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Une région en construction

Le Forum d’Asie-Pacifique s’est ouvert le 30 octobre à Hanoï, en présence des dirigeants de 16 pays de la région. L’atmosphère était dominée par les querelles territoriales entre la Chine et plusieurs de ses voisins, dont l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) est une organisation en construction qui veut s’affirmer sur la scène internationale.

 

  • Les USA volent la vedette

Les dirigeants asiatiques ont invité formellement les Etats-Unis et la Russie à rejoindre leur sommet régional à partir de 2011.
Les dix pays de l’Asie du Sud-Est  se retrouvent depuis le 30 octobre pour une semaine. Les grandes puissances régionales (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde, Australie, Nouvelle-Zélande) se rencontrent à ce 17e sommet d’Asie de l’Est, un rendez-vous qui prend de l’ampleur, en proportion des ambitions de Pékin.
La Chine a été « très mal à l’aise » face à la présence des Etats-Unis, estime John Lee, un expert basé en Australie. « C’est un coup dur pour la stratégie diplomatique de la Chine en Asie, dont l’objectif est de pousser progressivement les Etats-Unis hors de la zone ».
L’intronisation des Américains « fait partie de la stratégie des pays de l’Asean […] afin d’équilibrer l’influence grandissante des Chinois », confirme Li Mingjian, de la School of International Studies, à Singapour. D’autant que l’Australie voit d’un mauvais œil l’arrivée galopante de la Chine sur son territoire océanien. Une Chine qui, par le biais de Fidji, risque fort d’empiéter sur les domaines touristique et agricole, les points forts de l’Australie en Océanie.

  • Batailles navales

Pékin suscite aussi de vives inquiétudes avec ses revendications territoriales en mers de Chine méridionale et orientale, et au vu de sa gestion intransigeante de la querelle avec
Tokyo, après l’arraisonnement, en septembre, d’un chalutier chinois par les garde-côtes japonais dans des eaux disputées, le Japon et la Chine se sont enfoncés dans la crise à Hanoï, où l’hypothèse d’une entente cordiale fertile entre les Premiers ministres des deux puissances rivales s’est rapidement évanouie, Pékin accusant Tokyo d’avoir délibérément menti et « ruiné » l’atmosphère bilatérale.
Autre sujet de discorde, la pêche à la baleine. Cette fois, c’est la Nouvelle-zélande et le Japon qui s’opposent. Jamais affrontement entre baleiniers japonais et opposants à la chasse n'avait été aussi violent que le 6 janvier dernier, alors qu'un navire de la flotte nippone a éperonné une embarcation utilisée par les militants de la Sea Shepherd pour perturber la poursuite des cétacés, provoquant son naufrage.
Le Japon prétend depuis des années qu'il procède à une chasse à des fins de « recherche scientifique ». Il prévoit de tuer cette année 935 petits rorquals, 50 rorquals communs et 50 baleines à bosse.
Ce programme coûte cher à Tokyo et la demande pour la viande de baleine, autrefois populaire dans l'archipel nippon, est aujourd'hui très faible. Si bien que le pays en a déjà des milliers de tonnes en réserve. Qui plus est, plusieurs pays, dont l'Australie et la Nouvelle-Zélande, dénoncent cette chasse année après année. A Hanoï, le Japon a une fois de plus écarté le sujet de la table des négociations.

  • L’allié australien

L’option asiatique de l’Australie est alternativement perçue comme le résultat d’une forte dépendance économique et stratégique vis-à-vis du continent voisin ou comme le fruit de l’adaptation du pays aux changements mondiaux.
Canberra est d’ailleurs passé en quelques décennies d’un horizon économique à un autre, du Royaume-Uni à la région est-asiatique.
En intégrant l’Asean, l’Australie tente de s’amarrer à ce projet en devenir, comme un contrepoids au géant chinois. Ainsi, le 14e sommet avait déjà débouché sur la création d'une zone de libre-échange avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Un projet qui faisait l'objet de négociations depuis près de quatre ans. L'accord couvre le commerce des biens et des services, l'investissement, les services financiers, les télécommunications, le commerce électronique, la propriété intellectuelle, la politique de la concurrence et la coopération économique.
L'Australie est le sixième partenaire commercial de l'Asean et la Nouvelle-Zélande le neuvième. Tous les pays de l'Asean réunis, qui comptent plus d'un demi-milliard d'habitants, représentent le premier marché à l'exportation pour l'Australie.
A Hanoï, les Etats membres se sont réjouis de la croissance vigoureuse des échanges commerciaux bilatéraux de marchandises et de services
(76 milliards de dollars en 2009).
L'Asean a hautement apprécié le soutien et l'aide active de l'Australie dans les efforts de construction de la communauté, de liaisons régionales et de réduction des écarts de développement, souhaitant que ce pays continue de veiller au renforcement de la coopération dans le développement.

  • Fermer les yeux sur la répression

Arrestations en série et condamnations de dissidents... La tenue à Hanoï du sommet de l’Asean n’a pas freiné les ardeurs répressives des pouvoirs vietnamien et indonésien. Mardi, au Vietnam, trois syndicalistes ont écopé de peines de sept à neuf ans d’emprisonnement. Le lendemain, prison ferme ou avec sursis pour six catholiques accusés de « troubles à l’ordre public ». Alors qu’au Vietnam, le régime étouffe les contestations, en Indonésie, les Papous souffrent d’exactions et sont victimes de tortures.
Les hôtes de l’Asean ne semblent pas dérangés par cette vague répressive. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, interrogé vendredi à Hanoï sur la question des droits de l’homme dans la région, a esquivé la situation vietnamienne.
Les membres de l’Asean ont préféré réprimander la Birmanie du bout des lèvres. Seuls les Etats-Unis ont réclamé la libération des six catholiques et l’arrêt des « massacres » en Indonésie.

 

Depuis 1967

L’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d'Asie du Sud-Est. Elle a été fondée en 1967 à Bangkok (Thaïlande) par cinq pays dans le contexte de la guerre froide pour faire barrage aux mouvements communistes, développer la croissance et le développement et assurer la stabilité dans la région. Aujourd'hui, l'association qui rassemble 16 pays (10 pays fixes (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam) et 6partenaires que sont la Chine, le Japon, l’Inde, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, a pour but de renforcer la coopération et l'assistance mutuelle entre ses membres, d'offrir un espace pour régler les problèmes régionaux et peser en commun dans les négociations internationales. Un sommet est organisé chaque année au mois de novembre. Son secrétariat général est installé à Jakarta (Indonésie).
En 2005, les pays de cette organisation représentaient 558 millions d'habitants (environ 10 % de la population mondiale), 862 milliards de dollars de PIB et 26 milliards de dollars d'investissements étrangers.

 

 

 

Repères

L’ONU, un collègue
Les relations entre l’ONU et l’Asean ont un rôle important dans le renforcement de la position de l’Asean au sein de la région et du monde, a estimé lundi le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Dans son rapport intitulé Efforts communs : Asean et ONU, Ban Ki-moon a cité les résultats obtenus durant ces quatre dernières décennies de coopération entre parties, tout en insistant sur les mesures propres à un approfondissement de cette coopération. L’ONU a fixé trois volets pour ce renforcement à commencer par ceux en matière d’intégration régionale et d’achèvement des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Hillary Clinton au cœur du Pacifique

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a volé la vedette au sommet d’Hanoï, en réaffirmant que les conflits territoriaux maritimes devaient être soumis à la loi internationale. La patronne de la diplomatie américaine s'est de nouveau rangée aux côtés de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) pour un règlement multilatéral des questions de souveraineté. Mme Clinton s'est mêlée à tous les débats, pourtant avertie par Pékin, qui lui a demandé d'être « prudente » lorsqu'elle évoquait les problèmes de souveraineté et de libre-échange. Hillary Clinton a même suggéré à l'avenir une réunion tripartite USA-Japon-Chine pour aider les deux puissances à revenir à des relations normales.



08/11/2010
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