Après Blog Service

Après Blog Service

Nutella :-(

Huile de palme : l'amendement Nutella, c'est pas que pour les enfants

Libération.fr, 8 novembre 2012 à 18:25. Par MARIE PIQUEMAL
La commission des Affaires sociales du Sénat a adopté mercredi un «amendement Nutella» au projet de budget de la Sécu.
La commission des Affaires sociales du Sénat a adopté mercredi un «amendement Nutella» au projet de budget de la Sécu. (Photo Johanna Leguerre. AFP)

On l’appelle «l’amendement Nutella». Adopté mercredi en commission des affaires sociales au Sénat sur proposition du sénateur socialiste Yves Daudigny, ce texte vise à augmenter de 300% la taxe sur l’huile de palme, huile que l’on retrouve un peu partout au supermarché et notamment dans les pots de Nutella. Pourquoi cette taxe ? Quel est son objectif et ses limites ? L’huile de palme est-elle dangereuse pour la santé ? Eléments de réponse.

Où trouve-t-on de l'huile de palme ?

L’huile de palme est l’huile la plus produite au monde. On en trouve partout. Un tiers de nos produits de consommation courante en contiennent, selon un rapport de l'ONG écologiste WWF. Dans les aliments, comme les barres chocolatées, le Nutella donc, mais aussi les chips, la margarine... La France consomme 126 000 tonnes d’huile de palme à usage alimentaire chaque année, ce qui revient à 2 kg par Français par an ! On en trouve aussi dans les savons, shampoings, cosmétiques et les agro-carburants.

Que lui reproche-t-on ?

Beaucoup de choses. D’une part, et c’est la raison de cet amendement, l’huile de palme serait mauvaise pour la santé. Cette huile contient 50% d’acides gras saturés, responsables entre autres du cholestérol. «Cela dit, tempère Jean-Michel Lecerf, chef du Service Nutrition à l’Institut Pasteur de Lille, le beurre en contient 65%. On ne peut pas dire que l’huile de palme soit dangereuse en tant que telle pour la santé mais comme tout aliment il ne faut pas en abuser.»

Autre problème, à une autre échelle. Environnementale cette fois. La culture du palmier à huile étant très rentable, les surfaces de plantation ne cessent d’augmenter. Selon WWF, elles ont doublé en Malaisie et quintuplé en Indonésie en vingt ans... Souvent en lieu et place des forêts. L’Indonésie est particulièrement touchée par la déforestation avec 1,8 millions d’hectares de forêt vierge déboisés chaque année. Et 85% des forêts de Sumatra, une ile de l’Indonésie, ont été déboisées à cause du commerce de bois et de la conversion en plantation de palmier à huile notamment.

Peut-on se passer de l’huile de palme ?

«Non, pas totalement», répond catégoriquement le docteur Lecerf. Il existe pourtant d’autres huiles (de colza, de soja ou de tournesol) qui peuvent être utilisées à la place. Mais toutes n’ont pas les mêmes qualités nutritionnelles. Selon Lecerf, «l’huile de palme est plus résistante au chauffage et l’oxydation que l’huile de colza par exemple.» Utilisée comme graisse, l’huile de palmiste (issue de la graine du palmier à huile) pourrait très bien être remplacée par le beurre. Une solution plus onéreuse pour les industriels.

«Utiliser l’huile de palme est trop souvent la solution de facilité, estime Yves Daudigny, le sénateur PS à l’origine de l’amendement. Sans complètement s’en passer, on pourrait du moins en réduire singulièrement la consommation.» D'où son amendement, qui vise d’abord les industriels.

Que prévoit le texte ?

Les huiles sont déja toutes taxées en France aujourd'hui, selon un barème complexe. L'amendement vise à augmenter de 300% la taxe sur l’huile de palme. «Aujourd’hui, l’huile d’olive se retrouve deux fois plus taxée que l’huile de palme. L’idée serait de proposer une taxe additionnelle pour passer d’une taxe de 100 à 400 euros par tonne d’huile de palme, détaille Yves Daudigny. Qui tient à préciser : «L’idée n’est pas de générer de nouvelles recettes pour combler le trou de la sécu ou limiter les achats des consommateurs. Ce n’est pas un amendement de type anti-tabac. Et je ne veux pas non plus être vu comme le monsieur anti-Nutella.»

Du côté de WWF, grosse déception : «Il manque clairement à cette proposition la dimension environnementale de le production de l’huile de palme. Pourquoi ne pas proposer une taxe différenciée variable en fonction des garanties environnementales données par les producteurs ?, interroge Boris Patentreger, chargé du programme du programme conversion forestière et papier au WWF. Cela permettrait d’encourager une production responsable, plus respectueuse de l’environnement. Une taxe graduée est à l'étude pour le papier, on pourrait très bien imaginer le même modèle pour l’huile de palme.» L'amendement sera examiné en séance au Sénat en début de semaine prochaine.



09/11/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 209 autres membres