Les îles Loyauté veulent stopper l’exode
Comme dans le Sud, comme dans le Nord et comme la Nouvelle-Calédonie
au Congrès, la province des Îles s’est livrée à l’exercice du débat
d’orientation budgétaire. Et pas seulement dans la perspective de
l’année 2011. À Wé, la priorité n’est plus de redresser les finances.
C’est chose faite depuis l’accès à la présidence de Neko Hnepeune en
2004. Il s’agit de raisonner sur une durée de cinq ans, celle des
nouveaux contrats de développement. Et de mettre en avant une priorité
que l’on retrouvera peu ou prou dans toutes les décisions à venir :
faire en sorte de stopper l’exode des populations vers le Sud, et
désormais vers le Nord devenu attractif avec sa future usine.
Le
débat a d’abord consisté en une analyse détaillée des capacités
d’autofinancement, lesquelles sont réduites sur le papier par les sommes
absorbées par le fonds de développement des collectivités. Sur le
papier, car ce fonds viendra sans doute abonder certains projets.
Le
premier axe de la politique budgétaire aux Îles dans les prochaines
années sera d’inciter à la création de richesses et d’activités
économiques pour maintenir les populations sur place. Créer des
richesses, c’est aussi préserver celles existantes. L’eau douce à Lifou
(menacée notamment par les engrais) ou le sable à Ouvéa, trop fortement
ponctionné ces dernières années pour la construction.
Créer des richesses, c’est aussi préserver celles existantes.
Deuxième axe à retenir, le maintien d’une politique volontariste
d’habitat social et d’amélioration de l’habitat en tribu, secteur qui
soutient fortement l’artisanat local.
En matière d’enseignement, il y
a bien sûr une volonté générale de rehausser le niveau, tant dans le
primaire que dans le secondaire. Mais la province souhaite aussi affiner
sa politique de bourse aux étudiants. Il s’agit même d’instituer une
sorte de traçabilité des Îliens qui mènent des études supérieures. Avec
le souci de mettre en adéquation les aides et les besoins des Îles.
Certaines filières (agronomie, aquaculture) seront sans doute plus
aidées que d’autres, dont le « retour sur investissement » au bénéfice
des Loyauté est plus aléatoire. Pas question pour autant de pousser la
logique jusqu’à ne financer que les formations directement valorisables
aux Îles. Un étudiant désireux et capable de devenir ingénieur des mines
ne sera pas laissé de côté. Même s’il a de grandes chances d’aller
ensuite travailler sur la Grande Terre.
Enfin, ici plus qu’ailleurs,
on se préoccupe d’énergies renouvelables et d’encourager les projets
capables de réduire la dépendance au pétrole. Car la production
électrique au fioul coûte cher. C’est le problème des petites centrales.
Quant au tourisme, il fait partie d’une préoccupation prudente des
élus. Le développer, oui. Mais de là à s’orienter vers un très haut de
gamme, qui créerait des sortes de « ghettos dorés » en terres
coutumières, ils préfèrent y regarder à deux fois.
Ph. F.
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