Le drapeau enflamme toujours les débats
Le Collectif pour un drapeau commun a réuni 600 à 700 personnes mercredi soir à Nouméa. Mais si certains étaient bien motivés par la recherche d’un drapeau commun, d’autres étaient là pour la défense des seules couleurs françaises.
Si Pierre Frogier voulait réveiller les esprits avec sa proposition
de hisser le drapeau FLNKS au côté de l’emblème tricolore, c’est réussi.
Mercredi soir, ils étaient environ 600 à participer au meeting organisé
par le « Collectif pour un drapeau commun ». Un nombre record pour
cette toute jeune organisation créée il y a seulement quelques semaines
sur Internet. L’affaire du drapeau intéresse et interpelle, c’est clair.
Mais au fil des débats, il est vite apparu que les objectifs des uns et
des autres n’étaient pas forcément ceux des organisateurs. Il est vite
apparu aussi que la jeune organisation, qui se veut apolitique, est
d’ores et déjà encerclée par plusieurs partis qui s’engouffrent dans
l’initiative.
Mercredi, trois formations au moins avaient battu le
rappel de leurs sympathisants. Calédonie ensemble d’abord, dont
plusieurs responsables étaient là. Le Front national ensuite, et le RPC
enfin.
Sans surprise, les orateurs qui se sont succédé à la tribune
ont tous argumenté sur leur volonté de voir se créer, en Calédonie, un
drapeau dans lequel toutes les communautés peuvent se retrouver. Il
s’agit pour eux de construire le destin commun et d’avancer dans la mise
en œuvre de l’accord de Nouméa. Tous ont fustigé Pierre Frogier pour
avoir « commis un déni de démocratie » en décidant seul, sans
une large consultation préalable des citoyens. À la tribune, c’est une
jeune génération progressiste qui a fait entendre sa voix.
"Nous ne sommes plus en démocratie, nous sommes en décadence."
Mais quand le micro s’est mis à circuler dans la salle, quand les
participants (en majorité des Européens d’âge mûr) ont pris la parole,
la tonalité a changé. « Nous ne sommes plus en démocratie, nous sommes en décadence », a lancé une dame distinguée. « Je ne vois qu’un drapeau capable d’incarner nos couleurs : celui de la France, qui fait notre fierté ! » a-t-elle poursuivi sous un tonnerre d’applaudissements. « Nous
n’avons pas voulu de l’accord de Nouméa, et nous avons toujours défendu
le drapeau bleu blanc rouge, pour que la Calédonie reste française.
Aujourd’hui, c’est la République qui est honteusement bafouée par le
Premier ministre et par le député Pierre Frogier », a poursuivi Bianca Hénin, responsable du FN.
On
a frôlé l’incident quand Tino Manuohalalo, ex-FLNKS, devenu proche de
Pierre Frogier, a pris la parole. Il a affirmé vouloir lui aussi un
drapeau commun, mais a fait valoir que la proposition Frogier lui
semblait une bonne transition. Il a alors croulé sous les huées et même
quelques insultes. Certains se sont levés et ont quitté la salle en
proférant des noms d’oiseau. Loin des micros, il s’est même échangé
quelques réflexions racistes dans certains petits groupes.
Bref, le
collectif a fait un tabac. Mais tous, loin de là, n’étaient pas venus
dans le seul souci de préparer un drapeau et un destin communs. Le
comité d’organisation va devoir prendre garde car les menaces de hold-up
politique sont nombreuses.
Ph.F.
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