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Une rentrée citoyenne

Publié le mardi 14 février 2012 à 03H00, les Nouvelles Calédoniennes.

 

Fraîchement compétent en matière d’enseignement secondaire, le gouvernement veut, dès jeudi, date de la rentrée, combattre l’échec scolaire. Les parents seront davantage impliqués. Les élèves devront faire leurs devoirs et connaître leurs leçons de vie.

Enseignements primaire et secondaire confondus, plus de 70 000 élèves feront leur rentrée jeudi.

 

«Je souhaite que ce moment dédié aux enfants se déroule sans perturbation ». Des perturbations, Jean-Claude Briault n’en veut ni jeudi, et encore moins durant l’année scolaire à venir. Voilà pourquoi le membre du gouvernement, en charge de l’enseignement, a choisi de placer cette rentrée 2012 sous le signe de l’instruction, certes, mais surtout de l’éducation au sens large. Pas question pour le gouvernement de voir augmenter l’échec scolaire. Désormais compétent en matière d’enseignement secondaire (lire notre édition du 3 février), le gouvernement qui hérite du contrôle des politiques éducatives des collèges et lycées, ou encore de l’orientation des élèves, veut que cette rentrée soit celle de la concertation. « Ça sera une des pierres angulaires de notre projet éducatif, souligne Jean-Claude Briault. Un projet qui inclut le combat contre l’échec scolaire. Et cette réussite induit que nos élèves soient instruits et soient également de bons citoyens respectueux des règles démocratiques et du civisme. »
Et comme l’éducation ne commence pas qu’une fois le portail du lycée ou du collège franchi, le nouveau « ministre » de l’enseignement insiste pour travailler à davantage impliquer les parents.

Dialogue. Il a rencontré les trois associations de parents d’élèves (Fapep, FCPE et UGPE) la semaine dernière. Les grandes lignes du projet 2012 leur ont été présentées « pour qu’ensemble nous prenions en main nos enfants ». Ce premier dialogue devrait d’ailleurs déboucher sur un débat sur les droits et les devoirs de l’autorité parentale.
Le gouvernement et le vice-rectorat devraient également nommer un médiateur faisant le lien entre les élèves, les parents et les différents acteurs de monde de l’enseignement.
Nouveauté cette année, l’accent sera mis sur le renforcement des liens entre les classes de sixième et celles de CM2. « Parce que depuis trop longtemps les écarts de compétences sont pénalisants et prédominants dans l’échec scolaire », explique Jean-Claude Briault.

Soutien. Devrait également voir le jour, au cours du premier trimestre, une expérience pilote de soutien scolaire continu de la classe de seconde jusqu’à la terminale scientifique. Créée à la demande de parents d’élèves, cette expérience, au-delà du tutorat et de l’accompagnement personnalisé déjà existants, « doit systématiser le soutien aux élèves », insiste « le ministre  » avant d’ajouter : « Des efforts avaient déjà été réalisés mais si les parents sont encore en demande c’est que nous devons encore travailler. » L’établissement qui conduira l’expérience n’est pas encore connu mais le gouvernement attend de l’équipe qui la mettra en place, « du volontariat et surtout de la passion sans quoi l’expérience ne pourrait être un succès ».

Respect. Et pour joindre les actes à la parole afin de faire de nos collégiens et lycéens de parfaits citoyens, le « ministre » prévient que des visites seront réalisées au sein des établissements pour prévenir les comportements à risques (1). Des visites-choc venant corroborer une année 2012 placée sous le signe du « respect de soi-même et d’autrui ».
Ces mesures viennent ainsi compléter le projet éducatif désormais dévolu à la Nouvelle-Calédonie. Quid, donc, du grand et coûteux débat réalisé par l’équipe Gomès en 2009 devant définir la feuille de route du gouvernement en matière d’enseignement ? « Nous tablons sur la mise en place d’un projet fin 2012, répond Jean-Claude Briault. Les travaux de l’équipe précédente ne seront certes pas un appui mais pourraient, s’ils sont utiles, concourir à notre réussite. »

(1) Addiction, santé sexuelle, mentale et sécurité routière, selon le rapport de l’Inserm 2006 sur les comportements à risques des jeunes.


Les langues kanak ont leur service

Si début janvier, le « socle de connaissances et de compétences » qui doit servir dès cette rentrée de référence de l’école primaire à la troisième avait été voté à l’unanimité, les langues kanak avaient créé le débat. Ces langues ne faisaient dès lors pas partie du « pilier 1 » du socle commun et ne devaient pas être obligatoires, contrairement à ce que désiraient les indépendantistes. Les loyalistes ont préféré garder facultatif cet enseignement. Gouvernement et vice-rectorat ont néanmoins créé un Service de l’enseignement des langues et culture kanak (SLCK). Sa mission ? « Impulser une dynamique qui soit conforme au programme du socle commun », répond Jean-Claude Briault. Autrement dit, ce service doit chapeauter les actions des trois provinces qui ont chacune compétence en matière d’enseignement des langues kanak. Il contrôlera la formation des enseignants et le contenu des programmes. Six personnes devraient constituer ce service qui doit être opérationnel d’ici le mois d’avril. Le service sera en concertation avec l’Université de Nouvelle-Calédonie qui délivre un diplôme universitaire (DU) des langues kanak mais aussi avec la Direction diocésaine de l’enseignement catholique (DDEC) qui a ouvert son DU en septembre dernier.

La rentrée en chiffres

69 250
C’est le nombre d’élèves qui feront leur rentrée jeudi. Il s’agit de 35 600 primaires (8 800 privé, 26 800 public) et de 33 650 élèves du secondaire (10 100 privé, 23 550 public). La province Sud compte 18 620 enfants inscrits en collèges et lycées publics pour 3 510 en province Nord et 1 420 aux Loyauté. 1 040 élèves entrent en classes supérieures post-bac (BTS, etc).

342
C’est le nombre d’établissements qui ouvrent leurs portes jeudi : 279 écoles (194 publiques), 54 collèges (31 publics), 9 lycées (6 publics) et 11 lycées professionnels (8 privés). 7 200 élèves feront également leur rentrée dans des établissements privés du primaire.

500
Selon le vice-recteur Patrick Dion, la province Nord a « perdu » près de 500 enfants scolarisés cette année. « Soit presque la population d’un collège ». La population scolaire est en effet en baisse dans le Nord et aux Loyauté sans que l’on sache si cette baisse s’explique par une décrue de la natalité ou par le décrochage scolaire. Dans le Nord, deux Segpa ont été fermées pour cette rentrée 2012, les structures étant descendues sous le seuil de dix élèves.

10
Alors qu’en Métropole, l’heure est aux suppressions, en Calédonie dix postes ont été créés dans le secondaire public. 100 Hier, quatre jours avant la rentrée, 100 élèves étaient encore en attente d’affectation pour plus de 200 places encore disponibles. Le gouvernement s’est donné jusqu’au 8 mars pour réunir la dernière commission d’ajustement et leur proposer une solution.

729
C’est le nombre de professeurs qui feront cette année leur rentrée dans l’enseignement privé. La DDEC est d’ailleurs toujours à la recherche de professeurs d’EPS, sachant que le Master EPS créé cette année à l’IUFM « a aspiré ses habituels postulants », lance André-Jean Léopold, directeur de la DDEC. Sur les 82 postes, seuls 70 sont pourvus sachant déjà que 25 profs de sports travailleront cette année pour la première fois dans le privé.

10
Le gouvernement a demandé au vice-rectorat de conduire une étude sur les besoins en personnels d’enseignement sur les dix années à venir afin d’indiquer aux Calédoniens qui se destinent aux métiers de l’enseignement les disponibilités des filières. Cette étude devrait être accompagnée d’un audit sur les états des établissements afin « que le gouvernement propose au Congrès un programme de grands travaux ».


14/02/2012
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