Le bel avenir du septième art mélanésien
La journée de samedi a été marquée par l’ouverture officielle du Festival international du film documentaire océanien (Fifo) « hors les murs », qui est accueilli pour la première fois à Maré.
La
délégation s’est rendue pour le geste coutumier à la chefferie de
Tadine, puis devant la mairie, où s’est déroulée l’ouverture proprement
dite, en présence notamment des autorités coutumières et avec les
interventions du maire, Basile Citré, des responsables de RFO, Bernard
Joyeux et Patrick Durand-Gaillard, et du président du Fifo, Wallès
Kotra.
Pour ce dernier, originaire de Tiga, cette étape maréenne
prend évidemment une signification toute particulière. Il s’agit de
faire rayonner les « cultures océaniennes en voie de disparition »
dans le tourbillon de la mondialisation et de les faire vivre pour et
par les acteurs locaux, afin de mettre en connexion traditions du passé
et défis de l’avenir.
La toute jeune association Hna Wala Inu (que l’on pourrait traduire par « en suivant mes traces »), menée par Elie Peu, en a profité pour présenter ses objectifs : ne plus se contenter de « subir l’image
» mais tenter de la maîtriser, de mettre en place les structures qui
facilitent les projets, d’encourager la production de petites
réalisations, mais aussi de recueillir le patrimoine culturel de Maré.
Il s’agit également de démocratiser l’outil audiovisuel.
Les danseurs
de Wakone ont rythmé la cérémonie d’ouverture et ont symboliquement
rappelé la place de la tradition dans la culture maréenne.
Le
festival a été inauguré par la projection du film En Pays Nengone,
d’Elie Peu. Le film, qui part à la rencontre de Maréens dans leurs
activités traditionnelles et leur vie quotidienne a suscité chez les
spectateurs beaucoup de fierté, d’émotion et de joie, lorsque l’on
reconnaît un proche par exemple. Bref, il n’a laissé personne
indifférent.
Faire rayonner les cultures océaniennes en voie de disparition dans le tourbillon de la mondialisation.
Faire rayonner les cultures océaniennes en voie de disparition dans le tourbillon de la mondialisation.
De manière générale, le programme est assez large et comporte des
films qui portent sur les enjeux contemporains du Pacifique. Beaucoup
ont une dimension engagée sur la protection des minorités ou des
peuples, comme Justice Diari (Nouvelle-Zélande), Bastardy (Australie) ou
Noho Hewa (Hawaï), ou encore les enjeux du développement, comme
Sevrapek City (Vanuatu) ou Eco-Crimes.
En plus d’Elie Peu, des
réalisateurs sont venus présenter leurs œuvres et en débattre avec le
public. C’est le cas de Brigitte Whaap, avec son film Cannibales,
retraçant le contexte de la fameuse exposition coloniale de 1931 par le
biais de l’itinéraire et des recherches de Wasapa Kaloi, descendante
métropolitaine d’un de ces exilés drehu qui a, à l’époque, été forcé de
jouer le cannibale derrière les grilles du zoo de Vincennes.
Moana
Sinclair, réalisatrice maorie, est venue au festival présenter Justice
Durie, sur le juge Edward Taihakurei Durie et son combat pour la cause
maorie. Malgré l’exigence du film et la difficulté d’appréhender le
contexte néo-zélandais, les débats ont porté sur les liens entre le
combat pour la reconnaissance des droits coutumiers des Maoris en
Nouvelle-Zélande et celui des Kanak.Enfin, la journée s’est achevée par
une séance d’information et un débat autour de l’arrivée prochaine de la
télévision numérique terrestre. Bernard Joyeux, directeur régional de
RFO, et Patrick Durand-Gaillard, directeur des antennes, ont insisté sur
la portée culturelle de cet événement pour la chaîne en particulier et
pour le pays en général : RFO se devra de présenter davantage de
productions locales, ce qui pose le problème de la production que des
initiatives locales et privées devront alors assurer.
Les projections
se poursuivront jusqu’à mercredi et se délocaliseront sur le site de
Tadurem, pour se fondre avec le Festival des arts mélanésiens, qui y
prendra ses quartiers la semaine prochaine.
« Laisser la parole aux gens »
Questions à... Elie Peu, réalisateur.
- Les Nouvelles calédoniennes : Quelle a été votre approche pour mener à bien votre film, en pays nengone ?
Elie Peu : Il faut de la patience. Pour réaliser le film, j’ai dû partir à la rencontre des gens et faire de longs repérages pour rechercher des profils et les définir. Il fallait laisser la parole de ces Maréens se libérer. Au final, les gens de Maré ont progressivement oublié la caméra et se sont ouverts avec beaucoup de naturel.
- Quel est l’objectif de ces « rencontres » filmées ?
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 209 autres membres