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Le "super Wi-Fi", nouvel outil du haut débit "pour tous"

Le Monde.fr |11.10.2012 à 19h54 • Mis à jour le11.10.2012 à 19h54

Par Guénaël Pépin

Une antenne Wi-Fi fixée sur un pylone.

L'Internet sans fil sur plusieurs dizaines de kilomètres arrive en France, avec le "super Wi-Fi". Le régulateur des télécoms, l'Arcep, a annoncé (PDF), lundi 8 octobre, avoir autorisé à l'opérateur Infosat une première expérimentation de cette technologie. Développée depuis dix ans par le centre de recherche canadien sur les communications et standardisée en 2011 par l'instance mondiale de promotion des normes réseaux (IEEE), la technologie utilise les fréquences TNT inutilisées pour diffuser les données en très haut débit.

En France, cette technologie suscite l'intérêt des opérateurs spécialisés dans la couverture de ces "zones blanches" inéligibles à l'ADSL – 265 000 lignes fin 2011 – et des zones grises au débit réduit (moins d'1 Mb/s). Il faut dire que les objectifs en la matière sont ambitieux. Le plan national très haut débit du gouvernement, attendu pour la fin de l'année, promet ainsi le haut débit "pour tous" en 2017 (de 3 à 5 Mb/s) et le très haut débit (jusqu'à 100 Mb/s) en 2022. L'une des clés de cette couverture, selon le gouvernement, est le "mix technologique", dans lequel s'imbriqueront plusieurs réseaux complémentaires, filaires et sans fil.

 


EXPLOITER DE NOUVELLES FRÉQUENCES

Un "pragmatisme" technologique que revendique David El Fassy, président d'Altitude Infrastructure, opérateur spécialisé dans la couverture des zones peu denses, notamment grâce aux technologies radio. "Nous avons déjà échangé avec l'Arcep sur le 'super Wi-Fi', en mai ou juin. L'avantage de la bande de fréquence [de la télévision] est qu'elle parcourt de grandes distances et est très pénétrante, ce qui pourrait être une très bonne chose pour la ruralité", explique le responsable.

"Il reste pourtant la question du coût et des conditions d'exploitation des fréquences, qui détermineront sa viabilité économique", pondère David El Fassy. "Si c'était une solution miracle, je pense que nous en parlerions plus. Le seul intérêt que j'y vois est l'ouverture à ces fréquences basses, bien en dessous de celles du Wimax [utilisé pour les réseaux sans fil régionaux]. Les opérateurs de réseaux Wi-Fi, comme Infosat, cherchent de nouvelles fréquences, celles du Wi-Fi étant saturées."

Pour l'opérateur, "toute bonne solution est bonne à prendre", comme le Wimax, premier eldorado des réseaux sans fil pour les zones rurales, qui avait pourtant rapidement déçu ses exploitants. L'entreprise lance donc tout de même "le premier déploiement de réseau de montée en débit en Wimax à l'échelle d'un département", explique ainsi le responsable, qui promet des débits de 10 Mb/s, suffisants pour des offres triple play avec Internet, téléphonie et télévision. Un projet du même ordre avait déjà été réalisé par l'entreprise dans les Pyrénées-Atlantiques, avec de grandes promesses économiques, qui n'ont pas été tenues.

 

UNE "USINE À GAZ" ?

Dans le cas du "super Wi-Fi", les fréquences basses de la TNT se diffusent facilement sur de grandes distances, pour peu d'énergie, contrairement aux fréquences hautes utilisées pour le Wi-Fi, limitées à quelques centaines de mètres. Théoriquement, cette technologie peut atteindre une distance de 160 km, avec une déperdition en s'éloignant de l'antenne. Approuvée par le gendarme des télécoms américain (FCC) en 2010, la technologie sera déployée aux Etats-Unis début 2013 dans des universités mal desservies en haut débit. Les réseaux exploiteront là-bas les fréquences TV inutilisées, "l'espace blanc".

En France, l'enthousiasme des opérateurs n'est pas partagé par tous. Jean-Claude Ducasse, président d'Hypercable, reste sceptique sur les promesses de la technologie. Cet entrepreneur français développe depuis 25 ans des réseaux sans fil "régionaux", notamment utilisés par le ministère de l'intérieur et l'armée. "J'ai étudié pour l'armée un réseau haut débit à basse fréquence, donc très pénétrant dans les bâtiments", expérimenté cette année dans le métro, explique-t-il.

"Le 'super Wi-Fi' est une usine à gaz", lance Jean-Claude Ducasse, pointant des limites techniques. "C'est extrêmement compliqué. L'antenne émettrice écoute autour d'elle pour déterminer les zones blanches et, pour ne pas gêner la TNT, elle est équipée d'un récepteur GPS pour vérifier la position de l'internaute et déterminer quelle fréquence utiliser", souligne-t-il. Les collectivités et exploitants qui déploieront un réseau d'antennes "super Wi-Fi" devraient ainsi être à l'affût des modifications du réseau TNT pour ne pas interférer. En outre, il estime la technologie trop consommatrice en énergie.

Pour sa part, l'exploitant propose un mélange entre réseaux filaires et sans fil. Des villes pourraient ainsi être reliées par des antennes très haut débit équipées de sa technologie. Internet serait ensuite diffusé dans la ville à l'aide d'un réseau fibre optique ou de la technologie VDSL2, pour rentabiliser encore un peu plus le réseau téléphonique en cuivre.

L'expérimentation permise par l'Arcep permettra donc de déterminer l'intérêt économique du "super Wi-Fi" et de savoir s'il tiendra ses promesses techniques, contrairement à d'autres technologies radio comme le Wimax. Dans tous les cas, les résultats seront suivis attentivement par les acteurs spécialisés.

 

Guénaël Pépin



11/10/2012
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