Après Blog Service

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L’Europe met les pieds dans le blog

Rendre la blogosphère plus « transparente », créer « une marque de qualité » et « révéler qui écrit réellement et pourquoi ». Le 3 juin dernier, la commission Culture du Parlement européen adoptait un projet de rapport « sur la concentration et le pluralisme dans les médias dans l’Union européenne » qui, entre autres, suggère de « clarifier le statut des blogs » et « encourage leur labellisation en fonction des responsabilités professionnelles et financières et des intérêts de leurs auteurs et éditeur ». Soutenue par l’euro-députée Marianne Mikko (PSE), le rapport a été présenté lundi 22 septembre en séance plénière du Parlement européen, et doit être soumis au vote demain.

Remis le 7 mars 2008, le projet (pdf) pose la question de légiférer sur les blogs et leurs auteurs. Il constate que « le développement et l’acceptation de nouvelles technologies ont conduit à l’apparition de nouveaux canaux médiatiques et de nouveaux types de contenus ». Dans ce contexte, le rapport « souligne que le statut indéterminé et non signalé des auteurs et diffuseurs de blogs entraîne des incertitudes en matière d’impartialité, de fiabilité, de protection des sources, d’application des codes d’éthique et de détermination des responsabilités en cas de poursuites en justice. Il recommande que soit clarifié le statut juridique de différentes catégories d’auteurs et de diffuseurs de blogs ainsi que la divulgation des intérêts et la labellisation volontaire des blogs. »

En juin dernier, le rapport a été adopté en commission par 33 voix contre 1, plus 1 abstention. Un communiqué du 3 juin, explique « que la commission de la culture estime aussi que de nouvelles mesures juridiques sont nécessaires pour protéger la vie privée des citoyens et des personnalités publiques lorsqu’elle est violée par l’utilisation croissante de vidéos et de photos personnelles des utilisateurs » et parle également d’établir un droit de réponse. En quelques phrases, le rapport soulève un ensemble de points variés, sans réelles connections entre eux, tels que la fiabilité des informations, le statut des auteurs, la protection de la vie privée, le droit de réponse ou le respect de codes éthiques.

Rapidement, son rapporteur, l’euro-députée Marianne Mikko (PSE), est devenue la « nouvelle bête noire » des blogueurs européens. L’un (Jon Worth, blogueur anglais basé à Bruxelles) remet en cause les connaissances de la député, un autre se demande en quoi les blogs sont une question paneuropéenne, une autre doute de la pertinence d’un cadre unique.La bloggeuse Geneviève Koubi s’interroge : « Quel rapport y a-t-il entre le lycéen qui s’épanche sur lui-même, l’étudiant qui s’évertue à rassembler de la documentation et à les partager sur une matière donnée, la famille qui donne de ses nouvelles aux amis éloignés, l’inconnu sous pseudonyme qui livre son journal intime, l’artiste qui expose ses œuvres sur la Toile, le journaliste qui agrémente les informations qu’il détient de l’expression de ses propres opinions, le photographe non professionnel qui dévoile ses derniers clichés, le juriste en herbe qui s’essaie à proposer de nouvelles analyses, etc. ? Est-il dès lors possible d’envisager une règlementation qui les alignerait sur un seul et même modèle ? »

Devant les « très nombreuses réactions » reçues, le Service Presse du Parlement Européen précisait alors que « le rapport de Mme Mikko est un rapport d’initiative. Les rapports d’initiative n’expriment pas l’opinion du Parlement européen qu’à partir du moment où ils sont adoptés formellement en séance plénière — ce qui n’est pas encore le cas de celui-ci. Même adoptés, ces rapports ne constituent pas une loi européenne, seulement une prise de position sur un sujet ».

L’eurodéputée a dû faire face au lever de boucliers d’un autre type. Concernant « la concentration de la propriété des médias », Marianne Mikko dénonce le fait que cette dernière ait « atteint des niveaux où le pluralisme des médias n’est plus garanti par le libre jeu des forces du marché ». Une déclaration qui n’est pas du goût, ni de Lagardère, ni des proches de Silvio Berlusconi, rapporte La Croix. « Les médias et leur régulation restent l’affaire des États membres », indique-t-on au groupe PPE-DE.

par Astrid Girardeau

Ecrans.fr / Libération.fr



04/10/2008
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