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La révolution du monde arabe guette le Pacifique


Un nouveau rapport de l’Institut de recherche en politiques publiques du Pacifique souligne que l’Australie, pays phare de la région, devrait surveiller davantage les démocraties des pays océaniens pour éviter une fronde de leur jeunesse.

La révolution, sur le modèle du soulèvement du monde arabe, gagne rapidement du terrain. La Tunisie a allumé l’étincelle et c’est, aujourd’hui, toute la Méditerranée qui s’embrase.
C’est en analysant cette contagion que l’Institut de recherche en politiques publiques du Pacifique s’est penché sur un éventuel soulèvement démocratique dans le Pacifique. Fruit de cette réflexion, le rapport Tremblement de jeunesse : est-ce que la démocratie mélanésienne sera victime de la démographie ? souligne que les aspects autocratiques et les dysfonctionnements politiques dans plusieurs nations océaniennes (de Fidji en passant par la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Vanuatu), pourraient conduire la jeunesse du Pacifique, en pleine explosion démographique, à se rebeller.
Pour Ben Bohane, journaliste et directeur de l’Institut de recherche en politiques publiques basé au Vanuatu, « la démocratie en Mélanésie a tendance à devenir une démocratie sous contrôle, une démocratie bridée. »
Un régime politique qui se rapproche de ceux mis en place dans le monde arabe : une dictature déguisée et autorisée. « La Papouasie-Nouvelle-Guinée tient davantage d’une autocratie proche de la “kleptocracie” ; ce qui signifie un système corrompu alimenté par la cupidité ou un gouvernement qui s’enrichit avec des impôts exorbitants », ajoute le spécialiste.
Il suffit, en effet, de suivre l’actualité politique dans la région pour s’apercevoir que les systèmes parlementaires des pays mélanésiens, voire polynésiens, ont du mal à fonctionner avec guère de différence entre l’opposition et la majorité, les changements d’allégeance qui tournent comme une girouette et les motions de censure qui se succèdent.

Droits bafoués, électeurs frustrés

« Il est temps d’appeler à un véritable dialogue national dans tous ces pays pour essayer de prendre un peu de recul et d’analyser le système de gouvernement tel qu’il est actuellement. Et ce, avant qu’il ne soit trop tard », explique Ben Bohane. 
La jeunesse du monde arabe se sent pousser des ailes. De loin, les pays observent avec envie ces populations qui ont, au péril de leur vie, fait « tomber le mur de la peur » pour gagner une véritable démocratie.
« Chaque jour, les éditoriaux sont remplis de lettres d’électeurs frustrés et en colère qui se plaignent en disant qu’ils ont élu un député au Parlement il y a quelques années et qu’ils ne l’ont plus revu depuis... Il faut réduire le fossé qui sépare les politiques et des électeurs », précise l’analyste qui voit en la frustration politique le principal motif « d’une révolution dans le Pacifique ».
« Les droits sont bafoués, les promesses électorales ne sont pas tenues, les gouvernements sont instables... En Papouasie-Nouvelle-Guinée ou au Vanuatu, certaines initiatives politiques font que le leadership renforce son emprise sur le système et devient moins ouvert à l’obligation de rendre des comptes », constate le journaliste.
La plupart des pays mélanésiens de la région ont maintenant de trente à quarante ans d’indépendance derrière eux et pour Ben Bohane, l’heure est à la maturité.
« L’heure est venue d’établir un dialogue national et peut-être même régional pour essayer de planifier l’avenir et prendre en compte les pressions : sur les terres, l’accroissement démographique, l’urbanisation… Je pense qu’en général les gens sont en faveur du système démocratique, mais le manque de services gouvernementaux, les sempiternelles motions de censure commencent véritablement à saper la confiance des gens dans ce système. »

Avec Radio Australie



29/03/2011
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