France Culture à l'écoute de la Nouvelle Calédonie
Article paru dans le quotidien "Le Monde" daté du 17/08/2008.
Il y a vingt ans, les accords dits "de Matignon" mettaient fin à une longue période d'affrontements, parfois sanglants, en Nouvelle-Calédonie. Ces accords de paix ont permis, depuis 1988, un rééquilibrage politique et économique entre les différentes composantes de l'île.
Les Kanak, qui forment 40 % à 45 % de la population, ont désormais acquis des droits politiques et sociaux. Ils profitent aussi des bénéfices tirés de l'exploitation du nickel, la forte demande mondiale ayant fait grimper les cours de cette ressource. Grâce à cette industrie, c'est d'ailleurs toute l'île qui connaît une ère de prospérité.
Car pour les Caldoches - les Néo-Calédoniens d'origine européenne - comme pour les Kanak, l'heure est à la redéfinition des identités. Les premiers commencent à raconter l'histoire de leurs ancêtres. Beaucoup étaient des condamnés de droit commun envoyés purger leur peine à 20 000 kilomètres de la métropole. Mais, comme le note avec humour une arrière-petite-fille de bagnard, "tout le monde se dit issu des gardiens du bagne". Pendant longtemps, ajoute-t-elle, "on ne se mariait pas entre descendants de libres et descendants de pénaux".
LE "VIVRE ENSEMBLE"
Le centre culturel Jean-Marie Tjibaou, splendide bâtiment construit par l'architecte Renzo Piano, accueille, entre autres, les artistes kanaks actuels. "Son existence au coeur même de Nouméa est un acte de décolonisation", estime Wallès Kotra, directeur de la chaîne France Ô. "Il marque l'intégration de la présence kanak dans le processus de transformation de l'île", estime le chercheur Alban Bensa. La plasticienne Paula Boi défend, elle, la rencontre de la culture traditionnelle avec les courants artistiques contemporains : "Je suis une Kanak d'aujourd'hui."
Cette société se débat avec les enjeux du "vivre ensemble". Au-delà du slogan officiel, élus locaux, prêtres et pasteurs, chefs coutumiers et militants associatifs donnent leur avis. Des squats où s'entassent les immigrés venus des îles pauvres du Pacifique aux mines qui recrutent l'élite des ingénieurs internationaux, l'écart est immense, à l'image du monde d'aujourd'hui. "Entre Européens et Kanak, on se côtoie, on travaille ensemble, mais on mène des vies parallèles", reconnaît un Caldoche.
"Nouvelle-Calédonie, terre de défis", du lundi 18 au vendredi 22 août de 9 h 05 à 12 h 30 sur France Culture : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/sommaire/
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