pour eux, le 11 novembre n’a
certainement pas rimé, cette année, avec la signature de l’armistice. Pour les
futurs bacheliers, il s’agissait davantage de mener la guerre contre un temps
dévoreur de minutes de révision. Premier coup de feu ce matin donc, à 7h30,
avec l’épreuve de philosophie. 2 049 élèves sont sur le pont en
Nouvelle-Calédonie, dont 1 124 dans les séries des bacs généraux (L, ES et
S) et 925 en filière technologique. La bataille contre le stress durera quatre
jours, jusqu’au mardi 17 novembre. Au milieu, un vendredi 13. Chacun
verra plus tard la portée du symbole. Sur le pupitre, tour à tour, défileront
les sciences économiques, l’histoire-géographie ou encore les mathématiques.
Seul effectif en progression (+6 % contre -1 % dans les filières générale
et technologique), les prétendants au bac professionnel seront cette année 861
à ferrailler avec les sujets, du 23 au 27 novembre. Moment phare, la
publication des résultats interviendra le 7 décembre. Il y aura alors un
avant, et un après… ou un nouveau baccalauréat.
Une nouveauté pour l’édition
2009 ? Dans le fond, pas vraiment. A part peut-être dans la forme. Pour la
première fois, les élèves ne composeront plus, pour l’écrit, dans de gros
centres d’épreuves, mais dans leur établissement d’origine. Un aménagement mis
en place pour « une question pratique, et un intérêt
organisationnel », note le vice-rectorat. De fait, tous les lycées
publics et privés de Nouvelle-Calédonie sont concernés par cette réforme, tout
comme évidemment la structure de Wallis ainsi que l’institution de France à
Port-Vila au Vanuatu.
La publication des
résultats interviendra le 7 décembre
Pour la seconde année, après la
grande innovation en 2008, une épreuve écrite obligatoire des bacs généraux
sera corrigée localement : l’histoire-géographie, matière désormais
empreinte d’une adaptation et d’une spécialisation à chaque Dom-Tom-Pom. Les
examens de japonais, et bien sûr de langues mélanésiennes, passeront de même
sous une plume calédonienne. Cette problématique de la correction locale,
défendue par certains pour toutes les disciplines ou décriée par d’autres,
prend un relief particulier à l’heure du débat sur le transfert de compétence
de l’enseignement secondaire de l’Etat vers le territoire. Cette fois, la
lecture attentive des copies du bac et les délibérations s’opéreront dans les
académies de Dijon en Métropole pour les filières générales, et de Nancy pour
les bacs techno. Objectif à atteindre : 74 % de taux de réussite
final, toutes séries confondues, calculé l’an passé. Un excellent cru
d’ailleurs, de deux points supérieur au précédent « meilleur bac »,
celui de 2004. S’il est difficile de lire dans la boule de cristal scolaire,
les jeunes ont l’air motivés.
« Nous commençons à être
victimes de notre succès », observe Hipo Chouan, coordinatrice au
Groupement des parents d’élèves de Rivière-Salée, collectif ayant proposé, une
nouvelle fois il y a peu, une semaine de préparation gratuite aux épreuves du
bac. Rassemblés au lycée Petro-Attiti, pas moins de 68 futurs candidats -
« un record » -, venus de différents établissements de
Nouméa mais aussi de Koné ou encore de Poindimié, ont reçu une aide aux
révisions fournie par des professeurs et des étudiants. « C’est
convivial, familial, souligne l’organisatrice, ils se sentent à
l’aise. »
Le
chiffre : 15
Le plus jeune candidat
cette année au baccalauréat est âgé de 15 ans. Il s’agit d’un garçon inscrit en
filière générale. Le doyen est une dame de 45 ans postulant à titre individuel.
L’ultra-motivation de
Didier, Vanuatais de Santo
Ces deux-là parlent la
même langue, celle de la volonté. Polonais, ingénieur chimiste arrivé sur le
sol français à 30 ans, Krzysztof Jelinski aide Didier Tuvuiae, l’électricien
vanuatais, à réaliser le grand saut du baccalauréat, à Nouméa. Une aide, comprise
au sens large du terme : hébergement et cours, gratuitement. Monsieur
s’occupe tout naturellement des leçons de mathématiques. Madame s’applique à la
révision du français. « Je les en remercie, sincèrement »,
confie l’Océanien, avec un trémolo dans la voix. Voilà tout simplement une
question de « devoir moral », répond le scientifique barbu, qui a dû
batailler dans sa vie, et bataille encore. Et puis « il a une telle
volonté de réussir ».
Né il y a vingt-neuf ans sur l’île
de Santo, Didier a eu son lot de coups durs, une fois son BEP électricité
« mention bien ! » empoché, là-bas, au Vanuatu. Refus
de bourses avec pourtant un papa au chômage, décès de la maman et retour à
Port-Vila après un début de formation en Nouvelle-Calédonie, échec au bac l’an
passé. « Il me manquait quelques points, deux ou trois »…
Mais le hasard lui a donné un coup de pouce, fin 2006. Un peu las, « je
voulais résilier mon contrat électricité à l’EEC (dans la capitale vanuataise)
et retourner à Santo. Lors de l’entretien, on m’a conseillé d’aller voir le
patron qui, après discussion, m’a proposé un poste de
technico-commercial. » Depuis, la compagnie le parraine pour
atteindre son objectif : « Il faut que j’aille jusqu’au
bac ! » Le soir, après son boulot d’aide électricien, Didier a
donc ouvert les livres.
En début de mois, direction la
Nouvelle-Calédonie et le GRETA, où le costaud jeune homme est inscrit en tant
que candidat libre au bac pro Electrotechnique, Energie, Equipements
Communicants. Les examens s’étaleront du 23 au 25 novembre. Krzysztof
Jelinski croise les doigts.
Si les langues, dont la
vernaculaire kiae, se croisent parfois un peu, le postulant Tuvuiae y croit dur
comme fer. Avoir ce diplôme, « ce serait une fierté vis-à-vis de ma
famille, de mon père, et de la société qui m’accompagne ».
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