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Jour de gloire pour Temaru

Publié le lundi 22 août 2011 à 03H00, Les Nouvelles Calédoniennes.

 

L’Assemblée a voté, jeudi, pour la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser. Un jour historique pour son président, l’indépendantiste convaincu Oscar Temaru.

Oscar Temaru, leader indépendantiste et président de la Polynésie, peut aujourd’hui se targuer d’avoir réussi à mobiliser une courte majorité politique autour de son projet.

 

L’indépendance, c’est son cheval de bataille depuis bientôt plus de trente ans. Pour Oscar Temaru, l’adoption par l’Assemblée jeudi, de la résolution demandant la réinscription de la Polynésie sur la liste de l’ONU des pays non autonomes à décoloniser est un jour historique Par 30 voix sur 57, l’Assemblée a voté pour soumettre cette requête au secrétaire général des Nations unies et « appelle le président de la République à bien vouloir faciliter cette réinscription ».

Démagogie. Les autonomistes considèrent la réinscription comme « un premier pas vers l’indépendance », tandis que la majorité, essentiellement composée d’indépendantistes, juge qu’elle permettrait « des relations assainies avec l’Etat », grâce « au regard extérieur de l’ONU », sans envisager pour autant une accession rapide à l’indépendance.
Dans son discours, le président Oscar Temaru s’est inspiré du processus « à la calédonienne », tout en ayant à coeur « d’éviter un bain de sang », en référence aux événements d’Ouvéa en 1988. M. Temaru a, également, regretté que Nicolas Sarkozy se soit opposé à toute perspective de « processus de décolonisation ».
Dans un entretien à la Dépêche de Tahiti en juillet, le chef de l’Etat avait, en effet, affirmé : « tant que je serai président de la République, je protégerai les Polynésiens contre cette démagogie. » « Monsieur le président de la République, quand il va en Palestine, reconnaît le droit du peuple palestinien à son autodétermination, à sa patrie, a déclaré Oscar Temaru. « Il faut être cohérent, la France […] a soutenu tous les pays qui ont accédé à l’indépendance. Et pourquoi pas notre pays ? ».

Dictature. L’opposition autonomiste a regretté que le gouvernement de Papeete se concentre « sur des calculs politiques, idéologiques ou électoralistes » plutôt que sur la grave crise économique polynésienne.
Le sénateur (DVD, ex-UMP) autonomiste Gaston Flosse s’est ainsi inquiété d’une « dictature » qui pourrait découler de l’indépendance, référence à la confusion qui a entouré le vote, une partie de l’opposition n’ayant pu s’exprimer en séance. Gaston Flosse a, également, appelé à l’organisation d’un référendum sur l’indépendance. Oscar Temaru ne s’y est pas opposé, à condition de réserver le vote à ceux qui « ont au moins dix années de résidence en Polynésie ».
La demande de réinscription sera présentée par M. Temaru au forum des îles du Pacifique en septembre à Auckland (lire ci-dessous).
Elaborée en 1946, cette liste compte 16 territoires : la Nouvelle-Calédonie, Tokelau (Nouvelle-Zélande), le Sahara occidental (Maroc et République arabe sahraouie démocratique, autoproclamée), les Samoa américaines, Guam, les îles Vierges américaines (USA), les îles Pitcairn, Anguilla, les Bermudes, les îles Vierges britanniques, les Caïmans, les Malouines, Gibraltar, Montserrat, Sainte-Hélène, Turques-et-Caïques (Royaume-Uni). La Polynésie figurait sur la liste élaborée en 1946, mais en fut retirée l’année suivante.

 

L’essentiel

  • L’Assemblée de Polynésie a adopté la résolution pour la demande de la réinscription du pays sur la liste des pays à décoloniser hier matin, après plus de trois heures de débat, avec 30 voix pour, une abstention et 26 voix contre.
  • Malgré la réticence de la Nouvelle-Zélande, la résolution a été ajoutée à l’agenda du forum du Pacifique qui se déroulera en septembre à Auckland.
  • Ce vote n’est que le début d’un long processus avant que la Polynésie ne soit inscrite sur cette fameuse liste.

Repères

D’abord le Forum. Selon Oscar Temaru, « au départ opposée à cette inscription à l’agenda du Forum, la Nouvelle-Zélande a elle-même demandé à ce que le secrétariat du Forum prépare un dossier d’étude préalable qui sera transmis à tous les leaders présents au sommet ». De quoi ravir le président qui sait que si la Polynésie arrive à décrocher le soutien des pays membres, la question de sa « décolonisation » prendra une portée internationale.

Les finances avant. La ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, a vivement rappelé, dans un communiqué, que la Polynésie bénéficiait d’une « très large autonomie » dont l’Etat est le garant et que « rien ne permet(tait), à ce stade, de considérer que les populations aient remis en cause de façon démocratique leur volonté d’appartenance à la France ». Mme Penchard estime que le gouvernement local devrait « prioritairement » s’atteler « au redressement des finances publiques ».

Avec La Dépêche de Tahiti



22/08/2011
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