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Présidentielle : les campus prennent la parole

Les Echos.fr, 27/03 | 07:00 | mis à jour à 12:48 | Jean-Claude Lewandowski

Universités et grandes écoles multiplient les propositions en vue de l'élection. Une démarche inédite pour cet univers.

Les ingénieurs ont parlé les premiers. Dès novembre, leur groupement professionnel, les ISF (ingénieurs et scientifiques de France), publiait un Livre blanc, assorti de 40 propositions en vue de l'élection présidentielle.

Depuis, les principaux organismes de l'enseignement supérieur - Conférences des présidents d'université (CPU), des grandes écoles (CGE), des directeurs d'école d'ingénieurs (CDEFI) -ont rendu publiques eux aussi leurs recommandations - nombreuses, parfois détonnantes -à l'intention des candidats à la présidence de la République. D'autres acteurs, la Fédération de la formation professionnelle (FFP) se sont également manifestés. Idem pour le Bureau national des élèves ingénieurs (BNEI). Grenoble EM, de son côté, a planché avec des responsables d'entreprises (Accor, Bouygues Telecom, SEB, IBM...) pour élaborer une série de « solutions réalistes » visant à « relever les défis de la mondialisation et de l'excellence en 2030 ».

Cette cascade de prises de position est une première dans l'Hexagone. Jamais l'enseignement supérieur n'était autant intervenu dans le débat électoral. Il est vrai que jamais, non plus, il n'avait été perçu à ce point comme un facteur clef de la compétitivité. De plus en plus d'observateurs et de décideurs considèrent en effet que la « sortie de crise » passera forcément par un effort accru en matière d'innovation et de recherche. Et que, à l'heure de la « société de la connaissance », tout se jouera sur la capacité du pays à lancer des idées neuves, à concevoir des produits et services innovants. Les réformes déjà engagées - loi LRU, plan campus, initiatives d'excellence... -s'inscrivent d'ailleurs dans la même logique.

Propositions tous azimuts

Mais les propositions des acteurs du secteur débordent largement des campus. Soulignant que le niveau moyen des jeunes en lecture, écriture et calcul diminue, la Conférence des grandes écoles souhaite ainsi situer ses recommandations « dans un continuum qui inclut aussi l'école primaire et l'enseignement secondaire ». Egalité des chances, budget de l'Etat, politique industrielle, rayonnement international, lutte contre le « déclinisme », fiscalité même : autant de sujets sur lesquels les responsables d'université et de grandes écoles s'expriment haut et fort. Bref, derrière l'éducation supérieure s'esquisse une réflexion sur la société dans son ensemble.

Pas question, pour autant, de se substituer aux politiques : « Il nous appartient simplement d'éclairer les termes du débat, sur des sujets qui nous touchent de près », précise Julien Roitman, le président des ISF. Lequel invite pourtant à « refuser le défaitisme » et appelle le pays à « prendre son destin en main ». Inédit, de la part d'une profession d'ordinaire plutôt réservée.

Reste que la campagne électorale, c'est le moins qu'on puisse dire, ne tourne pas vraiment autour des questions liées à l'enseignement supérieur. Ce sont d'autres thèmes qui ont, jusqu'à présent, mobilisé l'attention dans les meetings et sur les plateaux TV... Il n'empêche : universités et grandes écoles entendent montrer l'exemple d'une démarche citoyenne et responsable. On l'a compris, elles s'inscrivent plutôt dans le moyen terme. Histoire de prendre date.

JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI, Les Echos


27/03/2012
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