Un bac local dès 2010 ?
Le bac
fera-t-il l’objet d’une correction locale totale fin 2010 ? Vieille
question, souvent passionnelle, qui refait surface après une réunion de
concertation en avril, qui doit être suivie d’une nouvelle rencontre entre
partenaires fin juin-début juillet.
Henri Lepot – Les Nouvelles Calédoniennes – 10 juin 2009
Le Brevet national des collèges est corrigé localement. Les BTS sont corrigés localement. Les bacs pro sont corrigés localement. Les oraux du bac, par nature, sont corrigés localement. Les épreuves de japonais sont corrigées localement. Et depuis l’an dernier, les écrits d’histoire-géographie sont corrigés localement. Et en Polynésie, depuis fort longtemps, tout le bac est corrigé à Papeete.
Mais ici, il y a toujours des résistances, autour des épreuves écrites des seuls bacs généraux et technologiques, qui sont envoyées pour correction à l’académie de Nancy-Metz pour les premières, et de Dijon pour les secondes, avec changement d’académie tous les deux ans. Bref, notre correction du bac est pour l’instant un peu bourguignonne, un peu lorraine, et déjà notablement calédonienne.
Faut-il aller plus loin ? La question est récurrente, et ressurgit régulièrement avec des bonheurs divers au gré des passages successifs des vice-recteurs. Certains, comme Michel Herland, ont réussi à faire descendre les parents dans la rue. D’autres, comme Michel Barat, ont montré plus de psychologie et de force persuasive. Et au fil des ans, les arguments restent sensiblement les mêmes.
Les « pour » font valoir que la correction locale, en court-circuitant les délais d’acheminement des copies vers la Métropole, permettrait de retarder la date des examens, et donc de faire gagner aux élèves de terminale quinze jours de scolarité. Les centres d’examen étant réquisitionnés plus tard, les classes de seconde et de première bénéficieraient également de l’avantage.
Les « contre » invoquent invariablement l’argument « bac cocotier », en estimant qu’une correction locale dévaloriserait le diplôme et pénaliserait les élèves calédoniens voulant poursuivre leurs études en Métropole. C’est un peu faire injure aux enseignants que de les croire inaptes à la correction au motif qu’ils enseignent en terre tropicale, sous ces fameux cocotiers… D’autant que les enseignants calédoniens sont tout aussi « certifiés » que leurs collèges métropolitains, et que ceux-ci ont corrigé le bac avant leur passage en Calédonie et le corrigeront après…
La correction locale du bac, si elle devait se faire, pourrait l’être sous le contrôle d’un jury présidé par deux universitaires parisiens
Et entre les tenants de ces deux options, il y a ceux qui pensent que la correction locale est possible, sous réserve de l’entourer d’un certain nombre de garanties. Et c’est de cela qu’il a été question en avril, lors d’une réunion organisée par le vice-recteur, en présence des syndicats d’enseignants et des trois associations de parents d’élèves, pour tirer le bilan de la correction locale des épreuves écrites d’histoire-géographie. C’est à cette occasion qu’Ives Melet a annoncé que la correction locale du bac, si elle devait se faire, pourrait l’être sous le contrôle d’un jury présidé par deux universitaires parisiens qui viendraient spécialement, et que le diplôme des bacheliers calédoniens serait estampillé « académie de Paris », dans le cadre d’un partenariat de longue durée.
Restait, en avril, à travailler sur deux points : vérifier que la Calédonie dispose d’un nombre suffisant d’enseignants correcteurs, et également qu’il est possible de garantir l’anonymat des corrections dans toutes les disciplines technologiques. Ce travail est en cours, et doit être présenté aux enseignants et aux parents lors d’une nouvelle réunion programmée pour fin juin ou début juillet.
« Concertation il y a, et concertation il y aura », notait hier le vice-recteur en assurant par ailleurs que le dossier de la correction locale du bac est totalement indépendant de la question du transfert de l’enseignement secondaire. Pour Ives Melet, « la décision n’est pas prise, mais le dossier est bien avancé ». Le calendrier qu’il propose cible une décision avant la fin 2009, pour consacrer toute l’année 2010 à la mise en place d’un « dispositif de qualité sans faille ». D’ici la prochaine réunion, Ives Melet se dit prêt à rencontrer les représentants des enseignants et des parents d’élèves dont il a ravivé les questionnements.
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