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Chères, très chères études...

Mis à jour le 18/05 à 13:09 | Jean-Claude Lewandowski, Les Echos

Comment faire face à l'envolée des coûts de formation ? Comment maîtriser son inflation tout en améliorant le financement de l'enseignement supérieur ? Ces questions interpellent aussi bien les étudiants et les familles que les pouvoirs publics et les entreprises.

Le diplôme reste la meilleure protection contre le chômage et les difficultés d'insertion. A ceux qui en doutaient encore, la dernière étude du Cereq sur le placement de la promotion 2007 en apporte une confirmation éclatante : 85 % des diplômés de l'enseignement supérieur ont un emploi contre 48 % des non-diplômés. L'ennui, c'est que ce « parchemin » tend à coûter de plus en plus cher. Certes, en France, les droits d'inscription à l'université demeurent ridiculement bas -même si les exceptions ne sont pas rares (les MBA, les DU, certains masters de Dauphine...). Mais, dans les institutions privées, notamment les grandes écoles de gestion, la tendance est à l'accélération forte. En quatre ans, la hausse moyenne des frais de scolarité des « business schools » tourne ainsi autour de 40 % -bien plus que l'inflation, donc. Sans parler de certains cursus spécifiques comme les mastères spécialisés ou les MBA. Or, même avec des frais moyens de l'ordre de 7.500 euros (en 1re année), les « business schools » estiment qu'elles ne couvrent que la moitié (et parfois moins) de leur coût réel.

Tendance mondiale

Autrement dit, une bonne part des filières les plus prestigieuses et les plus efficaces (en termes d'insertion professionnelle) sont aussi celles qui affichent la plus forte inflation et les tarifs les plus élevés. Et tout indique que le mouvement ne va pas ralentir. « Or ce sont les "business schools" qui tirent l'ensemble du système. Ce sont elles qui font la tendance », rappelle Bernard Belletante, le directeur général d'Euromed Marseille.

Conséquence, un nombre croissant d'étudiants et de familles abordent désormais la question de la formation en termes de retour sur investissement : je paie 10.000 euros pour suivre ce programme, combien cela va-t-il me rapporter au plan de la rémunération et en combien de temps ? Les classements publiés par la presse anglo-saxonne favorisent d'ailleurs cette approche.

Ce phénomène de hausse n'est d'ailleurs pas propre à l'Hexagone, loin de là. Partout en Europe et dans le monde, les universités sont confrontées à des besoins financiers croissants. Or, dans le même temps, les ressources sont de plus en plus difficiles à trouver. Avec la crise, les Etats rognent sur leurs dépenses. L'enseignement supérieur, gros consommateur de ressources, est victime de coupes budgétaires, lesquelles se traduisent par des hausses massives des frais de scolarité. D'où des manifestations spectaculaires en Grande-Bretagne, des mouvements de grève en Italie... Même aux Etats-Unis, les universités doivent procéder à des réductions drastiques de leurs moyens financiers.

Sur ce point, la France fait exception : un effort considérable a été accompli ces dernières années en faveur de l'enseignement supérieur. « En 1re année, avec la loi sur les libertés et responsabilités des universités (LRU), nous avons eu de 15 % à 16 % de moyens supplémentaires, indique Axel Kahn, président de l'université Paris-V Descartes. Et, en licence, nous avons disposé de 1,8 million pour améliorer la réussite des étudiants. » Mais cet effort est encore loin d'être suffisant. Et, pour 2011, il semble déjà se ralentir.

Casse-tête

Quant aux familles, elles sont aussi soumises à de fortes contraintes : pression sur les salaires, fiscalité accrue, dépenses en hausse pour l'énergie ou la santé... Bref, la question du financement de l'enseignement supérieur tourne au casse-tête pour tous les acteurs -en France et en Europe. Le sujet, il est vrai, est sensible. Il est au coeur de préoccupations toutes plus « prioritaires » les unes que les autres : l'accès des jeunes à une qualification et à l'emploi, le niveau de vie des familles, la construction d'une société de la connaissance, le rayonnement du pays et sa capacité d'innovation, l'équilibre budgétaire, la mondialisation -sans oublier l'ouverture sociale.

Une certitude : le statu quo n'est pas tenable. Mais qui doit investir plus et sous quelle forme ? Les familles ? L'Etat ? Les entreprises ? Pour l'heure, grandes écoles et universités multiplient les fondations, qui peuvent leur fournir un complément de ressources appréciable -mais en aucun cas ne résoudront le problème. D'autres misent sur la formation continue, les contrats de recherche, voire un gonflement des effectifs... Le débat sur la quasi-gratuité des universités et des écoles publiques resurgit. « Leur financement devra être pris en charge par les familles, au moins au niveau master, estime Michel Kalika, directeur général d'EM Strasbourg. Sinon, les universités ne trouveront pas les ressources pour se développer, en France et à l'international. » D'autres proposent des réformes radicales du système éducatif. L'Edhec, par exemple, plaide pour l'instauration d'un système de prêt étudiant, remboursable en cas de réussite professionnelle. Bref, tout le monde se penche sur la question. Le coût des études et le financement de l'enseignement supérieur pourraient bien constituer un des thèmes majeurs de débat de la prochaine élection présidentielle.

JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI

 



26/05/2011
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