Les étudiants du Nord en mal de toit
Avec une trentaine de lits seulement, le foyer de la province Nord, basé au 4e Km, ne suffit pas à répondre aux besoins des étudiants. La province se dit « susceptible » de mettre en place un autre type d’hébergement à Nouméa.
Les conditions de vie pourraient bientôt changer pour les étudiants de la province Nord. Le mois dernier, la collectivité a fait paraître un communiqué, dans lequel elle invitait « ses étudiants non logés à ce jour » à se faire connaître. « Nous avons reçu une quantité d’appels », rapporte Kevin Brahim, employé à l’antenne de la province Nord et chargé de « recenser » ces besoins, faute de statistiques précises (lire cicontre). « Nous voulonsmesurer le problème, afin de proposer une solution adaptée », ajoute Anne Carreau, la directrice adjointe en charge du département formation et insertion des jeunes. La solution envisagée n’est pas encore détaillée à ce jour. La province se dit simplement « susceptible demettre en place un hébergement à Nouméa », sans donner davantage de précisions. Mais le besoin est urgent.
«Ils disent que c’est un foyer pour adultes mais ça ressemble plus à un internat.»
Dortoir. Jacques Trompas, le président de l’Association Jacques-Iekawe, qui gère le foyer de la province Nord, au 4e Km, estime à trois cents le nombre d’étudiants originaires du Nord. Parmi eux, une quinzaine est hébergée sur les campus de Magenta et de Nouville, une cinquantaine au Campus des Iles, sur les hauteurs de la Vallée-du-Génie, et trente-quatre sont logés au foyer de la province Nord, dont la capacité n’est pourtant que de vingtneuf lits.
« Face à la demande, l’association a accepté de prendre des jeunes en dortoir cette année », précise Jacques Trompas. Seul problème : les personnes hébergées en dortoir ne sont pas éligibles à l’aide au logement. Elles se retrouvent avec un loyer de 14 000 francs par mois, quand leurs camarades n’ont à verser que 1 000 francs mensuellement pour une chambre individuelle, double ou triple.
Les conditions matérielles de ce foyer, loué depuis 1991 par la province Nord, à l’association Tuhaa Paê (Iles Australes), sont loin d’être optimales. « Depuis l’an dernier, nous n’avons plus que deux douches sur quatre pour tout le palier des filles », souligne deux étudiantes, tandis que les garçons du bas se plaignent d’une « panne de ventilateurs depuis la rentrée », qui rend l’atmosphère étouffante à l’intérieur du dortoir. Le règlement y est également très strict. Tous les soirs, la fermeture des portes se fait à 20 heures, sous la surveillance d’une directrice. « Ils disent que c’est un foyer pour adultesmais ça ressemble plus à un internat », observe une pensionnaire originaire de la côte Est.
Misérabilisme. Le président de l’Association Jacques- Iekawe relativise les critiques. « Je n’aime pas cemisérabilisme. Nous avons prévu de changer ces ventilateurs et si les étudiants se plaignent, ils peuvent aller ailleurs. Je n’y vois aucun problème. » L’ancien directeur de l’enseignement de la province Nord va même plus loin. « Nos étudiants sont ceux qui ont les meilleurs résultats de la province Nord », soutient-il. La recette de ce succès tient en unmot, selon lui : l’ « encadrement ». « Nous souhaitons que l’Etat crée un CROUS*. Mais il ne faut pas en faire un lieu simplement administratif, où les jeunes sont livrés à eux-mêmes, estime Jacques Trompas. Dans notre foyer, ils savent qu’ils peuvent parler à la directrice le soir, qu’on fête leur anniversaire. Ils sont dans un environnement familial. »
Reste à voir si les quatre cent soixante-dix nouveaux logements libérés après les Jeux, à Nouville, s’inspireront de ces recommandations. Seule certitude, évoquée il y a un an par Elie Poigoune, chargé demission sur le statut de l’étudiant, ce nouveau campus ne suffira pas à absorber l’intégralité des besoins.
Coralie Cochin
(*) Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires.
Le chiffre
8
C’est le pourcentage d’étudiants de la province Nord inscrits à l’université, contre 75 % pour le Sud et 8 % pour les Loyauté. Ce chiffre est sans doute en deçà de la réalité car il tient compte de l’adresse donnée au moment de l’inscription et non de la province d’origine. A l’inverse, les étudiants du Nord occupent 15 % des lits de l’université sur les campus de Magenta et Nouville, contre 24 % pour les étudiants du Sud, 4 % pour ceux des Iles, 8 % pour ceux de Wallis-et-Futuna et 45 % pour les ni- Vanuatu.
Qui doit payer ?
Selon la Direction de l’enseignement, de la formation et de l’insertion de la jeunesse (Defij) de la province Nord, l’hébergement des étudiants est « une compétence juridique de l’Etat ». « A chaque rentrée, les familles sont inquiètes. Nous avons donc décidé de traiter ce problème à leur place », regrette Anne Carreau. Jacques Trompas est également de cet avis. « Il s’agit de l’Université, qui est du domaine de l’Etat. Mais depuis des années, (celui-ci) ne fait rien. Seule la province Nord a fait quelque chose », déplore le président de l’association.
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