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Le sport, un outil de développement et de paix ?

Sport et Citoyenneté | 24.12.10 | 12h58  •  Mis à jour le 24.12.10 | 14h39

 

Le sport peut-il influencer les comportements et le changement social dans les pays en développement ? Une question à laquelle l'ONG Right to Play répond depuis dix ans, en menant des actions de terrain aux quatre coins du globe. Son président et directeur général Johann Olav Koss présente son organisation.


Vous êtes le président fondateur de Right to Play, une organisation humanitaire internationale utilisant le sport pour le développement et la paix. Comment et pourquoi avez-vous créé cette structure ?

En 1993, un voyage en Afrique de l'Est a changé ma vie. Je visitais l'Erythrée en tant qu'athlète ambassadeur pour Olympic Aid et cette expérience m'a permis de découvrir le pouvoir du sport, l'impact positif qu'il pouvait avoir dans les communautés les plus défavorisées. En me promenant dans la capitale, Asmara, j'ai vu des bâtiments couverts d'affiches de martyrs de guerre morts durant la guerre civile. J'ai remarqué un groupe de garçons réunis autour de ces affiches qui admiraient ces hommes. J'ai réalisé que ces soldats, pas beaucoup plus âgés qu'eux, étaient leurs héros. Tout à coup, une équipe de cyclistes a traversé la rue à pleine vitesse. Les enfants ont immédiatement perdu tout intérêt pour les affiches et ont suivi, très excités, ces athlètes, en applaudissant et en riant.

J'ai pensé alors : et si ces enfants pouvaient prendre ces athlètes – pas des soldats – comme héros ? Et si nous utilisions le sport pour montrer à ces enfants que le courage, la persévérance et le dévouement – non les armes – les rendront plus forts ? Que l'équité, le respect de l'adversaire et la négociation sont la voie de la résolution des conflits – non la violence ? Aujourd'hui, Right to Play est la première organisation internationale humanitaire et de développement à utiliser le sport et le jeu comme des outils pour impacter les comportements et le changement social dans les pays d'Afrique, d'Asie, du Moyen-Orient et d'Amérique du Sud. Nous formons des entraîneurs et des dirigeants locaux à mettre en œuvre des programmes visant à développer des compétences de base, à prévenir les maladies, à enseigner la résolution des conflits et à insuffler l'espoir.

 

Vous êtes un immense champion, quadruple champion olympique en patinage de vitesse. Quelle fut la place du sport dans votre vie ? Que vous a-t-il apporté ?

Mes expériences avec le sport ont été parmi les plus enrichissantes de ma vie. Non seulement j'ai été en mesure d'atteindre mes objectifs personnels, mais j'ai été aussi inspiré par l'incroyable opportunité de rassembler les athlètes et d'utiliser nos voix pour apporter un changement réel dans le monde. J'ai grandi en étant passionné de sport – si passionné que j'ai consacré une bonne partie de ma jeunesse à l'entraînement et à la compétition. En grandissant à Oslo (Norvège), j'ai eu la chance de pouvoir participer à de nombreuses activités sportives et d'avoir accès aux meilleurs entraîneurs et modèles au cours de ma formation. Ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai réalisé que c'était un privilège.

Aux JO de Lillehammer en 1994, j'ai gagné trois médailles d'or en patinage de vitesse (1 500 m, 5 000 m et 10 000 m), battant les records du monde dans les trois catégories. Cela a été un grand accomplissement pour moi sur le plan personnel, mais pas aussi significatif que ce que j'ai pu réaliser en utilisant l'attention des médias pour parler d'un message plus profond. J'ai reversé l'argent reçu pour mes médailles à Olympic Aid et ai invité mes camarades athlètes à donner de l'argent pour chaque médaille d'or gagnée durant les Jeux. Nous avons récolté 18 millions de dollars, qui ont été utilisés pour construire des hôpitaux et des écoles et soutenir les programmes pour les réfugiés et les enfants vivant avec un handicap.

 

"NOUS POUVONS TOUS CONTRIBUER À CET EFFORT"

La gouvernance est une question très sensible dans le sport d'aujourd'hui. Comment parvenez-vous à engager les principaux décideurs du développement, du sport, des affaires, des médias et des gouvernements dans les programmes de Right to Play et à les faire travailler ensemble ?

Alors que nous célébrons le 10e anniversaire de Right to Play, je suis fier des immenses progrès que nous avons accomplis en tant que pionniers dans le domaine du sport pour le développement. Right to Play est une force établie dans le plaidoyer international au nom du droit de chaque enfant à jouer. Nous avons eu l'occasion d'apporter d'importantes contributions à des initiatives très médiatisées, comme le Groupe de travail international pour le sport pour le développement et la paix (désormais supervisé par l'ONU), la Clinton Global Initiative, les Young Global Leaders ou encore United Against Malaria. Right to Play a également coorganisé juste avant les JO de Vancouver un dialogue de haut niveau sur le sport pour le développement.

Le soutien des gouvernements est crucial pour nos programmes et donc pour la santé future des enfants dans le monde. Ils ont fourni un appui à travers des changements de politiques, la participation à des groupes de travail et des contributions financières à nos programmes. Les Athlètes Ambassadeurs sont une autre source importante de soutien pour notre mission et nos programmes. Plus de 400 athlètes olympiques et professionnels internationaux se font les porte-parole de Right to Play, sensibilisent à l'impact positif que le sport peut avoir sur la vie des enfants et servent de modèles lors de visites dans les écoles et les communautés du monde entier.

 

Selon vous, quel est le rôle du sport dans le processus du développement international ?

Je crois que le sport est l'un des meilleurs moyens pour apporter de la joie aux enfants partout dans le monde. Mais le succès de Right to Play va bien au-delà. Nous avons obtenu des résultats incroyables dans le développement holistique de l'enfant, l'éducation de base, la construction de la paix, la résolution des conflits, la promotion de modes de vie sains et la prévention des maladies.

Le sport est particulièrement efficace quand il s'agit de changer le comportement des enfants et des jeunes. C'est un langage universel à travers les frontières ethniques et culturelles, avec le pouvoir naturel de rassembler les gens dans les conflits. Comme activité populaire auprès des jeunes, il a la capacité de communiquer avec des personnes qui ont été exclues du système éducatif traditionnel. Le sport et le jeu fournissent un environnement sûr pour discuter de questions sensibles avec des adultes de confiance. J'espère sincèrement que nous pouvons tous contribuer un tout petit peu à la réussite de cet effort important, parce que nous savons tous que lorsque les enfants jouent, le monde gagne.

 

Johann Olav Koss (président et directeur général Right to Play, www.righttoplay.com)



26/12/2010
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