Fillon veut la fin de la crise
Le Premier ministre a reçu les groupes politiques avant la tenue du Comité des signataires. Objectif : siffler la fin de la partie en Nouvelle-Calédonie pour continuer sur la voie de l’accord de Nouméa.
Dans un « climat détendu et de grande franchise », François Fillon a aussi su se montrer ferme lors de ses entretiens avec les groupes politiques calédoniens, qu’il a reçus trois jours durant pour préparer le prochain Comité des signataires.
Si pour la première fois le Premier ministre s’est saisi du dossier calédonien avant même la réunion du Comité, c’est parce que l’Etat estime que la Nouvelle-Calédonie traverse une crise politique. Il ne s’agissait pas d’une simple attention ou d’un privilège, comme l’ont laissé entendre des représentants de partis politiques en sortant de Matignon.
Enjeu. Ces rencontres avaient notamment pour objet de « définir les modalités pour mettre un terme à la crise politique qui s’est produite en Nouvelle-Calédonie depuis février dernier, crise politique qui s’est traduite par l’impossibilité de constituer un gouvernement stable » a indiqué le Premier ministre. Le Congrès se réunira le 10 juin pour élire un nouveau gouvernement. Pour François Fillon, il n’est pas question de le voir tomber. Il a averti les délégations, et évidemment, bien qu’il ne le cite pas, plus particulièrement Philippe Gomès : « J’ai dit à mes interlocuteurs le souhait très ferme que ce gouvernement dispose d’une stabilité nécessaire pour gérer les affaires de la Nouvelle-Calédonie afin que nous puissions poursuivre ensemble la mise en œuvre de l’accord de Nouméa. » Le Premier ministre veut que les principes de collégialité et de proportionnalité soient respectés. Il a rappelé sa position en espérant mettre un terme définitif à la stratégie de Calédonie ensemble : « Le blocage ne justifie pas la dissolution. »
Le blocage ne justifie pas la dissolution.
Au-delà de la mise en garde politique, François Fillon et Marie-Luce Penchard vont mettre en place une soupape de sécurité juridique en modifiant l’art 121 de la loi organique. La version sur laquelle le Congrès a été appelé à donner un avis le 6 mai ne changera pas sur le fond. En clair, elle ne sera pas durcie, bien que le RUMP et l’UC souhaitaient verrouiller le dispositif en cas de démission de membres du gouvernement. L’Etat considère que cette proposition risquait d’être censurée par le Conseil constitutionnel.
Comité. François Fillon a donné les grandes lignes de l’ordre du jour du Comité, qui se déroulera fin-juin début juillet. Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de Nouméa, il abordera « la question centrale du transfert des compétences ». « Il fera aussi le point sur les initiatives importantes prises en 2010 », a indiqué le Premier ministre. Il s’agit du bilan de l’accord, l’évolution de la filière nickel et les perspectives concernant l’après-2014. A priori, malgré le souhait de
Philippe Gomès, le drapeau commun ne sera pas à l’ordre du jour du Comité. « C’est un sujet emblématique, qui prend aux tripes les uns et les autres. Il nécessite un peu de temps pour mûrir », a souligné le haut-commissaire Albert Dupuy. Enfin, François Fillon a décidé d’élargir la composition du Comité des signataires : « Seront désormais associés les groupes politiques constitués au Congrès pour tenir compte de l’évolution en Nouvelle-Calédonie et de l’expression démocratique. »
D.M. (Agence de presse GHM)
Les réactions
« Lors de l’avis du Congrès, je me suis aperçu qu’une alliance s’est créée pour faire remplacer l’esprit consensuel de l’approche océanienne de notre vivre ensemble par l’idée de majorité. Il y a une dérive. Il ne faut pas que le comité et l’accord soient instrumentalisés. Le Premier ministre nous a dit qu’il est sur l’accord de Nouméa, la collégialité et la prise en compte de l’approche océanienne de la démocratie. »
« L’Etat a réagi fortement aux difficultés que la Nouvelle-Calédonie a connues ces dernières semaines. C’est la preuve de toute l’attention qu’il nous porte. On a beau retourner l’article 121 dans tous les sens pour trouver la meilleure formule, c’est extrêmement difficile. Il faut pouvoir être sûr que quelques-uns ne s’amusent pas à faire tomber le gouvernement. Notre système est unique au monde, consensuel. Notre gouvernement doit fonctionner dans le cadre de la collégialité et du consensus. »
« Nous avons surtout demandé au Premier ministre que l’Etat continue, avec nous, à préserver les fondamentaux de l’accord de Nouméa. Nous avons soutenu la proposition de modification de la loi organique faite par l’Etat qui préserve dans l’article 121 la possibilité pour les groupes minoritaires de retrouver leur place au sein du gouvernement. Il faut respecter la collégialité. Nous avons averti le Premier ministre que la venue de Nicolas Sarkozy en Calédonie ne doit en aucun cas servir à venir annoncer une solution qui n’a pas été discutée par les Calédoniens. »
« Nous avons dit qu’il était nécessaire de modifier l’article 121 compte tenu qu’actuellement, avec six élus, on peut avoir un membre au gouvernement et le faire tomber à répétition. Bien que nous reconnaissions l’importance des signataires historiques, il est absolument nécessaire que ce Comité soit ouvert aux autres formations, parce qu’au fil du temps, il y a un émiettement des partis loyalistes et indépendantistes. Il faut en tenir compte. »
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