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Facebook à Washington : Obama et Zuckerberg, l'amitié intéressée

Le premier a besoin du réseau social pour se faire réélire en 2012 ; le second, de lois clémentes sur la protection de la vie privée.

Barack Obama enlève sa veste, avec Mark Zuckerberg (Facebook), à Palo Alto, le 20 avril 2011 (Jim Young/Reuters).


Que se passe-t-il entre Mark Zuckerberg et Barack Obama ? Le président des Etats-Unis multiplie les égards envers le jeune CEO de Facebook ; en février, il l'invitait à la Maison Blanche pour un dîner en petit comité avec d'autres grands patrons de la high-tech américaine.

Mercredi 20 avril, il était au QG de Facebook à Palo Alto, en Californie, pour participer à une réunion publique avec les employés et les utilisateurs du réseau social autour de son plan de réduction du deficit.

« Bonjour, je suis Barack Obama, le gars qui a réussi à faire porter une veste et une cravate à Mark », a-t-il plaisanté pendant l'événement diffusé par vidéo sur Facebook et animé par Zuckerberg – faisant allusion à la tenue d'ordinaire décontractée de l'entrepreneur.

En clôture, le fondateur de Facebook lui a offert un « hoodie » (sweatshirt à capuche) estampillé du logo de la compagnie.

Près de la Maison Blanche, un bureau de lobbying Facebook

Pour plusieurs sites de high-tech et groupes spécialisés dans la surveillance du lobbying, cet épisode cristallise le rapprochement entre le président américain et le jeune CEO de Facebook ; représentant une étape importante dans la conquête de Washington par la compagnie.

En 2008, le réseau social a ouvert un bureau de lobbying près de la Maison Blanche et organise régulièrement des sessions de présentation de Facebook pour les membres du Congrès et les agences de renseignement. Selon un article de Time Magazine, il s'agit notamment d'« éduquer » les parlementaires aux bienfaits de Facebook en terme de communication électorale et de relations quotidiennes avec les électeurs.

D'après le site TechCrunch, qui cite des documents du Sénat américain sur le lobbying, sept champs d'action sont concernés par l'action de Facebook, parmi lesquels la réforme du système de brevet, la cybersécurité ou encore les régulations internationales sur les compagnies internet.

L'an dernier, l'entreprise de Palo Alto a investi plus de 351 000 dollars dans son équipe de dix lobbyistes à Washington (contre 208 000 dollars en 2009) selon le site de « monitoring » des lobbies Open Secrets – à titre de comparaison, Google avait dépensé 180 000 dollars la deuxième année de sa présence à Washington.

Facebook s'est même offert le luxe de recruter, il y a deux ans, un de ses opposants : Timothy Sparapani, avocat à l'Association de défense des libertés civiles Aclu et farouche détracteur de Zuckerberg, a rejoint l'équipe de Washington.

Selon Dave Levinthal, porte-parole du Center for Responsive Politics, une organisation qui surveille les pratiques de lobbying à Washington :

« Cela veut dire que Facebook est maintenant un acteur politique mature à Washington. »

La « leçon Microsoft » contre un Congrès vigilant

Facebook a appris la « leçon Microsoft ». Le géant de l'informatique avait commencé son effort de lobbying relativement tard, après avoir été la cible en 1998 d'une plainte du Département de la justice et vingt Etats américains pour sa violation du Sherman Act contre les monopoles.

Sentant les restrictions réglementaires se ressérer – Obama a, par exemple, récemment soutenu l'idée d'une charte des droits des consommateurs d'Internet – les spécialistes de la high-tech suggèrent que Facebook préfère agir avant que ne s'empilent ces méchantes lois relatives à la collecte et le partage des données des utilisateurs, qui empêchent de dénicher de nouveaux annonceurs.

D'autant que le réseau social est régulièrement épinglé par Washington pour les changements impromptus de ses paramètres d'utilisation.

L'an dernier, son système « Instant Personalization » qui permettait à des partenaires d'utiliser les informations d'utilisateurs pour une navigation personnalisée sur leur site, avait provoqué un tollé dans les couloirs du Congrès et l'envoi à Zuckerberg de plusieurs lettres incendiaires de la part de parlementaires.

« Une relation aussi confortable avec Zuckerberg » ? Dangereux…

Pour Jeffrey Chester, directeur du Center for Digital Democracy et un des critiques de Facebook, le réseau social compte aussi sur les législateurs américains pour faciliter la pénétration du réseau sur les marchés européens et asiatiques à travers la négociation de traités avantageux.

« Facebook espère que l'administration Obama le défendra à l'international et pourra lui permettre de poursuivre son business sans être inquiété. »

Jeffrey Chester poursuit :

« Facebook est une compagnie très puissante. Il est dangereux que Barack Obama commence une relation aussi confortable avec Zuckerberg. C'est une relation malsaine. »

L'assaut de Facebook sur Washington est d'autant plus facile que chaque parlementaire et agence fédérale a au moins une page sur le réseau social.

Le président américain lui-même en a fait un support majeur de sa campagne électorale en 2008 et fera vraisemblablement de même pour sa réélection. Le mois dernier, son épouse et lui ont d'ailleurs posté une vidéo sur Facebook annonçant la tenue à la Maison Blanche d'une réunion sur le harcèlement des jeunes. Le Président a conclu son message en disant :

« Vous pouvez participer à la conversation en ligne, trouver des ressources et faire partie de cette campagne grandissante sur www.stopbullying.gov. Ou ici sur Facebook. »

Zuckerberg n'aurait pas rêvé meilleur com.



27/04/2011
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