En Bretagne, l'"éolien participatif" tente de se frayer un chemin
Une des clés du succès de l'éolien au Danemark et en Allemagne tient à la possibilité pour les habitants de s'impliquer financièrement dans son développement. Convaincus que c'est aussi la voie qu'il faudrait suivre en France, des groupes écologistes tentent de s'inspirer de ce modèle.
Créée en
2003, l'association bretonne, Eoliennes en pays de Vilaine, a été la
première à promouvoir "l'éolien citoyen". "L'énergie éolienne
est une énergie décentralisée, explique Michel Leclercq, son
président, un ancien professeur d'arts plastiques. Il faut permettre
aux collectivités et aux riverains d'en prendre la maîtrise. En gérant
des projets, les gens s'aperçoivent que produire de l'électricité coûte
cher, et il est ensuite plus facile de faire passer le message sur la
nécessité des économies d'énergie."
L'association a mené des études pour identifier des sites adéquats autour de Redon (Ille-et-Vilaine). Leur coût de 300 000 euros a été supporté par certains de ses membres, des groupes de finance solidaire Cigales, et le conseil général de Loire-Atlantique. Deux sites ont été retenus et des permis de construire ont été déposés en 2008, à Béganne (Morbihan) et à Guenrouët (Loire-Atlantique). L'autorisation d'installer quatre éoliennes de deux mégawatts à Béganne a été obtenue en juillet 2009. Reste à boucler le montage financier de l'investissement, qui s'élève à 12 millions d'euros.
Il manque un soutien clair
Une grande partie sera financée par emprunt bancaire. L'apport en fonds propres sera assuré par un appel public à l'épargne des particuliers qui devra, au préalable, être autorisé par l'Autorité des marchés financiers. Les collectivités locales (conseil régional, communauté de communes) et la Caisse des dépôts et consignations seront aussi sollicitées. "C'est un long parcours, indique Pierre Cordier, salarié de l'association. Il faut être des gens persévérants, mais l'engagement collectif permet de ne pas baisser les bras devant les difficultés."
Si tout va bien, Béganne inaugurera en 2011 ou 2012 le premier parc éolien "citoyen" de France. Les bénéfices devraient financer des actions d'économie d'énergie. L'initiative suscite déjà des émules, dans les Ardennes, sur le Larzac ou dans la Vienne. Il manque cependant un soutien clair de la loi et des autorités à cette approche collaborative. Des élus alsaciens ont tenté de la faire reconnaître. "Les économies d'énergie sont un des grands secteurs créateurs d'emplois pour l'artisanat local. Les revenus des éoliennes pourraient permettre de stimuler cette filière", explique Jean Vogel, maire de Saales (Bas-Rhin), qui plaide avec d'autres élus pour que leur soit donnée la possibilité de créer des sociétés d'économie mixte qui investiraient dans les parcs éoliens. Au printemps, ils avaient convaincu le député Antoine Herth (UMP) de déposer des amendements en ce sens lors de la discussion de la loi Grenelle 2.
Mais ces propositions n'ont pas été discutées, le rapporteur du texte de loi, Serge Poignant, et le président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier, ayant estimé, selon M. Herth, "qu'elles impliquaient de trop lourdes obligations pour les porteurs de projet".
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